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Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 08 avril 2024
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« Jumpin’Joe »: le GI du Débarquement qui a fini la guerre avec les soviets

2019-06-07
07.06.2019
2019-06-07
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La nuit du 5 au 6 juin 1944, Joseph Beyrle, 20 ans, plonge dans le ciel normand. (© DR)

Emmanuel Macron et Donald Trump ont célébré jeudi le 75e anniversaire du Débarquement sur les plages de Normandie. « Vétérans, nous savons ce que nous vous devons : la liberté », a lancé le président français au cimetière américain de Colleville-sur-Mer, qui surplombe Omaha Beach. « Vous êtes la fierté de notre Nation », a renvoyé en écho son homologue américain. Ce 6 juin 1944, 157 000 soldats déferlaient par la mer ou le ciel, dont 71 000 GI’s américains.

L’un d’eux, Joseph Beyrle, s’apprêtait à vivre une guerre pas comme les autres… Il n’a alors que 20 ans, mais c’est tout sauf un « rookie » (un « bleu » ou « novice ») qui plonge dans le ciel normand, en cette nuit du 5 au 6 juin 1944. Quelques semaines avant le déclenchement du plan Overlord, le jeune GI, venu des lointaines rives du lac Michigan, avait déjà effectué deux sauts dans l’ouest de l’Hexagone.

Deux missions clandestines auprès de la Résistance française, pour lesquelles il avait été sélectionné pour ses aptitudes physiques et son courage. En avril, il avait apporté aux FFI d’Alençon (Orne) des cartouchières emballées avec de l’or. Et récidivé un mois plus tard dans la région. « Jumpin’Joe », le surnom dont ont fini par l’affubler ses copains du régiment, décolle le 5 juin au soir à bord d’un des Douglas C 47 « Dakota » de la 101e division aéroportée, à laquelle son régiment a été affecté en prévision du D-Day.

Roule dans un trou de la Wehrmacht

En septembre 1944, Joseph Beyrle arrive dans un camp de prisonniers en Allemagne. (© DR) 

Le jour tant attendu est enfin arrivé. Comme les nuées d’autres coucou qui fondent vers la Normandie, les ailes du bimoteur ont été striées de lignes blanches et noires pour s’identifier plus facilement. Et pour les hommes ? Chargé d’un barda de plus de 60 kg, Joseph a hérité d’un mini « cricket » en laiton dont le « clic-clac » doit permettre aux paras de se retrouver dans la nuit noire. Ce ne sera pas du luxe… Ciblées par les batteries antiaériennes nazies, les « Dakota » de la 101e, qui devaient larguer leurs hommes au-dessus de Sainte-Mère-l’Eglise, se dispersent comme des moineaux. Jumpin’Joe, lui, atterrit sur le toit d’une église à Saint-Côme-du-Mont, à une douzaine de kilomètres au sud du lieu prévu.

Esseulé, alourdi par son paquetage, Joseph Beyrle progresse prudemment dans les bocages normands. Des centaines d’autres paras, qui tentent eux aussi de rejoindre leur unité, sont fauchés par les tirs ennemis. En chemin, l’athlétique GI, qui avait reçu aux Etats-Unis puis en Angleterre une intensive formation en maniement d’explosifs, parvient à saboter une station électrique et un pont. La nuit du 8 juin, il rampe le long d’une haie et roule dans un trou… où dorment des soldats de la Wehrmacht.

Emmené à Carentan avec d’autres prisonniers, son convoi est pris pour cible par l’artillerie alliée. Touché par des éclats d’obus, Joe s’occupe de deux blessés après être revenu à lui, puis prend la tangente. Mais le petit groupe de prisonniers est vite repris, et Beyrle expédié dans un centre de rétention proche de Saint-Lô.

Déclaré mort

Ce grand blond, aux muscles forgés par le base-ball qu’il a pratiqué à haute dose au lycée, a un problème de plus que ses compagnons : il parle allemand presque aussi bien que ses geôliers ! Sa famille, bavaroise d’origine, a émigré en Amérique un siècle plus tôt, mais au lieu de l’aider, cette ascendance lui vaut coups et brimades. Il est finalement transféré dans le nord de la France, pour réparer les chemins de fer détruits par les bombardements anglo-américains, puis Paris et enfin dans un stalag allemand, près de Francfort, à la mi-septembre.

