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Infos congo - Actualités Congo - 08 Mars 2024
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Politique

Choix du Dauphin : comment Joseph Kabila en est-il arrivé là ?

2018-08-09
09.08.2018
2018-08-09
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Joseph Kabila aurait dû quitter le pouvoir le 20 décembre 2016, à la fin de son deuxième mandat. Jusqu'au bout, il aura maintenu le suspense plongeant son pays dans une profonde crise politique.

Fin du suspense. Sous pression de la population, des institutions régionales et de la communauté internationale, le président Joseph Kabila s'est finalement plié à la Constitution en se déclarant hors-jeu à la présidentielle du 23 décembre 2018. Et ce après dix-sept années de pouvoir. C'est finalement un homme du sérail, Emmanuel Ramazani Shadary, actuel secrétaire permanent du PPRD qui défendra les couleurs du camp présidentiel à travers le Front commun pour le Congo en décembre prochain.

« Par cet acte, Joseph Kabila a fait preuve d'un courage politique exceptionnel qui le fait entrer par la grande porte dans le panthéon de l'histoire politique de la RDC », se réjouit Le Potentiel. Et le quotidien congolais de souligner son satisfecit, car c'est bien la première fois de son histoire que ce pays indépendant depuis le 30 juin 1960 connaît la perspective d'une transition pacifique.

La décision de Joseph Kabila saluée par tous

C'est donc avec une certaine ferveur et un sentiment de reconnaissance que les adversaires de Joseph Kabila ont qualifié de « victoire » le fait que Joseph Kabila s'engage finalement « à quitter le pouvoir ». « Pour la première fois, un peuple d'Afrique centrale est parvenu à empêcher un chef d'État puissamment soutenu par les forces armées de modifier la Constitution et l'a forcé à quitter le pouvoir », avance Christophe Lutundula, porte-parole d'Ensemble, la coalition de l'opposant Moïse Katumbi.

« Nous avons gagné une bataille importante mais la lutte continue : celle pour une vraie alternance », a réagi le mouvement citoyen pro-démocratie Lutte pour le changement (Lucha).

La décision de Kabila « doit être suivie par des avancées concrètes en matière des droits de l'homme », a indiqué pour sa part Amnesty International, qui cite l'autorisation des « manifestations pacifiques » et la libération de militants des droits de l'homme.

« Nous sommes encore très loin d'un processus électoral crédible, et beaucoup de choses peuvent se passe d'ici à décembre, y compris des délais supplémentaires », a commenté l'ONG Human Ritghs Watch, en invitant au maintien des pressions sur Kinshasa.

Les « partenaires » étrangers suivent de près la situation dans l'immense RDC, que les diplomates perçoivent comme un risque de déstabilisation régionale avec ses 2,3 millions de kilomètres carrés, ses neuf frontières, ses ressources minérales très convoitées et ses multiples zones de tensions.

Les États-Unis ont salué la décision de Kabila de respecter la Constitution. « Ce développement est une autre avancée mais il y a bien davantage à faire », a déclaré l'ambassadrice aux Nations unies Nikki Haley. La commission électorale « doit prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir au peuple congolais le droit d'exercer son (droit de) vote lors d'élections libres, justes et crédibles le 23 décembre 2018 », a-t-elle ajouté.

Le président Emmanuel Macron a évoqué la RDC avec son homologue sud-africain Cyril Ramaphosa, a indiqué Paris. « Cette décision n'est pas une surprise, car Joseph Kabila restait très constant sur ce point, mais dans son entourage les opinions n'étaient pas homogènes. Et dans cette région, ce n'est pas la pratique habituelle que de passer la main, c'est plutôt l'inverse qui est la norme. C'est une posture courageuse de Joseph Kabila que d'aller jusqu'au bout de la démarche qu'il avait engagée », confie une source à Paris, à l'AFP. Le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, a déclaré qu'il « prend acte » tout en souhaitant un climat « apaisé » pour les prochaines élections afin que les résultats soient « crédibles ».

Énormes pressions

Cette décision constitue aussi un pas immense pour cette région d'Afrique centrale et de l'Est où les pays sont dirigés par des présidents qui ont cédé à la tentation du troisième mandat, comme le Burundi, le Congo, le Rwanda. Il est vrai que chacun de leurs dirigeants a trouvé la formule idéale comme la modification de la Constitution à travers le référendum pour se maintenir au pouvoir. D'autres comme le Cameroun ou l'Ouganda ont à leur tête des chefs d'État qui en sont à leur quatrième, voire cinquième mandat.

Sauf qu'en RD Congo, Joseph Kabila n'a pas pris cette décision de son propre chef sinon pourquoi ne pas avoir annoncé sa décision plus tôt et ainsi éviter les morts ?

