Santé
L’Union européenne a débloqué 190 000 € pour venir en aide à près de 1 000 familles touchées par des pluies torrentielles en début d’année, à Kinshasa. Ces inondations les ont laissées démunies et plus que jamais vulnérables au choléra. Sur place, la Croix-Rouge congolaise se démène pour lutter contre cette maladie qui, depuis juillet 2017, a tué près de 2 000 personnes en République démocratique du Congo.
« Quand l’eau de la rivière monte, il n’y a rien à faire. Ne reste qu’à s’abriter sur le chemin de fer, en hauteur », explique Emmanuel, étudiant en comptabilité. Ce Kinois de 17 ans vit à Masani, l’un des quartiers les plus pauvres de la capitale de la République démocratique du Congo (RDC). Pour lui comme pour tous ceux qui vivent aux abords de la rivière N'djili à Kinshasa, la menace d’une inondation fait partie du quotidien. Et les épidémies de choléra, maladie qui se propage alors encore plus facilement, aussi.
Emmanuel peut se permettre d’acheter de l’eau à la source de la Régie des eaux, pour quelque 500 francs congolais (25 centimes d’euros) les 25 litres. Pour la plupart de ses voisins, c’est beaucoup trop. Alors, ils puisent directement l’eau de la rivière.
Eau contaminée
« Celle-ci sert aussi bien à boire, à laver le poisson, le linge ou la vaisselle qu’à évacuer les déchets et les excréments. L’eau est contaminée », soupire Moïse Kabongo, responsable de la gestion des catastrophes de la Croix-Rouge en RDC. Il se rend régulièrement dans cette zone surnommée « le quartier sans lois », pour aider ses habitants à lutter contre la maladie et les sensibiliser.
Li Sendja Selenga vit dans une douzaine de mètres carrés avec son épouse, leurs cinq enfants et leurs cinq petits-enfants. Sa maison, rien qu’en tôle, se trouve en première ligne quand la rivière déborde. Après l’inondation dévastatrice de janvier, la Croix-Rouge lui a fourni des bâches, des bidons propres et une marmite neuve. « Je connais des tas de gens qui ont eu le choléra. Notre famille, pour l’instant, a été épargnée, Dieu soit loué », explique l’homme de 64 ans.
Son voisin, « Papa » Albert, détache délicatement une pastille purificatrice d’eau, qu’il libère dans un réservoir de 25 litres. « Il faut qu’il tienne la journée », indique-t-il. Au total, la Croix-Rouge apporte son aide à 924 ménages à Kinshasa (dont 68 dans le quartier de Masani), sélectionnés en fonction de critères précis (Ont-ils perdu leur maison pendant les inondations ? Combien de membres compte la famille ? Certains sont-ils âgés, handicapés ? etc.).
Jets de chlore
« Ces foyers sont exposés à tous les dangers », explique encore Moïse Kabongo. Il inspecte rapidement la douche de fortune de Chanel, jeune femme de 25 ans qui attend son deuxième enfant. Il appelle ses collègues, afin qu’ils désinfectent les moustiquaires qui font office de cabine de douche. Ils s’exécutent, laissant derrière eux une forte odeur de chlore. Et Moise Kabongo de commenter : « Il faut bien cela pour éviter d’en faire un nid à choléra… »
La même odeur imprègne le Centre de traitement de choléra de Limete (les équipes sur place s’y réfèrent comme le CTC), à quelques kilomètres de Masani. En tout, Kinshasa compte quatre CTC. Impossible d’y pénétrer ou d’en sortir sans passer ses semelles sous un jet de chlore.
Les malades y affluent, en provenance de toute la ville. « Quelqu’un qui souffre d’une diarrhée ne doit pas trop réfléchir et se rendre au plus vite dans un CTC ! », martèle André Zaka, le chef du CTC de Limete. Les patients y sont alors examinés. Si le choléra est détecté, les malades sont envoyés dans des tentes, à part. Les femmes d’un côté, les hommes de l’autre.
Une perfusion est plantée dans la petite main de Daniel, 11 mois à peine. Il ne lâche pas celle de sa mère, Sandra. Elle explique : « Mon bébé est malade depuis trois jours… Je l’ai d’abord emmené dans un centre de santé, j’ai dépensé 6 000 francs (3 €) pour le soigner. Ça n’a pas marché. Ensuite, quelqu’un, dans ma communauté, m’a parlé du CTC. » Là, le traitement est gratuit.
Alors que les épidémies de choléra sont endémiques dans l’Est du pays, Kinshasa, elle, n’est pas habituée à lutter contre ce fléau. Les mouvements de population, en provenance d’Angola notamment, en seraient responsables. Mais Moïse Kabongo évacue rapidement la question : « Le pourquoi du comment, ce n’est pas l’important. La priorité, c’est d’agir, de soigner. »
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