Société
Alors que de nombreux policiers et militaires étaient déployés pour réprimer la 3ème marche pacifique envisagée, le changement de stratégie opté par le Comité Laïc de Coordination a pris de court le pouvoir et paralysé toutes les activités hier dans la capitale.
Habituellement bruyantes et pleines de monde, les avenues et rues de la ville-province de Kinshasa sont restées pratiquement désertes toute la journée, hier dimanche. L’aéroport international de Ndjili a tourné au ralenti, alors que les principaux marchés (Liberté et Marché central) habituellement noirs de monde le dimanche ont été désertés. Quant aux magasins, plusieurs sont restés fermés, tandis que les quelques rares qui ont ouvert n’ont pas eu de clients toute la journée d’hier.
Seuls étaient visibles dans les rues, les nombreux policiers et militaires armés que le pouvoir avait déployés à tous les carrefours de la ville, dans le but de réprimer la marche pacifique, la troisième du genre, que le Comité Laïc de Coordination voulait organiser pour réclamer l’application réelle et intégrale de toutes les dispositions pertinentes de l’Accord politique de la Saint sylvestre et la fin de la dictature dans notre pays.
En effet, malgré la répression sanglante des marches pacifiques organisées le 31 décembre 2017 et le 21 janvier 2018, le Comité Laïc de Coordination avait appelé à une nouvelle marche, tout en précisant que cette manifestation « se fera dans la prière, en entonnant des cantiques, et en brandissant des chapelets, bibles, crucifix ou rameaux ».
Dans une mise au point publiée la veille de cette manifestation, le CLC avait aussi invité les populations désireuses de participer à cette marche pacifique « à ne pas se livrer ni céder à des actes de violence, à ne pas bruler des pneus, à ne pas ériger des barricades, ni se livrer à des jets de pierres ou tenir des propos violents ou injurieux », tout en demandant à la police nationale et autres services de sécurité d’encadrer ces manifestants.
Curieusement, malgré ces appels rassurants faits par le CLC, le pouvoir qui est visiblement aux abois a déployé des policiers et militaires lourdement armés à travers la ville depuis la nuit du samedi 24 février 2018, dans le but de réprimer brutalement cette manifestation pacifique. Le même jour, le pouvoir a fait circuler des chars anti-émeutes à travers la ville, affichant ainsi sa ferme volonté de réprimer brutalement la nouvelle marche pacifique envisagée par le CLC.
Comme si cela ne suffisait pas, des jeunes du parti présidentiel (PPRD) visiblement instrumentalisés et arborant des bérets rouges se sont permis d’entrer par effraction, samedi soir, dans l’enceinte de la paroisse Notre-Dame du Congo pour y passer la nuit ! Comportement qui a indigné plusieurs passants et habitants de la commune de Lingwala.
Face à cette volonté affichée du pouvoir de réprimer dans le sang la manifestation pacifique qui était prévue, la marche pacifique prévue et qui devait partir de différentes paroisses catholiques de la capitale n’a plus eu lieu. Une option sans doute prise par le CLC pour éviter un nouveau bain de sang.
Cette option a pris de court le pouvoir ainsi que les nombreux policiers et militaires déployés hier. Car, la marche pacifique étouffée s’est muée en une journée ville morte réussie ! Les Kinois habitués à sortir nombreux le dimanche pour aller faire des achats, assister aux deuils ou rendre visite à leurs membres de familles ayant décidé de rester chez eux, par solidarité avec le CLC.
Conséquence : l’aéroport international de Ndjili a tourné au ralenti, alors que les principales artères de la ville, marchés et carrefours de la ville sont restés déserts toute la journée. Ce qui n’a pas manqué d’agacer les policiers et militaires mobilisés dont plusieurs ont fini par s’endormir, sous le regard amusé de quelques rares passants.
Le spectacle offert hier par la ville de Kinshasa traduit un profond malaise socio-politique et prouve à suffisance que les lamentations (désormais portées à un niveau mystique) des prêtres et abbés de l’Eglise catholique sur la crise que traverse la RDC méritent d’être prises au sérieux par les dirigeants actuels du pays. Ce malaise social, n’en déplaise à ceux qui refusent de le reconnaître dans les rangs du pouvoir actuel, traduit aujourd’hui l’existence d’un profond fossé entre le peuple et ses dirigeants. A bon entendeur, …
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