Science & env.
Ce refus a été de nouveau exprimé au cours d’une conférence de presse tenue le mercredi 26 septembre à Kinshasa par l’Alliance pour les moyens d’existence verts, un consortium d’organisations de la société civile du Nord-Kivu.
La Société civile dit « non à toute initiative visant à désaffecter ou déclasser les parcs nationaux des Virunga et Salonga ou une de leurs parties pour exploiter le pétrole au préjudice de l’humanité et des communautés locales en République démocratique du Congo ».
Dans sa communication de circonstance, la coordinatrice du consortium, Florence Sitwaminya a annoncé l’existence d’une pétition adressée au président de la république, signée par plus de 23.000 personnes en l’espace de deux mois et qui s’inscrit dans le cadre du plaidoyer en faveur de la protection de l’écosystème dans l’Est de la RDC.
« Les habitants des territoires de Lubero, Rutshuru, Nyiragongo, Masisi, et Beni et la ville de Goma ont exprimé, à travers la pétition, leur réel engagement de contribuer à la protection de la nature et y tirer des bénéfices, selon les prescrits des instruments juridiques nationaux et internationaux en matière de conservation de la nature. Ils reconnaissent les services éco-systémiques innombrables dont l’humanité bénéficie depuis la création du monde jusqu’à nos jours à travers la sauvegarde dans leurs états actuels… », a-t-elle indiqué.
Obtenir une audience avec le chef de l'Etat
La délégation venue du Nord-Kivu pour remettre la pétition se réjouit de voir les différentes autorités et partenaires au développement s’approprier la démarche afin de ne pas annihiler le prestige de la RDC qui reste un pays charnier dans les solutions attendues aux crises multiples issues des effets du changement climatique. Elle espère, apprend-on, se voir obtenir selon que l’agenda du chef de l’Etat le permettra, une audience pour partager de vive voix les préoccupations profondes des communautés riveraines des parcs nationaux Virunga et Salonga.
Les habitants vivant autour de ces aires protégées souhaitent voir le gouvernement respecter ses engagements légaux en matière de conservation de la nature et considérer leur volonté de protéger ces patrimoines. Ils y tirent l’essentiel de leurs moyens de subsistance et ne demandent rien d’autre que l’annulation de tout projet relatif à l’exploration et à l’exploitation du pétrole dans ces aires protégées dans les Virunga et la Salonga.
Déclassement d'une zone à intérêt pétrolier
Il y a trois mois, la République démocratique du Congo a officialisé son projet d'exploiter du pétrole dans le parc naturel des Virunga. Ce qui a suscité l'inquiétude des défenseurs de l'environnement.
Depuis, le gouvernement congolais a projeté le "déclassement par décret d'une zone à intérêt pétrolier", selon un compte-rendu d'un conseil des ministres en date du 8 juin dernier, diffusé 21 jours après. La "zone d'intérêt pétrolier" concerne 172.075 hectares des Virunga, soit 21,5 % de la surface totale de ce parc classé au patrimoine mondial par l'Unesco, d'après le compte-rendu qui n’a donné aucun chiffre pour la Salonga.
A ce sujet, le ministre des hydrocarbures a même demandé "l'autorisation de constituer, avec son collègue de l'environnement et du développement durable, une commission interministérielle" pour préparer les deux décrets. "Après examen, le Conseil des ministres a accordé les deux autorisations", précise le compte-rendu.
Ce projet de "commission" pour étudier le "déclassement" partiel de deux des joyaux naturels et touristiques de la RD Congo avait été révélé par l'ONG Global Witness le 3 mai dernier. L'ONG avait demandé l'arrêt de ce projet, dénonçant "des conséquences catastrophiques" pour l'environnement.
Le parc de la Salonga abrite près de 40 % de la population mondiale de bonobos, tandis que celui des Virunga constitue un habitat vital pour de nombreuses espèces protégées, les hippopotames, les éléphants et certains des derniers gorilles des montagnes au monde. Dans les Virunga, le plus ancien parc naturel d'Afrique, les réserves pétrolières sont estimées à "6 758 milliards de barils avec des recettes budgétaires additionnelles de 7 milliards de dollars", selon une note du ministre.
Le parc des Virunga a suspendu ses activités touristiques jusqu'à la fin de l'année, après la mort d'une ranger et l'enlèvement de trois personnes, dont deux touristes britanniques, le 11 mai. À la frontière avec le Rwanda et l'Ouganda, les Virunga s'étendent sur 7 800 km2 dans la province du Nord-Kivu.
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