La décision prise par Kinshasa d'expulser le chef du Bureau des droits de l'Homme de l'ONU en RDC est un mauvais présage pour la liberté d'expression, a estimé vendredi 17 Octobre l'organisation Human Rights Watch.
Expulser un responsable de l'ONU pour avoir parlé de violations des droits de l'Homme enverrait un message préoccupant pour la liberté d'expression en RD Congo, écrit cet organisme de défense des droits de l'Homme dans un communiqué publié à Kinshasa.
Jeudi, le gouvernement congolais avait demandé à l'ONU de rappeler Scott Campbell, le déclarant persona non grata en RDC. La veille, les services de M. Campbell avaient publié un rapport dénonçant des bavures policières pendant une grande opération antibanditisme à Kinshasa entre novembre 2013 et février, dont neuf meurtres et 32 disparitions forcées.
Selon des sources diplomatiques, M. Campbell, en poste depuis septembre 2011, devait de toutes façons quitter la RDC sous peu, étant déjà affecté administrativement à Genève pour le bureau des droits de l'Homme de l'ONU.
Rien ne changera à l'exécution de cette décision d'expulser M. Campbell, a néanmoins martelé vendredi le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, lors d'une conférence de presse, ajoutant que l'intéressé pourrait être renvoyé dans les 48 heures.
La Mission de l'ONU au Congo (Monusco) a indiqué avoir été notifié officiellement de la décision des autorités congolaises. Le chef la Mission, Martin Kobler est perturbé par cette note et est en contact avec le gouvernement pour résoudre le problème, a déclaré à l'AFP Carlos Araujo, porte-parole de la Monusco.
La France regrette que les autorités congolaises aient demandé le rappel de M. Campbell, a déclaré pour sa part à Paris le porte-parole du Quai d'Orsay.
Cette demande, ajoute le ministère des Affaires étrangères, risque de porter atteinte à la crédibilité des efforts entrepris pour améliorer la situation des droits de l'Homme dans ce pays. Nous invitons les autorités congolaises à respecter leurs engagements dans ce domaine.
Pour HRW, au lieu d'expulser M. Campbell, le gouvernement devrait enquêter et poursuivre les auteurs des meurtres et disparitions documentés dans le rapport de l'ONU.
La RDC est régulièrement accusée par diverses organisations de défense des droits de l'Homme de porter atteinte à la liberté d'expression. Le pays figure à la 151e place (sur 181) au classement 2014 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF), où il a perdu neuf places par rapport à l'année précédente.