Aimé Kilolo : « On reproche à Joseph Kabila d’avoir mis en avant les intérêts du peuple congolais »

De passage à Lubumbashi, le président du parti rénovateur pour un Congo vivant (PRPC) et membre du Front commun pour le Congo (FCC), Aimé Kilolo, a justifié sa présence dans la capitale cuprifère, par son envie de s’imprégner de la situation que traversent les habitants de Lubumbashi depuis un certain temps, étant donné que, a-t-il fait savoir, son parti politique milite pour le bien être du peuple congolais. L’ex avocat de Jean-Pierre Bemba a répondu aux questions de Media Congo Press sur les enjeux politiques actuels.       

MEDIA CONGO PRESS (MCP) : certains juristes affirment que les nominations intervenues hier (de Kyungu comme PCA de la SNCC et d’Albert Yuma comme PCA de la Gécamines) violeraient l'article 81 de la Constitution. Que dit le juriste que vous êtes ?

Aimé Kilolo : Ce qui est certain est que le pouvoir de nomination d’un mandataire de d’État au sein d’une entreprise, c'est-à-dire un mandataire actif comme le directeur général ou un mandataire non actif comme le président du conseil d’administration relève évidement du président de la République qui agit par ordonnance.

Mais seulement, la Constitution précise que la proposition des noms des animateurs qui vont être nommés par le président de la République provient du gouvernement. Donc, l’initiative de nomination doit venir du gouvernement et cela doit être discuté au sein du conseil du gouvernement, autrement dit délibérer en conseil des ministres en amont.

En aval, cette ordonnance doit être contre-signée  par le Premier ministre, selon l’article 81 de la Constitution. Du point de vue juridique, il faudrait que ces deux formalités soient remplies. Y a-t-il eu un contreseing ? Si oui, par quel Premier ministre nommé, mais pas encore en fonction, parce qu’on attend qu’il présente son programme devant l’Assemblée nationale pour procéder au vote d’investiture. Cette ordonnance ne peut être que contestée devant le conseil d’État et nom dans la rue...

MCP : Comment avez-vous accueilli ces nominations par le président de la République ?

C’est le pouvoir discrétionnaire du président de la République de nommer les mandataires de l’État au sein de l’entreprise, pour autant que cela soit fait sur proposition du gouvernement, délibéré en conseil des ministres et que les ordonnances prises soient contresignées par le Premier ministre. Il appartient au président de la République de nommer les mandataires, mais dans le respect de la Constitution et des lois de la république.

MCP : Pensez-vous que ces nominations soient déjà des compensations au regard des répartitions des postes ministériels en cours de tractation entre le FCC et CACH ?

Il est important d’éviter de tomber dans les spéculations! Aujourd’hui, nous avons une grande coalition gouvernementale. La majorité parlementaire est constituée du FCC, qui est la toute première force politique, et par CACH.  Kyungu Wa Kumwanza faisant partie de la force politique « Ensemble pour le changement », dirigée par Moïse Katumbi, a été nommé président du conseil d’administration d’une entreprise qui relève des attributions du gouvernement de coalition.

Cette nomination est alléchante pour la coalition FCC et CACH. Actuellement, le Fcc reste un lieu de rendez-vous du grand rassemblement de l’unité et de la cohésion nationale prônée par son autorité morale Joseph Kabila Kabange. FCC et CACH arrivent donc à fédérer toutes les personnes autour d’elles.

MCP : Etant un membre du FCC, où en sont les discussions sur la formation du gouvernement ?

Mon parti politique est signataire de la charte du FCC, nous faisons partie de la majorité parlementaire et nous intégrons cette coalition gouvernementale qui va se mettre en place. Les personnalités sont en train de finaliser la mise place de cette coalition. Le plus important pour moi n’est pas une question de positionnement personnel ou des individus. Il faut répondre aux attentes de la population. Il faudrait plutôt redresser le tissu économique et social.

Vu que je suis à Lubumbashi pour l’instant, il faut savoir que le modèle économique mis en place par Moïse Katumbi a échoué en détruisant le tissu économique et social. A cause de Moïse Katumbi, le Congo a raté le grand rendez-vous de son décollage, parce que le grand Katanga était la province pilote pour ce décollage.

MCP: Quelles sont vos attentes par rapport à ce nouveau gouvernement ?

Notre objectif est de mettre en pratique notre vision politique, à travers l’exercice concret du pouvoir. Nous sommes dans l'attente de la décision qui sera prise par le président de la République. Si notre parti est appelé pour accompagner le gouvernement, nous répondrons présents.

MCP : Dans une de vos interviews, en mars dernier, vous affirmiez que « la victoire du Front Commun pour le Congo (FCC) aux élections sénatoriales confirme que cette plate-forme est la première force politique en RDC ». Cependant, comment expliquez-vous la guerre que se livrent l'AFDC et le PPRD pour la présidence du bureau du Sénat ? Et que répondriez-vous à l’honorable Bahati Lukwebo qui traite le PPRD de « gourmand » ?

Je sais au moins qu’il n’existe pas de guerre au sein du FCC. Les relations sont plutôt harmonieuses. On ne peut pas reprocher à une formation politique au sein d’une coalition d’exprimer ses ambitions. Après, il y a des arbitrages de poids politiques.   

MCP : Quel est votre point de vue sur les enjeux politiques actuels dont le retour de Moïse Katumbi, après 3 ans d'exil et le retour annoncé de Jean-Pierre Bemba dont vous avez été un des avocats ?

Jean-Pierre Bemba a toute sa place au pays. J’ai été sous contrat avec lui et je m’en réjouis. J’ai toujours cru en son innocence. Moïse Katumbi ne doit pas se laisser instrumentaliser par les groupes économiques étrangers. Aujourd’hui, beaucoup de Katangais lui reprochent cette façon d'avoir mal géré la province durant son mandat.  Il a empêché plusieurs entrepreneurs  d’émerger et d'évoluer. On lui demande de ne pas instrumentaliser moins encore d'alimenter la division entre les Katangais. Mais, il est le bienvenu.

MCP : La dernière sortie d’Herman Cohen sur la création d’un tribunal spécial pénal contre Joseph Kabila, ex-président de la RDC, a soulevé plusieurs questionnements et laissé perplexes. Que pense le FCC de cette déclaration ? En tant qu’expert en droit international, pouvez-vous nous dire si une telle démarche est réellement possible ? Quelles en seraient la procédure et les conséquences ? Quid de la CPI ?

La création de la CPI avait pour objectif de mettre fin à la prolifération des tribunaux. Joseph Kabila a milité pour l’indépendance et la souveraineté de la RDC, c’est tout le problème que lui reproche une partie de la communauté internationale, d’avoir mis avant les intérêts du peuple congolais.

MCP : Vos logos et couleurs sont proches d’un parti belge Libéral Flamand « Vivant ». Est-ce que vous partagez la même idéologie et les mêmes valeurs ?  Et que peut-on attendre de vos actions en RDC ? 

Il n’existe pas en Belgique un tel parti politique. Dans le passé peut-être. Mais notre parti est rénovateur pour un Congo vivant. « Vivant » est un courant de pensée humaniste qui met l’homme au centre du développement. C’est cet idéal qui est poursuivi par notre parti politique en répondant aux aspirations de la population