Afrique
La mesure spectaculaire du président Teodoro Obiang survient à moins de deux semaines d’un « dialogue national » qu’il a convoqué.
Le président équato-guinéen, Teodoro Obiang Nguema, a décidé, mercredi 4 juillet, « une amnistie totale » en faveur de tous les prisonniers politiques et de tous les opposants condamnés ou interdits d’activité, selon un décret lu à la télévision nationale.
« J’accorde l’amnistie totale à tous les citoyens condamnés par les tribunaux […] pour des délits politiques dans l’exercice de leur activité, purgeant ou non leur peine », stipule le décret présidentiel en précisant que l’amnistie concerne également toute personne « privée de liberté ou empêchée d’exercer son droit politique dans le pays ».
Dialogue
Cette mesure spectaculaire dans un pays dirigé d’une main de fer par le président Obiang depuis 1979 survient à moins de deux semaines d’un « dialogue national » qu’il a lui-même convoqué. Le décret présidentiel précise que ce dialogue, annoncé en juin, se tiendra « du 16 au 21 juillet ».
L’amnistie « doit permettre une large participation de tous les acteurs politiques » au dialogue « entre le gouvernement et les partis politiques légalisés, acteurs politiques de l’intérieur et de la diaspora, société civile et confessions religieuses », selon le président.
Il s’engage à garantir « liberté » et « sécurité » à tous les participants à ce dialogue auquel doivent également assister, en tant qu’observateurs, des représentants de la communauté internationale, dont François Louncény Fall, représentant spécial du secrétaire général de l’Organisation des Nations unies pour l’Afrique centrale (Onuca).
Un parti d’opposition dissous
L’amnistie était l’une des principales conditions posées par l’opposition de l’intérieur et de la diaspora pour prendre part au dialogue national.
Jusqu’alors, les dirigeants du principal parti d’opposition équato-guinéen, Citoyens pour l’innovation (CI), affirmaient ne pas avoir été conviés au dialogue national.
CI a été dissous à la fin de février en raison de la « menace qu’il constitue pour la sûreté de l’Etat », à la suite de la condamnation de 21 militants à plus de trente ans de prison pour « sédition, désordre public, atteintes à l’autorité et blessures graves ». Il réclame depuis l’annulation de sa dissolution.
« L’amnistie totale » décrétée par Teodoro Obiang Nguema devrait théoriquement permettre la libération des prisonniers membres de ce parti, légalisé en 2014 à l’issue d’un précédent dialogue national de moindre envergure que celui prévu prochainement.
CI dénonce régulièrement les exactions dont sont victimes ses militants emprisonnés. Mardi soir, il a affirmé que l’un d’eux était mort en prison à Evinayong (centre) des suites de « tortures » en début de semaine. Les autorités militaires et le directeur de la prison ont refusé que le prisonnier reçoive des soins, selon le parti d’opposition.
En février, l’Union européenne s’était inquiétée de la « forte détérioration de la situation des droits de l’homme » en Guinée équatoriale, petit pays pétrolier d’Afrique centrale.
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