Monde
Menacée d'un « châtiment sévère » par Donald Trump si la disparition du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en Turquie était avérée, l’Arabie saoudite promet à son tour des représailles.
Gare à ceux qui, comme le président américain, seraient tentés d'évoquer un « châtiment sévère ». Si des sanctions sont appliquées, l'Arabie saoudite répondra par des sanctions plus grandes encore, prévient Riyad. « L’économie du royaume a un rôle vital et d’influence pour l’économie mondiale », affirme un « haut responsable saoudien » (anonyme) cité par l’agence officielle SPA.
Mais pour le moment, c’est bien l’économie du royaume qui fait les frais des menaces – pourtant très vagues – de Donald Trump. Sans même qu’il ait eu à les mettre à exécution, la bourse de Riyad a fortement dévissé ce dimanche, perdant en quelques heures tous les gains engrangés en 2018.
L’affaire Khashoggi, du nom de ce journaliste saoudien disparu après s'être rendu au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul, a manifestement échaudé les investisseurs. Et plusieurs grands médias ont déjà annoncé qu’ils allaient boycotter la seconde édition du Davos du désert qui doit se tenir dans dix jours dans le royaume.
« En dépit de ses menaces qu'elle profère sur des menaces qu'elle pourrait prendre, l'Arabie saoudite a besoin d'une aide internationale », juge Didier Billion, directeur adjoint de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS). Car pour se dégager de sa dépendance absolue au pétrole et diversifier ses richesses, elle a besoin du soutien des principales entreprises internationales et des Etats qui pèsent sur l'économie internationale, analyse le chercheur.
« Je crains fort que l'Arabie saoudite soit obligée de baisser d'un ton dans les jours ou les semaines à venir, parce qu'elle a besoin du monde extérieur et ne peut pas se permettre de prendre des initiatives intempestives dans la région et procéder à l'assassinat de journalistes dans les pays tiers », estime encore Didier Billion.
Riyad prend donc la parole, mais reste sur la même ligne : elle dément toute implication dans la disparition du journaliste. Et refuse même, selon la Turquie, de coopérer à l’enquête. Mais la pression augmente davantage. Dans une déclaration conjointe, Berlin Paris et Londres appellent ce dimanche soir à une enquête crédible et disent attendre du gouvernement saoudien « des réponses complètes et détaillées ».
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