Sport
C'était l'un des points importants du programme « agir et gagner » de Bernard Giudicelli après son élection à la tête de la Fédération française de tennis : développer une francophonie du tennis, autour de Roland-Garros et de la terre battue. Après deux ans de gestation, c'est chose faite avec la création de l'A2FT, Association des fédérations francophones de tennis.
Les différentes délégations se sont retrouvées le 30 mai à l'occasion du tournoi Roland-Garros pour porter sur les fonts baptismaux cette nouvelle entité : « Nous avons une première volonté, celle de rassembler le monde francophone, soit un espace de 300 millions d'habitants, qui pourrait dépasser le milliard d'habitants d'ici 50 ans avec l'explosion démographique du continent africain, explique Daniel Chausse, vice-président de la FFT. C'est une vraie force qui peut permettre au tennis de se renouveler. C'est pourquoi la FFT a l'intention de porter la marque Roland-Garros à l'international, en particulier sur ce continent, afin de développer notre sport et promouvoir la terre battue, et partager les valeurs sportives, culturelles, mais aussi sociétales, économiques et éducatives du tournoi... »
José Pliya (directeur général de l’agence nationale de promotion des patrimoines et de développement du tourisme du Bénin), Jean-Claude Talon (président de la fédération béninoise de tennis), Daniel Chausse (vice-président de la fédération française de tennis, en charge de la francophonie) et Issa Mboup (président de la fédération ivoirienne de tennis) lors de la conférence de presse, le 31 mai.
Détecter les futurs talents
L'A2FT, composée pour le moment d'une trentaine de fédérations, aura pour mission de mettre en place une filière de détection pour repérer les futurs talents dans les pays francophones africains. « Nous avons besoin d'élites africaines pour développer le tennis dans ces pays et attirer les populations dans les clubs, mais aussi pour que le monde économique et politique supportent nos projets, poursuit Daniel Chausse. Pour cela, il faut former des jeunes et les emmener vers le haut niveau. Regardez le tableau de Roland-Garros : sur près de 300 athlètes, une infime minorité de joueurs et joueuses viennent du continent africain. Il faut que cela change ! » En effet, ils ne sont qu'une poignée chaque année à pouvoir participer aux Internationaux de France. Cette année, seuls Ons Jabeur (Tunisie, sortie au premier tour par la Croate Petra Martic au premier tour) chez les femmes, Malek Jaziri (Tunisie, battu par l'Allemand Oscar Otte au premier tour) et Lloyd Harris (Afrique du Sud, éliminé par le Croate Borna Coric au 2e tour) chez les hommes ont pu participer à la Quinzaine.
Le Tunisien Malek Jaziri renvoie le ballon à l'Allemand Oscar Otte lors de leur match de premier tour en simple masculin lors du premier jour du tournoi de tennis Roland Garros 2019 French Open à Paris le 26 mai 2019.
Mettre l'accent sur la formation
En Afrique francophone, seul le Maghreb arrive à tirer son épingle du jeu. « L'expertise et le savoir-faire sur terre battue, et plus largement dans le monde du tennis, sont très présents en France, en Belgique, en Suisse ou au Canada. Mais également au Maroc, a rappelé Aziz Laaraf, vice-président de la Fédération royale marocaine de tennis et membre du comité exécutif de l'A2FT. Nous allons pouvoir partager notre expérience et servir d'exemple avec notre centre de sport-études qui accueille actuellement les 24 meilleurs joueurs du continent, dont Sada Nahimana (Burundi, 18 ans) et Eliakim Coulibaly (Côte d'Ivoire, 17 ans), engagés cette année sur le tournoi juniors. Ces deux jeunes sont formés dans notre centre de formation depuis quatre ans et jouent aujourd'hui sur les plus grands tournois internationaux... » C'est pourquoi la nouvelle association internationale compte, à travers les différentes fédérations, mettre l'accent sur le volet formation. « On dit qu'il y a des jeunes talents partout en Afrique, mais il faut leur permettre d'éclore ! » souligne Daniel Chausse.
