Société
Les Nations unies et la communauté internationale ne laisseront pas impuni l'assassinat dans le Kasaï de deux experts onusiens, un sujet américain et une Suédoise. Kinshasa cherche par tous les moyens à se dédouaner de ce meurtre. Lundi dernier, il s'est ouvert à Kananga, chef-lieu de la province du Kasaï central, un procès mettant en cause des présumés assassins de ces deux experts onusiens. Mais, à New York, siège des Nations unies, et à Washington, capitale fédérale des États-Unis, on exige une « enquête spéciale » pour faire toute la lumière sur cette affaire.
Kinshasa est sous le coup d'un ultimatum lancé au plus haut niveau. Les deux assassins présumés, Evariste Ilunga (âgé de 16 ans) et Mbayi Kabasele (vendeur d'huile de palme, âgé de 30 ans), ont comparu pour les meurtres de l'Américain Michael Sharp et de la Suédo-chilienne Zaida Catalan.
Kinshasa a du mal à se sortir de l'affaire assassinat dans le Kasaï de deux experts des Nations unies qui étaient chargés de mener des enquêtes sur les atrocités qui continuent à endeuiller le Grand Kasaï. A plusieurs reprises, Kinshasa a cherché à se dédouaner en incriminant, notamment les miliciens du grand chef Kamwena Nsapu. Une fois, le porte-parole du gouvernement a présenté à la presse une vidéo retraçant la scène de l'assassinat de deux experts onusiens. Ce n'est pas pour autant que la communauté internationale a classé ce dossier.
Au siège des Nations unies, à New York, le secrétaire général de l'ONU, le Portugais Antonio Guterres, envisage l'envoi en RDC d'un groupe d'experts pour une « enquête spéciale » en vue de faire toute la lumière sur cette affaire. A Kinshasa, on ne cache plus l'embarras, au moment où s'est ouvert à Kananga, chef-lieu de la province du Kasaï central, un procès mettant en cause des assassins présumés de ces deux experts onusiens.
A l'ONU, on n'accorde pas assez de crédit à l'action judiciaire initiée par le gouvernement de la RDC. L'option en vue est de renvoyer sur le terrain une équipe d'experts internationaux pour mener des investigations approfondies afin de reconstituer les conditions dans lesquelles ont été assassinés les deux experts onusiens. Comme tête d'affiche de cette action, il y a évidemment les Etats-Unis dont un des citoyens est compté parmi les victimes.
Washington hausse le ton
Après la France et la Suède, c'est donc au tour des Américains d'appuyer l'idée de création d'un mécanisme spécial d'enquête menée par l'ONU et d'en faire expressément la demande au secrétaire général Antonio Guterres, seul habilité à le créer.
L'ambassadrice américaine aux Nations unies, Nikki Haley, présente à Genève pour des réunions du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, a souhaité la création d'une commission d'enquête séparée sur les violations de ces droits dans la province de Kasaï, qu'elle a qualifiées d'« actes horribles ». Michael Sharp, Zaida Catalan et leurs familles "méritent justice", a déclaré Mme Haley dans un communiqué. « Nous le devons à leur engagement pour mettre fin aux abus en matière de droits de l'Homme perpétrés par des groupes armés et le gouvernement congolais contre le peuple congolais ».
La pression s'accentue sur Kinshasa. De Washington jusqu'à Genève, les instances des Nations unies se mobilisent au jour le jour. Depuis ses bureaux de Genève en Suisse, le haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, ZeidRa'ad Al Hussein, a affirmé attendre, dans les deux jours à venir, des engagements de la RDC au sujet des enquêtes relatives aux violences qui secouent la région du Kasaï.
« À moins que je ne reçoive des réponses appropriées du gouvernement concernant une enquête conjointe avant le 8 juin, j'insisterais sur la création d'un mécanisme d'une enquête internationale pour les Kasaï », a déclaré mardi le haut-commissaire ZeidRa'ad Al Hussein, à l'ouverture du trente-cinquième Conseil des droits de l'Homme à Genève.
Déplorant « les difficultés » d'accès aux zones où des violations et des abus « se produisent », Al Hussein a déclaré qu'il va « envoyer une équipe dans la région, la semaine prochaine pour rencontrer des personnes fuyant les attaques ». Il a, enfin, noté que la situation était « grave » dans les provinces du Kasaï et qu'elle continuait « à se détériorer », se propageant dans d'autres provinces et à travers la frontière avec l'Angola.
Selon ces ONG, citées par AFP, Kinshasa s'est montrée « incapable voire peu désireuse d'arrêter le carnage ou de faire en sorte que les responsables des abus rendent des comptes ».
Les violences sanglantes qui déchirent le Grand Kasaï avaient éclaté après l'assassinat par les forces loyalistes, le 12 août dernier du chef traditionnel influent, Kamwena Nsapu, qui réclamait son droit de règne sur une localité dans le Kasaï central. La mort prématurée de Kamwena Nsapu avait donné lieu au déclenchement des violences sanglantes qui opposent les adeptes de ce défunt chef traditionnel aux forces de sécurité congolaises.
En avril dernier, les enquêteurs des Nations unies avaient révélé l'existence de 43 fosses communes dans la région du Kasaï. Entre 500 et 1000 personnes ont été tuées et enterrées dans ces fosses communes depuis le déclenchement de ces violences qui ont également forcé quelque 1,3 million de personnes au déplacement interne, selon des estimations des enquêteurs onusiens.
Un bilan présenté en mai dernier par un député national dans la région du Kasaï faisait, néanmoins, état de 3 307 personnes tuées dans les violences.
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