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Questionné pendant plus de trois heures. Après une courte déclaration et des excuses, Mark Zuckerberg a longuement répondu aux questions des sénateurs américains, mardi 10 avril, à Washington. Le PDG de Facebook était sommé de s'expliquer sur les affaires d'atteinte à la vie privée de ses utilisateurs, mais aussi de manipulation politique et d'ingérence étrangère dans la présidentielle américaine. Voici quelques-uns des moments à retenir.
"C'était mon erreur. Je suis désolé".
Les excuses à répétition de Mark Zuckerberg moquées au Sénat américain. (Capture d'écran CNN)
Mark Zuckerberg a, une nouvelle fois, présenté ses excuses personnelles pour ne pas avoir compris à temps à quel point Facebook pouvait être détourné de bien des façons. "C'était mon erreur. Je suis désolé". "Cela prendra du temps pour mener à bien tous les changements nécessaires" pour limiter ces mauvais usages, a-t-il ajouté, récapitulant les mesures passées ou à venir pour rectifier les problèmes.
"Nous traversons un grand changement philosophique au sein de la société", a déclaré Mark Zuckerberg, mardi soir. Alors que le sénateur John Thune demandait au PDG en quoi ces nouvelles excuses étaient différentes des excuses passées, celui-ci a assuré : "Nous devons prendre plus largement conscience de nos responsabilités, nous assurer que Facebook soit utilisé à bon escient. Au final, les gens finiront par voir une vraie différence".
Mais comme l'a noté avec humour l'élu américain, ce n'était absolument pas la première fois que Mark Zuckerberg se défendait de la sorte. Une habitude que Richard Blumenthal, bien aidé par son cabinet, a choisi de démontrer de la plus simple des manières : en réécrivant noir sur blanc (ou plutôt blanc sur bleu), les excuses successives du PDG de Facebook, sur un large panneau affiché dans l'édifice.
"Course aux armements" avec la Russie
Alors que Facebook est vilipendé pour avoir servi d'outil de désinformation et de manipulation politique, Mark Zuckerberg a assuré avoir engagé "une course aux armements" contre "des gens en Russie dont le travail est d'exploiter nos systèmes et autres systèmes internet".
Auparavant, il avait admis n'avoir pas suffisamment empêché que de fausses informations se répandent lors de la dernière campagne électorale. "Après les élections de 2016, notre priorité était de protéger l'intégrité d'autres élections dans le monde", a-t-il dit.
Il a également confirmé – sans préciser de quelle manière – que Facebook coopérait dans l'enquête du procureur spécial Robert Mueller sur l'ingérence russe dans la campagne. "Je ne suis pas au courant d'une convocation mais je sais que nous travaillons avec eux", a-t-il déclaré.
"Il y aura toujours une version de Facebook qui sera gratuite"
Le sénateur Bill Nelson a demandé à Mark Zuckerberg s'il avait l'intention de proposer une version payante de Facebook aux utilisateurs qui souhaitent que leurs données personnelles ne soient pas utilisées à des fins commerciales. Réponse : "Il y aura toujours une version de Facebook qui sera gratuite. [...] Nous estimons que nous devons apporter un service que tout le monde peut s'offrir".
Sans dire clairement qu'une partie de Facebook pourrait devenir payante, Mark Zuckerberg a expliqué : "Si vous voulez une expérience sans publicités ciblées, vous pouvez désactiver cette option. Mais les gens n'aiment pas les publicités qui ne sont pas pertinentes, ils préfèrent les publicités pertinentes. Sans publicité, nous aurions besoin d'un autre modèle économique".
"Votre contrat de service craint"
Mark Zuckerberg semble bien seul dans cette audition. (© Win McNamee/Pool Photo via AP)
Les sénateurs ont aussi largement questionné Mark Zuckerberg sur le manque de clarté de ses conditions d'utilisation. Le sénateur John Kennedy, tranchant avec le ton généralement courtois de ses collègues, lui a lancé : "Votre contrat de service craint". "Je ne veux pas avoir à voter pour réglementer Facebook mais bon Dieu, je le ferai", a-t-il lancé au trentenaire, qui doit être entendu mercredi par une commission de la Chambre des représentants.
