Provinces
Massacre, génocide ou crime contre l’humanité ? Après un rapport publié à la mi-janvier, au sujet des violences survenues en décembre dernier à Yumbi, par le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme en République démocratique du Congo, certaines voix estiment que l’ONU n’a pas été assez loin dans sa qualification des crimes commis.
Comment qualifier les crimes qui se sont déroulés à Yumbi, en République démocratique du Congo ? Lundi, le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l'homme (BCNUDH) a publié un rapport sur une série d'attaques dans ce territoire de la province du Maï-Ndombe à la mi-décembre. Un bilan d'au moins 535 morts et quelque 16 000 déplacés. Des actes « prémédités et coordonnés » qui visaient la communauté Banunu.
« Intention de détruire une communauté »
Au sein de la société civile congolaise, plusieurs voix estiment que l'ONU aurait dû aller plus loin et parler de génocide.
Un avis partagé par Jean-Mobert Nsenga, activiste congolais et chercheur à Amnesty International. « Les faits, tels que décrits dans ce rapport, pourraient plutôt constituer un crime de génocide. En cela qu’il y a eu, d’après les enquêteurs, intention de détruire la communauté Banunu en tant que telle. C’était prémédité et systématique. Il y a eu les meurtres, les destructions de maisons, entre autres, dans l’intention de détruire tout ou partie de cette communauté.
C’est ça qui fait toute la différence avec les crimes contre l’humanité. Ça ne fait pas beaucoup de différence pour les victimes, en tout cas. Par contre, du point de vue politique, le crime de génocide est considéré comme le crime le plus grave parmi les crimes internationaux. Et lorsqu’il y a des faits portant à croire qu’un crime de génocide a été commis, il y a une obligation plus forte, en tout cas en pratique, pour la communauté internationale, d’intervenir pour arrêter ou punir les responsables ».
Le BCNUDH maintient, lui, sa qualification de crimes contre l'humanité : « Si les éléments constitutifs sont établis, mais cela, sans préjudice de toute autre qualification que la justice pourrait retenir. »
Pour rappel, le massacre s'est déroulé entre les 16 et 18 décembre derniers. L'origine de ces violences, c’est un différend foncier entre les communautés banunu et batenda. Un chef coutumier banunu a été enterré sur territoire batenda, sans l'accord de ces derniers. Le lendemain de l’enterrement, les hostilités ont alors commencé.
Une tuerie aux lourdes séquelles
Les violences qui ont embrasé la région de Yumbi en décembre ont, encore aujourd’hui, des séquelles sur la santé mentale de la population. C’est l'ONG Médecins sans frontières (MSF) qui l’affirme après avoir interrogé un millier de personnes.
Aujourd’hui, la communauté a de gros troubles en santé mentale dus aux violences du mois de décembre. Les gros problèmes, ce sont les maisons qui ont été détruites, la perte des proches, la vision des corps, des cadavres.
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