Société
Miru Systems, le fabricant sud-coréen de la machine à voter, peine à convaincre le gouvernement de son pays concernant la sincérité du contrat qui le lie à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) et sur la base duquel il devrait livrer environ 106.000 unités de ce gadget électronique.
Séoul, qui tient à protéger sa notoriété dans une affaire qui sent le roussi, serait prêt à ordonner l’arrêt de la production et de la livraison de la commande faite par la Ceni. Même si, à la Centrale électorale, on tente de minimiser, cela n’est pas moins un grain de sable dans le processus en cours.
Dans les différentes chancelleries à Kinshasa, la nouvelle s’est répandue comme une trainée de poudre. Selon ces dernières, le gouvernement coréen, qui ploie sous la pression des Etats-Unis et de la communauté internationale, ne cesse de mettre la pression sur la société Miru Systems, le fabricant sud-coréen de la machine à voter.
La Corée du sud n’est pas prête à mettre en péril son prestige et ses alliances avec les Etats-Unis pour la centaine de millions de dollars du contrat qui lie la Ceni à Miru Systems pour la livraison d’environ 106.000 machines à voter. La pression est telle qu’il est quasi certain que Miru System ne livrera pas des machines à voter, suivant le calendrier donné par la Ceni sauf miracle!
Il est vrai que la Commission électorale nationale indépendante se bat comme un diable dans un bénitier pour imposer l’utilisation de la machine à voter lors de prochains scrutins. La question divise la classe politique et fait polémique au pays.
LA CENI PAS ENCORE EN POSSESSION DE 80% DE SA COMMANDE DES MACHINES
A six mois des élections du 23 décembre 2018, la Ceni n’est pas encore en possession de 80% de sa commande des machines à voter.
La dernière livraison en date est celle d’un lot de 1.000 machines à voter dont a été porteur, début juin 2018, le vice-président de la Ceni, Norbert Basengezi, lors de son récent séjour en Corée du Sud. Selon ce dernier, il était prévu la livraison d’un premier lot de 10.000 machines en juin dernier, avant un deuxième lot de 30.000 en juillet, jusqu’à atteindre le total de 106.000 machines, fin septembre 2018.
À ce jour, on apprend de la Ceni qu’aucune livraison de la machine à voter n’a été effectuée en juin dernier, sur les 30.000 machines attendues. Tout compte fait, à six mois des élections du 23 décembre 2018, la Ceni n’est pas encore en possession de 80% de sa commande.
Et avec les nouvelles en provenance de Séoul, la Ceni n’est pas encore au bout de ses peines. Sans compter la démission surprise de son directeur informatique qui a mis sens dessus sens dessous toute l’administration de la Ceni. Des jours fortement agités attendent Corneille Nangaa, son président.
Craignant une possible rupture avec le fabricant sud-coréen, la centrale électorale congolaise a eu recours aux machines à voter de seconde main refusées par l’Argentine. Mais ce n’est pas suffisant parce que la RDC a besoin de 106.000 machines à voter.
Or, en Argentine, des machines disponibles – du reste peu fiables - ne dépassent pas le nombre de 21.000. Le stock serait entreposé dans un pays d’Afrique de l’ouest, très probablement le Nigeria, indiquent des sources proches de ce dossier. Pour l’instant, on s’attèle à l’assemblage, avant leur expédition à Kinshasa, ont confié par ailleurs des sources internes au sein de la Ceni.
Mais, le plus évident est que ce revirement perturbe la Ceni et l’embarras est difficile à cacher. La piste de Miru Systems devenant de plus en plus glissante, la Ceni cherche à explorer d’autres pistes. Mais, peu de solutions de rechange se présentent devant elle. Le seul atout qui lui reste, c’est convaincre Séoul à libérer Miru Systems en vue de continuer la livraison de la machine à voter jusqu’à l’épuisement de la commande.
Peut-on, dans ces conditions, espérer encore la tenue d’élections dans les délais arrêtés dans le calendrier électoral du 5 novembre 2017 ? En cherchant à tout prix à imposer la machine à voter, la Ceni s’est en même temps compliqué la tâche. Elle s’est presque tirée une balle dans le pied, rendant beaucoup plus complexe son travail, c’est-à-dire celui d’amener le peuple congolais aux élections apaisées, démocratiques et transparentes.
Pourtant, comme d’aucuns l’ont relevé depuis, aucune mention de la machine à voter n’est faite dans le calendrier que la Ceni a présenté solennellement le 5 novembre 2017 et tient à respecter, cahincaha. Si bien que, en voulant donc improviser un système électoral décrié par tous, la Ceni se retrouve presque dos au mur.
En Corée du Sud, Séoul, qui cherche à protéger son honneur et ses liens privilégiés avec Washington, pousse Miru Systems à renoncer aux millions de dollars espérés de la Ceni. On se rappelle que l’ambassade de Corée du Sud à Kinshasa avait, dans une correspondance largement commentée dans la presse, désavoué la fameuse « machine à voter » à laquelle la Ceni tient comme à ses prunelles. Cela malgré la méfiance générale.
Dans son courriel, l’ambassade sud-coréenne indiquait: « Le gouvernement coréen a dûment expliqué au fabricant (…) les risques potentiels en cas d’exportation de ces machines ». La représentation diplomatique sud-coréenne poursuivait en ces termes : « Plus particulièrement, exporter ces machines au Congo pourrait donner au gouvernement congolais un prétexte pour (obtenir) des résultats indésirables liés aux élections, notamment (un) retard additionnel (à leur) tenue ».
C’est pour toutes ces raisons que Séoul tient à désengager son entreprise, Miru Systems, dans la tricherie qui serait mise en place en RDC avec l’usage de la machine à voter. Son souci est que la dénomination « Corée du Sud » ne soit pas associée au hold-up électoral qui se préparerait à la Ceni.
DROIT AU MUR
C’est dire que toutes les gesticulations actuelles de la Ceni ne sont assises sur rien de bien concret pouvant ouvrir la voie à l’organisation des élections crédibles à la date indiquée. En voulant imposer la machine à voter, bon gré mal gré, la Ceni se fait prendre dans son propre jeu. Que nous réserve alors Corneille Nangaa ? Comment va-t-il rebondir ? Difficile à dire.
Toujours est-il qu’avec la démission surprise de son directeur informatique - pour le moment en exil aux Etats-Unis avec, dans sa gibecière, le logiciel de base de la machine à voter – la Ceni passe des moments particulièrement agités.
En cherchant à compliquer le jeu électoral par l’introduction d’une technologie décriée par tous et qui a montré ses limites dans des pays où elle a été utilisée, Corneille Nangaa s’est compliqué inutilement la tâche d’organiser en toute sérénité les élections. Seul devant sa conscience, il doit mesurer les dégâts de son intransigeance et se remettre en cause. Il est encore temps.
Et, comme le malheur ne vient jamais seul, au-delà d’un fichier électoral corrompu avec près de 16% d’électeurs fictifs, Corneille Nangaa doit remuer ciel et terre pour trouver avant décembre 2018 un autre fournisseur de la machine à voter.
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