Matérialisation d’une décision interministérielle, les constructions anarchiques démolies sur le site de la Régie des voies aériennes (RVA)

En exécution d’une décision arrêtée par les ministres des Affaires foncières, de l’Aménagement du Territoire, Urbanisme, Habitat, Infrastructures, Travaux publics et Reconstruction, du Transport et Voies de communication, la démolition des constructions anarchiques vient de démarrer sur certains sites de Kinshasa, en commençant par les emprises de la Régie des voies aériennes (RVA).

Hier mardi 8 octobre, les propriétaires des maisons construites au quartier Makanza de Kinkole, dans la commune de la N’Sele étaient en pleurs. Cela, pour la simple raison  qu’une pelle mécanique et un excavateur de l’Office des voiries et drainages (OVD) faisaient écrouler leurs bâtisses comme des châteaux de cartes. Et cela, sur une superficie d’au moins 50 hectares.

Selon l’ingénieur Bony Kimina, conseiller technique du gouverneur de la ville de Kinshasa, c’était la conséquence d’une décision d’une commission interministérielle prise sur instruction du Chef de l’Etat qui a ordonné qu’on puisse éradiquer toutes les constructions anarchiques et inappropriées sur toute l’étendue de la ville de Kinshasa.

Pour plus de précisions, le conseiller technique du gouverneur a annoncé à la presse que ce site appartient à la Régie des voies aériennes (RVA). Il servait aux antennes de radioguidage pour les avions. Il a ajouté que le ministère des Affaires foncières ne l’a jamais loti. En bref, ce sont des constructions anarchiques.

Il a averti que ce travail n’allait pas s’arrêter là. Car pour ce mercredi 9 octobre, il est prévu des démolitions sur le site « VOR » de la même RVA à Masina, à l’endroit dit des « Eucalyptus » au quartier I de la commune de N’Djili, le long de la voie ferrée à Barumbu et sur le site dit de SOCOPAO, ainsi qu’à Kinsuka. Car, a-t-il enchaîné, les emprises ferroviaires et les emprises publiques sont aussi à nettoyer.

Au sujet des habitants qui se plaignaient de n’avoir pas été avertis la veille, il a affirmé : « J’ai accompagné mon chef ici à deux reprises qui était venu les avertir. Il faut aussi noter que les trois ministres sont venus les mettre en garde ».

Mais ces familles aujourd’hui sans abris rétorquent que c’est depuis deux mois qu’elles avaient été averties. Cette façon d’agir est donc inhumaine. Ici, le conseiller a tranché pour dire que les intérêts privés ne peuvent pas primer sur les intérêts de la nation. Au sujet de la démolition prévue aujourd’hui sur le site « VOR », il a soutenu que c’est pour sécuriser un instrument important de la RVA.

A deux doigts du lynchage
Mais à en croire la population de ce coin, ces parcelles leur ont été vendues par des chefs coutumiers et certains services de cadastre. Contredisant les premiers, les autres ont déclaré que c’est plutôt la RVA et ses inspecteurs accompagnés des agents du service de cadastre qui leur ont vendu ces parcelles après avoir enlevé leurs antennes de radioguidage.

C’est à 13h10’ que la démolition des maisons a débuté sur l’emprise de Kinkole. Mais avant cela, les engins démolisseurs, les policiers chargés de leur sécurité s’étaient d’abord transportés vers 9h30’ sur le site appelé « VOR » en langage technique. C’est-à-dire que lorsqu’on arrive à l’arrêt baptisé « Kingasani ya suka », on emprunte la gauche sur l’avenue Bobozo qui mène vers l’actuel entrepôt de la société de transport en commun « TRANSCO ». Plus loin se trouve un terrain vide qui sert de lieu d’entraînement aux jeunes.

Mais à l’arrière-plan sont bâties de nouvelles maisons. C’est là le site de la RVA baptisé « VOR ». C’est cette emprise qui a été spoliée par ceux qui y ont érigé des constructions anarchiques. Car ce site, comme d’autres, a été ciblé par le ministère des Affaires foncières.

Mais dès que la population a vu la pelle mécanique et l’excavateur à chenilles escortés par une jeep de la police, elle a accouru en vociférant des insultes. Inutile de dire que ce sont les soldats de la Garde républicaine qui sont venus jeter l’huile au feu en incitant la masse contre les policiers.

Comme il fallait s’y attendre, les esprits se sont surchauffés et la discussion s’est transformée en dispute. Le premier à subir le courroux de ces inciviques a été l’ingénieur Bony Kimina, conseiller technique du gouverneur de la ville de Kinshasa. L’un de ces voyous lui a carrément collé dans la chemise qu’il a fini par déchirer. Les autres menaçaient de mettre feu aux engins.

De plus en plus, l’endroit commençait à sentir le roussi. C’était cette fois le tour de jets des pierres. Même le bus de luxe de l’Agence des grands travaux qui était mis à la disposition de la presse était en danger. Il fallait être agile pour ne pas attraper un projectile sur la tête.

Devant cette masse en furie, la jeep de la police et les deux engins ont décampé sans demander leur reste. Les journalistes qui étaient aussi toisés de toutes parts n’ont que leur emboîter le pas. En effet, ce n’était pas le moment de jouer aux martyrs. C’est donc sur ce site des téméraires que les démolitions vont commencer ce mercredi avec une force de police plus renforcée, à laquelle il faudrait au moins ajouter des éléments de la Garde républicaine. Car il paraît que s’il y a eu résistance, c’est parce que ce sont les militaires qui ont le plus construit sur ce site.