Une labellisation Roland Garros
La FFT compte donc labelliser des clubs dans les pays francophones, qui seront équipés de terrains en terre battue. La structure pilote devrait voir le jour d'ici quelques mois en Côte d'Ivoire, à Abidjan, dans le quartier huppé de Cocody. « Le futur club s'appuiera sur le site de l'hôtel Ivoire, qui comprend déjà onze courts de tennis, dont quatre vont être transformés en terrain de terre battue, explique Georges N'Goan, président de la fédération ivoirienne. C'est à partir de ce projet que les autres états s'inspireront pour créer les clubs labellisés Roland Garros ». Dans un second temps, le quartier populaire de Yopougon Attié devrait lui aussi accueillir un club Roland-Garros, afin de casser l'image élitiste qui colle à la peau du tournoi français et du tennis en général, de l'aveu même de Daniel Chausse. Plusieurs autres clubs labellisés sont en cours de création au Mali, au Sénégal, au Bénin ou encore au Togo…
Depuis sa création, la terre battue fait partie de l’identité de Roland Garros, ce qui en fait, selon l’A2FT, un symbole de la francophonie.
La création d'une académie
Autre projet d'envergure de la nouvelle A2FT : la création d'une académie Roland Garros, constituée de plusieurs antennes basées dans différents pays. Le premier centre sera basé au Sénégal, à Diamniadio, une ville nouvelle en cours de construction située à une trentaine de kilomètres de Dakar. « L'organisation des Jeux olympiques de la Jeunesse en 2022 va être un formidable accélérateur pour le projet d'académie Roland Garros au Sénégal, avoue Issa Mboup, président de la fédération sénégalaise. Le centre sera l'une des infrastructures financées par le Comité international olympique. Nous voulons nous inspirer du football. Regardez le vent de fraîcheur qu'ont apporté les joueurs africains au niveau international à partir du moment où ils ont intégré les grands clubs européens ! Nous voulons faire de même avec le tennis ».
L’A2FT s’inscrit dans la stratégie de développement d’une francophonie olympique, initiée par l’Organisation internationale de la Francophonie depuis 2007.
La première pierre sera posée en juillet prochain et le centre ouvrira ses portes à l'horizon 2021. L'autre antenne devrait voir le jour au Bénin, du côté d'Avlékété, entre Cotonou et Ouidah, l'année suivante. « Si aujourd'hui nous misons sur la promotion de la terre battue dans notre pays, c'est pour nous associer à l'un des plus grands symboles de la francophonie dans le tennis : le tournoi de Roland Garros, explique Jean-Claude Talon, président de la fédération béninoise. Ce label proposé par la FFT et l'A2FT crédibilise encore plus nos démarches auprès des pouvoirs publics et des partenaires privés pour financer le projet. Cette image véhiculée par les Internationaux de France va nous aider à faire prospérer le tennis dans nos pays respectifs ». Ce complexe accueillera une quarantaine de jeunes de 10 à 13 ans, issus du Bénin et des pays d'Afrique de l'Ouest, pour leur apprendre à jouer sur terre battue. Le centre formera également des cadres techniques et des arbitres… Afin de réussir le pari ambitieux lancé par Daniel Chausse : voir un athlète africain en finale de Roland Garros d'ici dix ou quinze ans.
Le code à 7 caractères (précédé de « @ ») à côté du Nom est le Code MediaCongo de l’utilisateur. Par exemple « Jeanne243 @AB25CDF ». Ce code est unique à chaque utilisateur. Il permet de différencier les utilisateurs.
Les plus commentés
Politique Fervent Kabiliste jusqu'il y a peu, Henry Magie rejoint Nangaa et l'AFC dans la rébellion
28.03.2024, 14 commentairesPolitique Agression rwandaise : « Un jour d’une manière ou d’une autre, tout ceci s’arrêtera » (Félix Tshisekedi)
26.03.2024, 8 commentairesAfrique Pour Paul Kagame, l’armée sud-africaine ne devrait pas combattre le M23 « qui défend ses droits »
27.03.2024, 7 commentairesPolitique Diplomatie : Félix Tshisekedi en visite de travail à Lomé ce mercredi
27.03.2024, 6 commentaires
Ils nous font confiance