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Après trois demandes, les avocats de Carlos Ghosn ont obtenu gain de cause. Le tribunal de Tokyo a annoncé, ce mardi, qu’il acceptait la mise en liberté sous caution de l'ancien PDG des constructeurs automobiles Nissan et Renault.
Quelques heures après la décision du tribunal de Tokyo, le bureau des procureurs a annoncé qu"il faisait appel. Le montant de la caution de Carlos Ghosn, arrêté le 17 novembre dernier et incarcéré depuis plus de trois mois, a été fixé à un milliard de yens (8 millions d’euros).
Une requête jugée « convaincante » par le tribunal
Le tribunal a estimé que le risque de fuite ou d’altération de preuves est faible, mais il a assorti son choix de conditions restrictives : obligation de résider au Japon, interdiction de quitter le pays même pour un bref séjour et dispositions pour éviter sa fuite et la destruction de preuves. Cette décision intervient en réponse à une troisième demande de mise en liberté sous caution, les deux premières ayant été rejetées.
Elle intervient en outre au lendemain d’une conférence de presse du nouveau principal avocat de Carlos Ghosn, Junichiro Hironaka, surnommé «l'innocenteur» pour avoir obtenu nombre d’acquittements d’inculpés de haute volée. Il avait présenté sa requête comme « convaincante », précisant qu’il proposait que Carlos Ghosn soit placé sous la surveillance de caméras et dispose de moyens limités de communication vers l’extérieur.
Nissan accuse Carlos Ghosn de « conduites manifestement contraires à l’étique »
«Nissan ne joue aucun rôle dans les décisions prises par les tribunaux ou les procureurs et n’est donc pas en position de commenter », a réagi le constructeur japonais dans un message transmis aux médias. « Les investigations menées en interne chez Nissan ont montré des conduites (de Carlos Ghosn) manifestement contraires à l’étique (…) et d’autres faits continuent d’émerger », a ajouté le groupe.
Carlos Ghosn avait été arrêté le 19 novembre à son arrivée à Tokyo et placé dans le centre de détention de Kosuge, dans le nord de la capitale, où il se trouve encore depuis plus de 100 jours. Sa famille avait annoncé lundi avoir décidé de saisir les Nations unies, estimant que les « droits fondamentaux » de l’ancien dirigeant de Renault et Nissan n’étaient pas respectés.
Carlos Ghosn, victime d’un complot de Nissan pour stopper son projet ?
Carlos Ghosn a été inculpé pour minoration d'une partie de ses revenus pour un montant de 9,23 milliards de yens (74 millions d’euros) de 2010 à 2018, dans les rapports de Nissan remis aux autorités boursières. Il a également été mis en examen pour abus de confiance. Il avait dénoncé fin janvier sa détention prolongée, un traitement qui « ne serait normal », selon lui, « dans aucune autre démocratie ». L’homme d’affaires franco-libano-brésilien avait décidé de changer mi-février son équipe de défense japonaise, au moment d’aborder la phase de préparation de son procès, qui n’interviendra pas avant plusieurs mois.
« Je suis impatient de pouvoir me défendre, avec vigueur, et ce choix représente pour moi la première étape d’un processus visant non seulement à rétablir mon innocence, mais aussi à faire la lumière sur les circonstances qui ont conduit à mon injuste détention », avait-il alors dit. Il estime avoir été victime d'un «complot» ourdi par Nissan pour faire échouer son projet de rapprochement avec Renault.
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