Des policiers et militaires congolais se sont affrontés dans la nuit de mercredi à jeudi au Nord-Kivu, dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), faisant au moins deux morts dans les rangs de la police, a-t-on appris jeudi 18 septembre de sources concordantes.
Mercredi en début de soirée, des hommes du 601e bataillon commando de l'armée ont surpris une patrouille de policiers alors qu'elle commençait à se livrer à des extorsions à Kitchanga, ville située à une soixantaine de kilomètres au nord de Goma, la capitale du Nord-Kivu, a indiqué à l'AFP un capitaine de cette unité.
Il y a eu un accrochage et deux policiers ont été tués, a ajouté l'officier, joint au téléphone de Goma.
L'administrateur adjoint du territoire de Masisi, Sukisa Ndayambaje, a confirmé ces deux morts et indiqué que les hommes de la police avaient tiré dans la ville pendant une bonne partie de la nuit. Ils se sont ensuite livrés à des pillages, poussant la population à fuir ou à aller chercher refuge auprès des Casques bleus de la base voisine de la Mission de l'ONU en RDC (Monusco), toujours selon la même source.
Nous avons appelé les autorités de la police et de l'armée pour faire cesser les pillages, a ajouté M. Ndayambaje. Les pillages ont cessé au petit matin, après que le chef de la police locale eut reçu l'ordre de calmer ses hommes.
Janvier Baheni, président de la Société civile de Kitchanga (organisations, associations, syndicats...) a déclaré pour sa part qu'il y avait eu des tirs dans la ville toute la nuit à partir de 21 heures et qu'il se trouvait à la mi-journée à la base de la Monusco avec plusieurs centaines de personnes.
Le Nord-Kivu est déchiré par les conflits armés depuis plus de vingt ans. Les hommes de la police mis en cause par les habitants et l'administrateur adjoint du territoire appartiennent à des renforts spécialement formés envoyés par Kinshasa après la chute en novembre de la rébellion du Mouvement du 23 Mars (M23), qui avait tenu la ville pendant plus d'un an.
Le 10 septembre, la Mission de police de l'Union européenne en République démocratique du Congo (Eupol), dont le mandat s'achève à la fin du mois, avait salué les progrès réalisés par le pays pour réformer sa police, tout en notant qu'il restait encore beaucoup à faire pour obtenir de l'ensemble du corps policier qu'il se consacre au bien commun.