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Les défenseurs des libertés individuelles s’inquiètent de l’usage de cette technologie, qu’ils jugent peu fiable et liberticide, par des institutions gouvernementales. En afrique, les gouvernements ont fait appel à des entreprises chinoises pour mettre en place des systèmes de contrôle et de reconnaissance faciale qui seront installés dans un premier temps aux aéroports et aux frontières.
Longtemps un fantasme d’écrivains de science-fiction, le fait de déverrouiller un appareil ou de payer un achat d’un simple regard est désormais une réalité, popularisée par le très médiatisé iPhoneX d’Apple, sorti fin 2017.
Mais des forces armées, des services d’immigration ou de police du monde entier l’utilisent également pour identifier un suspect dans une foule ou faire correspondre le visage d’une personne en garde à vue avec une base de données de délinquants.
117 millions d’adultes "scannés" à leur insu
La reconnaissance faciale est de plus en plus utilisée par la justice. Elle a par exemple permis fin juin d’identifier le tireur du journal Capital Gazette, qui a fait cinq morts près de Washington aux États-Unis.
Mais pour nombre de défenseurs des libertés publiques, reconnaissance faciale est plutôt synonyme de "Big Brother". D’autant que plusieurs études mettent en lumière son manque de fiabilité, surtout pour les personnes non blanches, qu’elle confond facilement.
Selon l’université de Georgetown, environ 117 millions d’adultes aux États-Unis figurent à leur insu dans des bases de données permettant la reconnaissance faciale, utilisées par les forces de l’ordre, fédérales et locales, alors même que cette technologie n’est que très peu régulée.
Le Big Brother chinois s’installe dans les rues et les foyers africains
Une camera de surveillance dans les rues de Kinshasa.
La Chine ne construit plus seulement des chemins de fer, des ports et des autoroutes en Afrique, elle construit les routes de l’information nécessaires pour désenclaver un continent où un tiers seulement des habitants est connecté.
En matière de surveillance électronique, la Chine n’a en effet plus rien à envier aux Etats-Unis. En Zambie, en Ethiopie ou encore au Zimbabwe, les gouvernements ont fait appel à des entreprises chinoises pour mettre en place des systèmes de contrôle d’Internet et des réseaux de télécommunication. En janvier, Le Monde Afrique révélait que le siège de l’Union africaine, à Addis-Abeba, avait été massivement espionné par Pékin grâce au transfert à Shanghaï de l’intégralité du contenu des serveurs de l’institution.
Dernier domaine en date : la reconnaissance faciale. Une "spécialité" chinoise. Dans l’empire du Milieu, près d’un demi-milliard de caméras de surveillance quadrillent chaque recoin du pays et, d’ici à 2020, tous les citoyens majeurs seront enregistrés dans une base de données capable de les identifier via des caméras de surveillance et de leur attribuer une "note sociale" en fonction de leurs agissements, bons ou mauvais. Une technologie très orwellienne qui séduit certains pays d’Afrique.
CloudWalk Technology, l’un des leaders chinois du secteur basé à Canton, dans le sud du pays, a ainsi décroché un contrat de coopération avec le gouvernement zimbabwéen pour mettre en place cette reconnaissance faciale à grande échelle.
Selon le quotidien chinois Global Times, c’est Harare qui s’est adressé à la Chine, certain d’y trouver les meilleures technologies du moment en intelligence artificielle. Des systèmes de reconnaissance faciale seront installés dans un premier temps aux aéroports et aux frontières.
Le nouveau président zimbabwéen, Emmerson Mnangagwa, a également été séduit lors de sa visite en Chine en avril par les projets de "villes intelligentes". Des programmes pilotes vont être lancés avec pour objectif de faire du Zimbabwe une Silicon Valley africaine, mais sous perfusion chinoise.
Déjà en 2017, l’entreprise chinoise Hikvision avait décroché un juteux marché au Zimbabwe de vente de caméras de surveillance. La boucle est donc bouclée et le Big Brother chinois s’invite à la table des Africains.
La question très controversée de l’utilisation de cette surveillance électronique reste à définir. Qui contrôle l’énorme masse de données ? Qui peut assurer que cette surveillance ne servira pas d’abord les intérêts de l’Etat ? Qui pour surveiller les surveillants ? Autant de questions dont doivent rapidement se saisir les citoyens du Zimbabwe comme d’autres pays africains, dont les dirigeants ne manqueront pas, on peut en être certain, d’embrasser le Big Brother chinois.
Des erreurs quasi-systématiques
Au Royaume-Uni, l’ONG "Big Brother Watch" a dénoncé récemment le manque d’efficacité de la reconnaissance faciale automatique, qui consiste à faire scanner informatiquement les visages dans un endroit public pour les identifier en temps réel et les comparer à des bases de données.
Selon "Big Brother Watch", non seulement cette technique aboutit à procéder à un contrôle biométrique de n’importe quel citoyen, mais, de plus, elle n’est pas fiable puisque selon les chiffres de la police londonienne elle-même, le système – actuellement en test – se trompe dans l’identification des personnes dans la quasi-totalité des cas, croyant à tort reconnaître des délinquants.
"La surveillance gouvernementale alimentée par la reconnaissance faciale est une incroyable violation de la vie privée de tous les citoyens et une pente glissante vers la perte complète de nos identités". Brian Brackeen, directeur de Kairos et concepteur de logiciels de reconnaissance faciale.
Des logiciels utilisés pour surveiller les frontières
Clare Garvie, qui a mené l’étude de Georgetown, estime que depuis deux ans, "la reconnaissance faciale a été déployée de façon plus large et plus active" aux États-Unis, notamment pour le contrôle aux frontières. Cette technologie n’est déjà plus de la science-fiction en Chine, en pointe sur le sujet, où elle y est largement utilisée pour surveiller les citoyens.
Plusieurs groupes technologiques sont présents dans la reconnaissance faciale, comme Microsoft, dont la technologie est utilisée aux frontières, tandis que le Maryland se sert de celle de l’Allemand Cognitec et du Japonais NEC. Ces entreprises ne sont pas épargnées par la controverse, comme Amazon, qui fait face à une fronde d’employés et de militants lui reprochant de vendre ses technologies à la police.
Le géant de l’internet se défend en assurant qu’il ne mène aucune activité de surveillance, ni ne fournit de données à la police, ajoutant que sa technologie peut aider à retrouver des enfants disparus ou lutter contre le trafic d’êtres humains.
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Implantation des caméras de surveillance sur l’avenue de Libération (ex-24 novembre) à Kinshasa, décembre 2015. (© Radio Okapi/John Bompengo)