Invités par Barack Obama, les dirigeants de 47 pays africains à un sommet à Washington

La Maison Blanche vient de rendre publique l'invitation qu'elle a lancée à 47 pays du continent africain, pour participer à cette grand-messe. Ce sommet de très haut niveau est loin d'être une surprise. C'est depuis le mois de juin dernier, à l'occasion de son voyage en République Sud-Africaine que le chef de l'exécutif américain, Barack Hussein Obama, avait fait cette promesse.

Il est important de rappeler qu'il s'agit-là d'un projet que l'administration américaine entretenait depuis plusieurs années, et qui n'avait pu être réalisé lors du premier mandat du premier locataire d'origine africaine de la Maison Blanche. Son deuxième mandat offre enfin à Barack Obama l'occasion de concrétiser ce vœu, d'autant plus que cette rencontre est l'occasion, pour le pays de l'oncle Sam, de resserrer les liens avec le continent africain.

47 chefs d'Etat et de gouvernement africains seront donc, dans sept mois, les invités de Barack Obama. C'est une première, car on n'avait jamais vu un tel aréopage des chefs d'Etat du sud à la Maison Blanche. C'est du jamais vu.

47 chefs d'Etat africains, cela signifie qu'au moins sept d'entre eux ne feront pas partie du voyage. Il s'agit des dirigeants de Centrafrique, de Madagascar, de Guinée-Bissau, d'Egypte, d'Erythrée, du Soudan et du Zimbabwe. Madame Dlamini Zuma, présidente de la commission de l'Union africaine, est également conviée.

On peut regretter que cette invitation soit antérieure à l'avènement de Mme Catherine Samba Panza en Centrafrique, car la non-invitation de son pays est certainement relative à la situation calamiteuse qu'il a connue, et dont on lui souhaite de s'affranchir totalement.

Ce qui est vrai pour la Centrafrique l'est également pour Madagascar dont le nouveau chef de l'Etat, Hery Rajaonarimampiani, vient à peine d'être élu à l'issue d'une transition mouvementée.

L'Egypte, pays pourtant ami des Etats-Unis, paie la tribulation dans laquelle elle s'est vautrée depuis le printemps arabe.

Le Soudanais Omar El Béchir paie sûrement ses démêlés avec la CPI qui, on le sait, a lancé un mandat d'arrêt contre lui. On pourrait rétorquer que le président kényan a également maille à partir avec l'institution de La Haye. Mais le fils de Jomo Kenyatta, lui, ne s'est jamais soustrait de cette justice et s'est toujours déclaré, au contraire, disposé à réponde à ses invitations.

La question ne mérite même pas d'être posée au sujet de Robert Mugabe. Le chef de l'Etat zimbabwéen est dans le collimateur de pratiquement tous les pays occidentaux.

La Maison Blanche ne s'embarrasse pas de circonlocutions diplomatiques. On aura ainsi remarqué que les pays qui n'ont pas de bonnes relations avec les Etats-Unis ou sont suspendus par l'Union africaine ne sont pas sur la liste.

Lors des obsèques de Nelson Mandela, en décembre dernier, le président américain a sévèrement mis en garde les dirigeants africains « qui se réclament de Madiba mais se gardent de mettre en pratique la moindre réforme pour endiguer les inégalités. Les cyniques qui osent parler de Liberté, une liberté qu'ils n'accordent pas à leur peuple ».

Signalons que Madame Dlamini Zuma, présidente de la commission de l'Union africaine, est également conviée.

Le sommet lui-même sera essentiellement consacré à l'économie, à la sécurité et à la démocratie, thèmes chers à Barack Obama,

La RDC, notre pays, qui entretient des relations bilatérales privilégiées avec les Etats-Unis, doit profiter au maximum de ce sommet. On se souviendra qu'il y a quelques dizaines d'années, en tout cas jusqu'aux tristes pillages qu'a connu ce pays en 1991 et 1993, des firmes américaines contribuaient efficacement à l'économie congolaise, avec les entreprises comme General Motors, Gulf Oil, Pan Am ou encore Goodyear.

Ce sont des sujets qui pourraient être mis à la table des entretiens au cours de cet important sommet. A cet effet, les experts de la partie congolaise devraient préparer des dossiers de fond et ne pas se limiter aux considérations protocolaires.

Au niveau international, les Etats-Unis sont là en train de recadrer les choses face à la puissante incursion chinoise en Afrique. Ce qui ne peut pas ne pas inquiéter la première puissance économique mondiale qui se sent ainsi bousculée.

Quoi que constituant une aubaine, cette invitation ne doit pourtant pas amener les Africains à y aller les yeux clos, gobant comme des écoliers tout ce qui leur tombera du ciel. La Maison Blanche a, par exemple, publiquement désapprouvé les lois discriminantes pour les homosexuels mises en place au Nigéria ou en Ouganda. En effet, l'occident, dans l'ensemble, non satisfait d'institutionnaliser l'homosexualité, tente de pousser les autres parties du monde, particulièrement l'Afrique qui a tendance à tout copier de lui, à le suivre dans cette dérive. C'est certainement là un des sujets qui seront abordés au cours de cette réunion de famille. Que chacun sache donc à quoi s'en tenir.