Si le chef de l'État de la République démocratique du Congo a finalement renoncé de céder à la tentation du troisième mandat, il l'a fait sous la pression de la population, activistes et politiques confondus, ainsi que sous les menaces de la communauté internationale. Et pas seulement les États-Unis ou la Belgique, l'Union africaine et la SADC, l'organisation panafricaine régionale, se sont activées ces derniers mois pour faire changer Kabila d'avis. L'Angola a aussi joué un rôle décisif dans ce renoncement. En réalité, il semble que le chef de l'État congolais n'ait pas réussi à trouver la bonne formule lui permettant de rester à son fauteuil pour un long moment. Le facteur de la limitation du nombre de mandats introduit dans la Constitution a augmenté la pression et fait reculer le jeune dirigeant.

Washington avait pour sa part envisagé de nouvelles sanctions ciblées pour obliger Joseph Kabila à quitter le pouvoir, a affirmé lundi le Financial Times. Au moins un membre de sa famille aurait été privé de visa pour les États-Unis en juin, selon la même source.

Les Congolais ont exigé le respect de la Constitution

Rappelons que Joseph Kabila n'a plus de mandat présidentiel officiel depuis la fin du mois de décembre 2016. Depuis 2014, les Congolais ont commencé par manifester d'abord contre la modification de la Constitution proposée par la majorité à l'Assemblée nationale, puis contre sa volonté de toucher à la loi électorale un an plus tard en 2015. C'est en janvier 2015 que les manifestations commencent par prendre de l'ampleur et la répression se faire plus violente. Arrestations massives, peines de prison pour des milliers de Congolais ainsi que les morts de centaines de manifestants ont réveillé la communauté internationale qui a fini par prendre position pour qu'une issue soit trouvée dans les urnes.

Les 19 et 20 septembre 2016, de nouvelles violences entre forces de l'ordre et jeunes réclamant le départ de Kabila secouent Kinshasa, faisant plusieurs dizaines de morts. Des pillages et des incendies visent des bâtiments publics et des permanences de partis de la majorité.

Le 20 décembre, au dernier jour du mandat de Kabila, Kinshasa et plusieurs autres villes sont le théâtre d'affrontements meurtriers entre forces de l'ordre et jeunes hostiles à son maintien au pouvoir. L'ONU fait état d'au moins 40 morts.

Le 31 décembre 2016, pouvoir et opposition signent un accord sous l'égide de l'épiscopat catholique, autorisant Joseph Kabila à rester jusqu'à la « fin 2017 », en contrepartie de la création d'un Conseil national de suivi de l'accord et de la nomination d'un Premier ministre issu de l'opposition. Le 7 avril 2017, Bruno Tshibala est nommé Premier ministre. Félix Tshisekedi, fils d'Étienne Tshisekedi – décédé en février –, qui briguait ce poste, accuse le président d'être « le principal obstacle au processus démocratique ».

L'épiscopat s'en mêle et déplore « l'usage disproportionné de la force » par la police, citant « au moins » 56 morts, dont 52 « par balle », dans des manifestations entre avril et octobre 2017.

Les 31 décembre et 21 janvier, une quinzaine de personnes sont tuées dans la répression de marches interdites, à l'appel d'un « comité laïque de coordination », proche de l'Église catholique. Nouvelle marche et deux nouveaux morts dans la répression le 25 février 2018. L'ONU et les pays occidentaux durcissent le ton contre Kinshasa.

Kabila compte bien rester aux commandes encore longtemps

Cette capacité de Joseph Kabila à se maintenir au pouvoir en dehors des règles fait craindre que le « raïs » n'en a pas fini avec la stratégie de « glissement ». Non seulement l'opposition est vent debout concernant le processus électoral notamment, sur la validité du fichier électoral et ses quelque 40 millions d'inscrits. Il y aussi des polémiques sur les machines à voter, imposées par la Ceni, sans oublier qu'un poids lourd de la politique, Moïse Katumbi n'a pas pu déposer sa candidature, alors que la communauté internationale appelait à un scrutin libre et ouvert. Est-ce dans ces conditions que le vote se déroulera le 23 décembre ? N'y a-t-il pas de risque que le pouvoir repousse encore l'échéance ? Autant de questions que pose la classe politique.

D'autre part, Joseph Kabila s'est taillé une part de lion dans le gâteau RD congolais. C'est un homme d'affaires dont la famille est à la tête de plus d'une soixantaine d'entreprises. « Ensemble, les Kabila ont bâti un réseau d'entreprises qui s'étend dans tous les secteurs de l'économie congolaise et qui a rapporté des centaines de millions de dollars à leur famille », écrit Bloomberg, l'agence de presse américaine spécialisée dans les questions économiques dans un rapport de 2016.

Côté politique, le président congolais a pris des assurances pour peser sur l'échiquier politique. D'abord avec une réforme des statuts de son parti, le PPRD qui prévoit la création d'un poste de président devant lui revenir. Il exerce aussi le leadership au sein de la coalition du FCC qu'il a fondé. Il en est l'autorité morale. Ensuite, il a placé ses hommes-clés aux postes les plus importants de l'appareil sécuritaire du pays. Des raisons qui poussent certains à voir derrière cette tactique une approche de verrouillage du système à la Poutine-Medmedev. S'il quitte le pouvoir début 2019, Kabila sera aussi sénateur à vie, selon la Constitution.

Viviane Forson
Le Point / MCP, via mediacongo.net
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