L'Union européenne regrette la décision prise par Kinshasa de demander à l'ONU de rappeler son représentant aux droits de l'Homme en République démocratique du Congo, a annoncé la délégation européenne dans ce pays.
La Délégation de l'Union européenne regrette la décision des autorités congolaises de demander au secrétaire général des Nations unies de rappeler le Directeur du Bureau commun des Nations unies pour les droits de l'Homme (BCNUDH), Scott Campbell, indique-t-elle dans un communiqué publié lundi 20 octobre.
Le gouvernement congolais avait annoncé le 16 octobre qu'il demandait à l'ONU de rappeler M. Campbell, le déclarant persona non grata en RDC.
La veille, les services de M. Campbell avaient publié un rapport dénonçant des bavures policières pendant une grande opération antibanditisme à Kinshasa entre novembre 2013 et février, dont neuf meurtres et 32 disparitions forcées.
Le rapport précisait qu'il s'agissait là uniquement des cas documentés par l'ONU et que le nombre de victimes de l'opération pourrait être beaucoup plus élevé.
Les autorités congolaises ont estimé en substance que ce rapport caractérisait la mauvaise foi et l'esprit partisan animant selon elles le travail de M. Campbell, qu'elles accusent de dénigrer systématiquement la RDC.
Dans sa déclaration, la délégation de l'Union européenne exprime sa pleine confiance dans le travail fourni par le BCNUDH et M. Campbell, bien connu pour son professionnalisme et la pertinence de ses analyses.
Rappelant que la RDC s'est engagée à lutter contre l'impunité, la délégation indique avoir pris note de l'indication que les autorités congolaises conduiront des enquêtes approfondies sur les bavures policières dénoncées par M. Campbell et son équipe, et s'attendre à ce que ces enquêtes soient suivies d'effet.
Dimanche, le haut-commissaire de l'ONU pour les droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, avait vivement critiqué la décision prise par Kinshasa de demander la tête de M. Campbell, et dénoncé des intimidations graves pesant sur d'autres membres de son équipe en RDC.
M. Campbell a quitté la RDC vendredi soir pour des vacances prévues de longue date, selon la Mission de l'ONU au Congo (Monusco), dont le chef, Martin Kobler, a demandé à Kinshasa de reconsidérer [sa] décision.
Dans un communiqué transmis mardi à l'AFP, le chargé d'affaires de l'ambassade britannique, Tim Morris, fait part de sa profonde préoccupation quant à l'expulsion de M. Campbell et appelle au respect des rapports et recommandations du BCNUDH.
Il demande une enquête exhaustive sur les violations documentées par l'ONU et souligne que le renforcement des capacités sur les droits de l'Homme constitue un élément très important de notre partenariat avec la RDC, où la Grande-Bretagne finance une bonne partie de la réforme de la police depuis 2009.