Facebook pas opposé à une "bonne" réglementation
Plusieus élus ont évoqué la possibilité d'une loi plus stricte pour réguler l'activité des géants du web, qui s'inspirerait du règlement européen sur la protection des données. "Notre position n'est pas qu'il ne devrait pas il y avoir de réglementation. Mais nous voulons être certains que c'est la bonne réglementation", a répondu Mark Zuckerberg. Il a notamment fait valoir qu'une réglementation plus stricte pourrait compliquer la création de nouvelles start-ups, tout en refusant de s'engager à défendre une telle loi.
Zuckerberg n'aimerait pas que l'on révèle ses informations personnelles
Lors que le sénateur démocrate Dick Durbin a demandé à Mark Zuckerberg s'il partagerait le nom de l'hôtel où il avait passé la nuit précédente, le patron de Facebook a refusé de répondre.
"Voudriez-vous nous dire avec qui vous avez échangé des messages la semaine dernière ?". Non plus. "Si vous envoyiez un message à quelqu'un cette semaine, partageriez-vous avec nous les noms des personnes destinataires ?", a aussi demandé l'élu de l'Illinois. "Non, je ne choisirais sans doute pas de partager cela avec vous ici", a répondu l'intéressé, avant que Rick Durbin n'explicite le sens de ses questions.
"Je pense que l'on est au cœur du sujet : le droit à la confidentialité, les limites du droit à la confidentialité [...] C'est la question de savoir quelles informations Facebook collecte, à qui il l'envoie et s'il a demandé au préalable l'autorisation de le faire".
"C'est bien de cela dont on parle aujourd'hui : votre droit à la vie privée. Il s'agit de votre droit et de savoir si vous êtes prêt à l'abandonner afin, je cite, de connecter le monde. Tout le monde devrait pouvoir contrôler la façon dont ses données sont utilisées", a conclut Dick Durbin, face à un Mark Zuckerberg déstabilisé.
"Vous ne pensez pas que vous avez le monopole ?"
Interrogé par le sénateur républicain Lindsey Graham, Mark Zuckerberg s'est montré incapable de citer un concurrent à Facebook. Le PDG a d'abord évoqé les géants du web comme "Google, Apple, Amazon et Microsoft".
"Si je suis lassée de Facebook, à quel réseau social équivalent puis-je m'inscrire ?, l'a coupé l'élu républicain. Je parle de vos vrais compétiteurs". Alors que Mark Zuckerberg tentait d'éluder, Lindsey Graham a insisté : "Vous ne pensez pas que vous avez le monopole ?" Provoquant quelques rires, le PDG de Facebook a répondu qu'il "n'avait certainement pas cette impression".
"Je ne connais pas la réponse, mais je reviendrai vers vous".
A plusieurs reprises, Mark Zuckerberg a agacé les élus en n'étant pas capable de répondre à des questions simples, mais sensibles : "Facebook trace-t-il les données de navigation des internautes, même quand il ne sont pas connectés ?" ou encore "D'autres applications ont-elles pu récupérer de grandes quantités de données ?" "Des mineurs ont-ils pu être concernés par la collecte de données d'appels téléphoniques ?" "Combien de temps gardez-vous les données des utilisateurs qui suppriment leur compte ?"
"Je l'ignore", "mes équipes vous tiendront au courant", "je reviendrai vers vous", a répondu Mark Zuckerberg. Le PDG de Facebook a promis plusieurs fois de faire connaître des réponses supplémentaires aux sénateurs, mais de nombreux élus ont fait part de leur "scepticisme" face à ses réponses peu convaincantes.
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Tout en faisant son mea culpa, le PDG de Facebook a répondu à la plupart des questions des sénateurs, pendant de longues heures. (© Jim Watson/AFP)