Kikwit : le REFADI stimule l’entrepreneuriat féminin en milieu rural

La problématique de l’entrepreneuriat féminin continue à faire couler beaucoup d’encres à travers le monde en général et en République démocratique du Congo (RDC)  en particulier. Plusieurs femmes, même au niveau rural, et à l’instar des hommes, ont des compétences susceptibles d’entreprendre des activités ou de créer des entreprises afin de faire émerger l’économie, mais demeurent encore dans une sorte de sommeil psychologique ou se sous-estiment.

C’est la raison pour laquelle le Regroupement des femmes en action pour le développement intégré (REFADI), une des organisations non gouvernementales de développement évoluant dans la ville de Kikwit, province du Kwilu, dans le sud-ouest de la RDC vient de monter au créneau en organisant une ‘’Tribune d’expression populaire ‘’ (TEP) concernant l’entrepreneuriat féminin en milieu rural.

une partie du public lors du déroulement de la ''Tribune d'expression populaire''

Cette activité, pas facile en son genre, a eu lieu le mercredi, 13 juin 2018 dans la grande salle de l’Association des handicapés physiques et invalides de Kikwit (AHPIK) dans la commune de Lukolela.

100 personnes venues des associations et organisations paysannes, du service urbain de l’agriculture et de l’environnement , du service urbain du développement rural et de la décentralisation, de la Fédération des entreprises du Congo, des medias, les chefs des villages et groupements ciblés, les fermiers et des femmes paysannes, des associations des femmes et des jeunes, des autorités locales… ont bien suivi des matières développées lors de la TEP qui a duré pendant deux heures.

«Lors du mois de la femme de cette année, le monde entier a demandé d’investir dans la force productrice de la femme rurale. Le monde a constaté que la femme rurale est un squelette de l’économie de nos pays respectifs. Mais comment aider cette femme rurale à émerger, à quitter l’informel et à devenir entrepreneuse afin de changer sa vie et celle de sa communauté ? Comment aider les femmes rurales en général à travailler en équipe dans une petite ou moyenne entreprise ?  Il fallait donc stimuler l’esprit d’entrepreneuriat pour que ces femmes participent d’abord à leur propre développement, ensuite celui de la société et enfin celui de leurs pays»,  a expliqué Viviane Lengelo, présidente du Conseil d’administration du REFADI.

L’occasion a été propice pour que Cyrile Mupasa, un des acteurs de développement de Kikwit, explique aux femmes et hommes présents à la TEP comment quelqu’un peut créer une entreprise (idées, études de faisabilité, descriptions, organisation d’une entreprise, les marchés, la pérennité). Quant à elle, Giselle  Patashi, avocate aux barreaux du Bandundu, a développé un sujet relatif aux instruments juridiques, la procédure légale pour créer une entreprise afin de construire un environnement propice à l’entrepreneuriat. Enfin l’ingénieur Jacques Kifwema a développé des notions générales sur l’entrepreneuriat.

Des matières développées ont suscité un débat interférassent qui a permis de lever quelques malentendus en matière d’entrepreneuriat. Des questions liées à des tracasseries administratives, au manque de moyens financiers ont été évoquées et répondues.

«Les femmes rurales souffrent d’une double exclusion et parfois oubliées dans la distribution directe ou indirecte des ressources tant au niveau national qu’au niveau familial, malgré les activités nombreuses et multiformes qu’elles exercent en tant qu’épouses, exploitantes ou travailleuses agricoles, entrepreneuses, mères des communautés», notent les termes de références de la TEP.

Selon le même document, les femmes rurales sont l’ossature des sociétés rurales, car elles jouent un rôle crucial dans la production, la transformation et la commercialisation des aliments. Elles sont les garantes de la sécurité alimentaire de leurs familles respectives et de la communauté toute entière. Les femmes rurales peinent à accumuler les gains substantiels. L’essentiel des bénéfices générés sont réinvestis pour les soins des proches. Ces femmes sont concentrées dans des activités de très faibles tailles, de faible productivité, de faible rendement et opèrent dans l’économie informelle.

«Je tiens à remercier les organisateurs de cette conférence. Cela m’a aidé à comprendre ce que je peux faire pour émerger comme entrepreneuse. Je vais m’assoir pour réfléchir et faire quelque chose dans les jours à venir», déclare Wivine Mesa, cadre à l’AFC (Action féminine chrétienne), une des branches du Mouvement ouvrier chrétienne du Congo.

«Je travaille beaucoup dans la technologie appropriée. Je vais chercher d’autres mamans (deux ou trois) pour qu’on travaille ensemble via une petite entreprise», promet Patience Ngolo venue de Kikwit 3 dans la commune de Nzinda.