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Infos congo - Actualités Congo - 08 Mars 2024
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Europe. Le Brexit, révélateur d'une crise franco-allemande

2019-04-15
15.04.2019
2019-04-15
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Lors du Conseil européen spécial consacré au Brexit, mercredi 10 avril dernier, les positions de Paris et de Berlin étaient distantes comme on l’a rarement vu. La Chancelière était favorable à un report confortable de la sortie du Royaume-Uni. Emmanuel Macron insistait pour une ligne plus ferme vis-à-vis de Londres. Un différend qui s’ajoute à de nombreuses dissonances des derniers mois entre Paris et Berlin.

La scène se situait à Bruxelles, quelques heures avant le sommet européen censé offrir aux Britanniques un nouveau report après celui accordé le mois dernier. Angela Merkel s’adressait aux membres du Parti Populaire Européen, le PPE, un levier décisif pour Berlin pour peser sur les dynamiques européennes. La Chancelière savait déjà que le président français arrivait au Sommet avec une intention de fermeté, résolu à ne pas donner un an de délai, et elle exprima ainsi, devant le gotha de la droite européenne, combien le « raisonnement » d’Emmanuel Macron lui semblait « incompréhensible ».

Du point de vue allemand, particulièrement exposé en cas de Brexit sans accord, l’élargissement d’un nouveau délai pour les Britanniques n’avait rien de dramatique. Pour Berlin, estime un proche de la Chancelière, « le premier sujet de préoccupation c’est « les incertitudes du commerce international sont le facteur le plus important. Et ce point est lié d’abord aux problèmes commerciaux irrésolus entre Américains et Chinois ». En second lieu, estime toujours cette source, « c’est l’enjeu commercial entre l’UE et les États-Unis ». Le Brexit, ajoute-t-il, « n’arrive qu’en troisième ».

Priorités allemandes

Bref, pour traduire ce langage diplomatique, disons que la première puissance européenne, leader mondial des exportations, est très inquiète du risque de spirale protectionniste, et d’un possible accord sino-américain dans le dos des Européens. Et donc très disposée à concéder aux Britanniques la souplesse demandée par Theresa May.

Le Président français, en revanche, estime que les prolongations avec les Britanniques ne changeront pas la donne, et que cela n’aura pour principal effet que de retarder, voire d’ensabler, l’agenda proprement européen. Du moins, celui qu’Emmanuel Macron a exposé dans son discours de la Sorbonne en septembre 2017, et repris en partie dans sa Lettre aux Européens. Réforme de la zone euro, saut qualitatif en matière de défense et de stratégie, passage à la majorité qualifiée sur des enjeux de politique internationale pour sortir du marécage de l’unanimité. Comme l’affirmait ce week-end la Süddeutsche Zeitung, « ce n’est pas l’amour entre les ministres des Finances allemand et français. La relation a rarement été aussi tendue entre Olaf Scholz et Bruno Le Maire qui ressemble après un an à un couple désuni ».

La presse britannique ajoute du sel

Pour la première fois depuis le début de la négociation avec les Britanniques, une fissure est donc apparue au sein du bloc des 27. Et en particulier entre Paris et Berlin. La presse britannique n’a pas manqué de le souligner. Dans un article d’analyse paru vendredi 12 avril, le Financial Times relevait que ce désaccord intervient dans un contexte de tensions entre Paris et Berlin sur la réforme de la zone euro, les exportations d’armes (avec l’Arabie Saoudite notamment) et la dépendance énergétique allemande vis-à-vis de Moscou à travers la construction du gazoduc Nord Stream 2.

« L’ironie », écrivait ainsi le Financial Times, « est qu’après 40 ans de présence dans l’UE marquée par quelques échecs spectaculaires dans ses tentatives de diviser l’alliance franco-allemande sur les grandes décisions politiques, le Royaume-Uni est en train d’y parvenir alors qu’il se dirige vers la sortie ».

L’hebdomadaire conservateur de Londres, The Spectator, en profitait la semaine dernière pour croquer le président français en monarque ayant réussi le prodige de se mettre son peuple à dos. Le Times et les tabloïds n’étaient pas en reste en cette fin de semaine. Ravis de souligner que pour une fois ce n’était plus Theresa May qui était isolée, mais le président Macron qui devait prendre acte du ralliement d’une majorité d’États européens sur la position allemande. Même si, officiellement et au final, c’est un compromis (le 31 octobre 2019 et non le 31 mars 2020) qui est ressorti du Conseil européen. Comme toujours. De Berlin, en revanche, les accusations étaient même très directes, comme en témoignent les propos du président de la Commission des affaires étrangères du Bundestag, Norbert Rötgen (CDU), pourtant très enclin au dialogue franco-allemand.

