Science & env.
Les concentrations de pesticides relevées dans 198 échantillons de miel produits sur toute la planète ne sont pas considérées comme dangereuses pour l’homme. Elles sont en effet inférieures au plafond autorisé par l’Union européenne, selon l’étude publiée jeudi dans la revue Science. Mais elles sont toxiques pour les abeilles.
Après avoir constaté que 34% des échantillons contenaient des "concentrations de néonicotinoïdes connus pour être nocifs" aux abeilles, les scientifiques ont prévenu qu’une exposition chronique à ces substances pesticides menaçait la survie de ces petits insectes volants. Les abeilles pollinisent les plantes tout en butinant le nectar des fleurs, qui s’accumule dans la ruche pour former l’épais miel.
Elles interviennent dans la pollinisation de plus de 90% des 107 plus importantes cultures sur Terre mais, ces dernières années, elles succombent au syndrome dit "d’effondrement des colonies d’abeilles". Ce mal mystérieux entraîne la disparition ou la mort d’essaims entiers. "Ces découvertes sont alarmantes", a estimé Chris Connolly, un expert en neurobiologie de l’université de Dundee, auteur d’un article accompagnant la publication de l’étude.
"Les niveaux relevés sont suffisants pour affecter les fonctions cérébrales des abeilles et pourraient entraver leur habilité à trouver de la nourriture et à polliniser nos cultures et notre végétation", a-t-il mis en garde. Les néonicotinoïdes ont été qualifiés de facteur essentiel au déclin mondial des abeilles. Leur utilisation a été en partie interdite par l’Union européenne en 2013.
Dérivé de nicotine
Les scientifiques ont concentré leurs analyses sur les cinq types de néonicotinoïdes les plus utilisés : acétamipride, clothianidine, imidaclopride, thiaclopride et thiaméthoxame. Apparus au milieu des années 1990, ces pesticides dérivent de la structure chimique de la nicotine et s’attaquent au système nerveux des insectes.
"Au total, 75% de tous les échantillons de miel contenaient au moins un néonicotinoïde", selon cette étude pilotée à l’université suisse de Neuchâtel. "Sur ces échantillons contaminés, 45% en contenaient au moins deux et 10% quatre ou cinq". La fréquence de contamination la plus élevée a concerné les miels d’Amérique du Nord (89%), devant l’Asie (80%) et l’Europe (79%). L’Amérique du Sud a présenté la plus faible (57%). "Ces résultats suggèrent qu’une partie importante des pollinisateurs dans le monde sont probablement affectés par les néonicotinoïdes", ont relevé les scientifiques.
Les Nations unies ont prévenu en 2016 que 40% des invertébrés pollinisateurs -en particulier abeilles et papillons- risquaient une extinction à l’échelle mondiale. Quelque 20 000 espèces d’abeilles vivent sur Terre.
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