C’en est fini pour lui de la guerre, croit-il. C’en est fini de leur grand garçon, pleurent ses parents, qui ont appris sa mort par un télégramme quelques jours plus tôt. Son médaillon, qui lui avait été chipé par un feldgrau (vert-de-gris) allemand pendant sa détention en Normandie, vient d’être retrouvé autour du cou d’un soldat calciné, qui portait un uniforme yankee. Cherchait-il à déserter l’effroyable bataille des haies en usurpant l’identité de Beyrle ? Etait-il missionné pour infiltrer les Américains ? Mystère. Mais pour l’armée, qui recense les morts à la pelle, il s’agit du sergent Beyrle, né le 25 août 1923 dans une famille de sept enfants, domicilié à Muskegon, Michigan, USA.

« Amerikanskiy tovarishch ! »

Pendant son errance vers l’est, le GI fantôme tente à nouveau de s’évader. Il y réussit presque mais se trompe de train et file vers Berlin où il est dénoncé par un civil à la Gestapo. Torturé avec ses compagnons d’échappée, il est sauvé d’une mort probable par des officiers de la Wehmacht, qui ne goûtent pas les méthodes de la police d’Hitler et réclament leurs prisonniers. Anges… et gardiens à la fois : il est transféré dans un stalag polonais à Drewitze.

Là-bas, le Reich est à portée d’obus des Soviétiques. Beyrle se procure une radio, apprend que l’armée rouge a repris Varsovie, Cracovie et Lodz. Sa décision est prise : déguerpir et les rejoindre. En janvier 1945, il s’échappe en se cachant dans un baril, puis trompe la vigilance de ses poursuivants en plongeant dans un ruisseau gelé. Depuis une grange qui lui sert d’abri, il entend enfin parler russe. Mains en l’air, il leur crie : « Amerikanskiy tovarishch ! » (camarade américain !).

Le plus fou commence pour Jumpin’Joe, enrôlé par les Soviets dans une unité de tanks dirigée par la capitaine Aleksandra Samusenko, qu’il appelle « major ». Véritable icône en URSS depuis ses faits d’armes à la bataille de Koursk pendant l’été 1943, elle n’a plus que deux mois à vivre. Précieux pour ses compétences en explosifs, le « camarade » Beyrle dégage la voie pour les blindés de Staline.

Décoré des deux côtés

Le 31 janvier, clin d’œil de l’histoire, il libère son ancien stalag à bord d’un Sherman… américain, reçu par l’URSS dans le cadre de la loi Prêt-bail. L’armée rouge progresse vers Berlin mais lui est gravement blessé sur son char par un raid de Junkers allemands. A l’hôpital, il reçoit la visite du maréchal Joukov, héros de Stalingrad. à qui il raconte son incroyable odyssée du front de l’Ouest à celui de l’Est.

Le lendemain, Beyrle est transféré à Moscou, et transporté à l’ambassade des Etats-Unis. Après enquête, il retrouve - administrativement - la vie. Et revient chez lui en avril embrasser ses parents. Père de trois enfants et cadre dans une entreprise de loisirs, l’ex-sergent Beyrle traversera la Guerre froide la poitrine bardée des plus prestigieuses décorations des deux ex-Alliés devenues ennemis.

Il meurt en décembre 2004, à l’âge de 81 ans d’une crise cardiaque sur la base militaire de Toccoa, en Georgie, où il avait appris le rude métier de GI soixante-deux ans plus tôt. Il était venu y promouvoir le livre de sa drôle de vie. Mais comme retour vers le passé, il y a mieux : quatre ans après sa mort, son fils, John Beyrle, est devenu l’ambassadeur des Etats-Unis… en Russie !

Cette folle histoire en 10 dates :

Nuit du 5 au 6 juin 1944, plages de Normandie. Beyrle est parachuté en Normandie. Il est fait prisonnier par les Allemands.

Juin-Juillet 1944, Paris. Il est transféré dans le nord de la France puis à Paris.

Septembre 1944, Limbourg. Arrivé dans un camp de prisonniers en Allemagne.

Octobre 1944, Berlin. S’évade et arrive par erreur à Berlin.

Décembre 1944, Drzewica. Interné dans un stalag en Pologne, il s’évade et rejoint l’Armée rouge.

Début février 1945, Gorzow. Blessé au combat. Transféré dans un hôpital militaire soviétique.

Février 1945, Moscou. Transféré à Moscou puis à l’ambassade américaine.

Mars 1945, Odessa. Envoyé à Odessa puis à Naples via Istanbul et Port-Saïd (Egypte).

1er avril 1945, Odessa. Quitte l'Italie pour les Etats-Unis.

21 avril 1945, Michigan. Beyrle, de retour au pays, peut enfin embrasser ses parents.

(© DR)

Charles de Saint Sauveur
Le Parisien / MCP, via mediacongo.net
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