Que veut Berlin ?

Le climat est surprenant pour tous ceux qui suivent depuis longtemps les relations franco-allemandes. D’un côté, on observe une Allemagne qui était littéralement paniquée à l’idée d’une défaite d’Emmanuel Macron en 2017. Un pays qui se sent lâché par l’Amérique, son parapluie depuis 1945. Et qui, sur ces questions de défenses et de stratégie, n’hésite pas à lancer des ballons d’essais sur la défense européenne, voire sur le parapluie nucléaire français. De ce point de vue, une logique de cohésion franco-allemande et européenne semblerait avoir le dessus.

Mais dans le même temps, Berlin reste accroché au cœur de ses intérêts économiques sans proposer le moindre saut qualitatif au niveau européen. Le logiciel est rodé. Malgré d’énormes excédents budgétaires, l’Allemagne rechigne à toute réforme de la zone euro. Le récent ralentissement de la croissance ne va que renforcer ce réflexe. En outre, comme le montrait avec précision l’hebdomadaire britannique The Economist ce week-end, le Mittelstand, c’est-à-dire l’incroyable tissu de moyennes industries et entreprises allemandes qui ont fait le succès du Made in Germany à l’export, est paniqué à l’idée d’un Brexit sans accord. Le brusque coup de frein qui en découlerait serait un coup de massue sur un modèle économique qui est aussi un ciment social dans une Allemagne qui a fait du contrôle de l’inflation une loi sacrée.

Les attaques très inamicales d’AKK

L’incompréhension avec Paris est d’autant plus patente, que l’on a assisté ces dernières semaines à un véritable dialogue de sourd. Alors qu’Emmanuel Macron, dans sa lettre aux Européens, relançait ses propositions de relance de la construction européenne (avec une arrière-pensée évidemment électorale mais pas du tout ciblée contre l’Allemagne), la réponse venue de Berlin a été particulièrement glaçante. Annegret Kramp-Karrenbauer, dauphine d’Angela Merkel et nouvelle patronne (à quelques voix près) de la CDU, a publié une lettre particulièrement glaciale. Attaquant la France sur deux points sensibles : le siège permanent de la France au Conseil de sécurité de l’ONU et la permanence du siège du Parlement européen à Strasbourg, régulièrement contestée.

Bien sûr, les officiels allemands s’échinent depuis la publication de cette réponse à expliquer que AKK n’a été élue qu’avec une faible majorité lors du congrès de la CDU, qu’elle doit rassurer l’aile droite de son parti, que des élections importantes ont lieu cette année dans trois Länder de l’ancienne Allemagne de l’Est où l’AfD (le parti nationaliste d’extrême-droite) est particulièrement virulente et que l’ancienne Présidente de la Sarre, francophone et en théorie francophile, a plus fait pour la diffusion de la langue française que les trois derniers chanceliers réunis. Certes. Mais on ne comprend pas pour autant la raison d’une attaque aussi inamicale contre des intérêts vitaux de la France. Qui plus est des intérêts qui volent largement au-dessus des intérêts de l’électeur allemand, à quelques semaines des Européennes.

Le PPE, clef de voûte de l’influence allemande

L’autre dimension du fossé qui se creuse entre Paris et Berlin est d’ordre politique. Depuis quinze ans, l’Allemagne (ou plutôt la CDU qui la gouverne depuis l’arrivée d’Angela Merkel) a fait du PPE un instrument d’influence déterminant dans l’adoption des législations au niveau européen. Le scandale sur les manipulations des émissions de gaz dans l’industrie automobile vaut pour toutes les campagnes. La Grande coalition (PPE-PSE) qui, depuis quatre législatures, décide du sort du Parlement européen est un levier puissant pour les intérêts allemands, alors que la France, empêtrée dans les séquelles du référendum de 2005 et plombée par la présence de nombreux politiciens au sein des deux anciens partis de gouvernement recyclés à Strasbourg, a perdu en influence.

Or, Emmanuel Macron est, par nature, en rupture avec cet équilibre européen. En Marche ne rééditera pas, à l’échelle européenne, l’incroyable succès qu’il a obtenu à la présidentielle française en 2017, mais son positionnement est en soi en opposition au PPE. Tout porte à penser que le PPE restera la première force du Parlement Européen, il n’y a pas de doute sur ce point. Mais quelle sera la force d’En Marche ? Et celle des libéraux de l’ADLE, son allié naturel ?

Du point de vue de la stratégie politique, Berlin et Paris ont des intérêts de plus en plus divergents. À plusieurs niveaux. Et c’est cela qui peut, légitimement, susciter des inquiétudes quant à la tenue d’un axe déterminant pour l’UE.

Laurent Marchand
Ouest France
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