Provinces
Pieds nus, sans uniforme, les écoliers de l'EP 1 Isolo suivent les enseignements assis sur des troncs de bambous.
Située le long de la rivière Mpeka, l'Ecole primaire Isolo (EP1) fonctionne depuis trois ans. Nichée au milieu des arbres, une piste mène aux six salles de classes que comprend cet établissement. Construites en bois et couvertes de chaume, les salles de classes comprennent des bancs faits en bambou, qui font office de pupitres. Avec un effectif de six enseignants, dont la moitié n'ont pas reçu une formation reconnue par l'Etat, l'EP 1 Isolo est loin, très loin même de répondre aux normes.
"Les parents des élèves ont du mal à payer le peu demandé pour le fonctionnement de l'établissement. C'est quasiment du bénévolat ce que nous faisons", explique le Directeur de l'école, Jules Ikonda. Dans cette région, les enfants ne parlent pas français. Ce qui oblige les enseignants à réexpliquer les consignes en langue locale.
Cahier sur les genoux, les élèves recopient l'exercice inscrit sur la planche noire écaillée servant de tableau. D'une voix forte, arpentant la pièce, Bernard Bolenge, répète plusieurs fois l'énoncé de l'exercice. "C'est important de répéter plusieurs fois les enseignements pour une meilleure compréhension". Les instituteurs se cassent en mille morceaux pour que leurs protégés acquièrent les compétences en lecture.
PLUS D'EFFECTIFS DANS LES CLASSES DE RECRUTEMENT
Soucieux d'apprendre leurs leçons, des dizaines d'écoliers viennent en classe par pirogue, en provenance de cinq campements de pécheurs environnants.
Dans la salle qui regroupe les élèves de 1ère et 2ème année, certains d'entre eux ne portent pas l'uniforme bleu et blanc. Pieds nus ou en babouche, avec des frimousses angéliques, ils répondent en chœur aux exercices de lecture de la maîtresse.
"Malgré les conditions difficiles d'étude, les élèves s'appliquent bien en classe. Bien que nous n'enseignons pas avec les matériels didactiques appropriés", nous explique la maîtresse.
Ce sont les classes de recrutement qui ont le plus d'effectifs et les écoliers sont assez réguliers. "Les classes de recrutement comptent le plus d'inscrits par rapport aux classes montantes. Comme leurs enfants sont encore petits, les parents ne les emmènent pas toujours à la pêche ou au champs pour les aider dans leurs travaux", rapporte l'éducatrice.
QUAND L'ARGENT POSE PROBLEME
La contribution des parents d'élèves revient à 1000 FC (l'équivalent de 0,6$) pour les classes de 1ère et 2ème année primaire et 1500 FC (environ 0,9$) pour les classes montantes. Sur les 116 élèves inscrits à l'EP 1 Isolo pour l'année en cours, seuls 99 sont réguliers.
"Nous sommes confrontés au problème des finances. Les responsables s'acquittent difficilement des contributions. A la moindre demande, ils retirent les enfants de l'école. Ce qui nous empêche de fonctionner et de remettre une prime aux enseignants", témoigne le Directeur.
Pour ces instituteurs, les conditions de vie sont difficiles. Ils ne peuvent passer leur journée à la pêche, principale activité de la population, ou à la chasse, parce qu'ils doivent accorder du temps aux enfants.
"Il nous est difficile de nous en sortir sans salaire, ni prime. C'est par amour que nous exerçons ce métier, parce qu'en temps normal, il y a longtemps que nous aurions cessé de travailler", confie, Lucien Lokondo, enseignant en 3ème et 4ème primaire.
"Cependant, affirme-t-il, l'avenir de ces enfants nous préoccupe. C'est ainsi que nous nous efforçons de venir chaque matin transmettre le savoir à ces élèves qui demain, dirigeront ce pays".
UNE ECOLE A LA MERCI DES EAUX
Face aux nombreuses difficultés auxquelles les instituteurs sont confrontés, ils lancent un SOS à l'intention des dirigeants du pays. "Nous n'avons pas de salaire, car non mécanisés"."Nous lançons, dès lors, un cri d'alarme à l'endroit des autorités du pays. N'abandonnons pas les élèves à leur triste sort. Ils ont besoin de votre aide pour participer à l'émergence de cette nation" déclare, le Directeur Jules Ikonda.
Les salles de classe de 1ère et 2ème sont tombées à la suite de fortes intempéries, mais la direction de l'école manque de moyens pour financer les travaux de réhabilitation. Etant au bord de la rivière, durant les périodes de crue, l'établissement cesse de fonctionner à cause des inondations. Ce qui entraine un retard sur le calendrier scolaire.
Dépourvue de locaux viables, l'EP 1 Isolo n'a même pas un bureau pour son directeur. Jules Ikonda est ainsi contraint d'attendre la fin des cours pour occuper une de salles de fortune. Nous fixant d'un regard suppliant, il nous souffle son vœu qui est bien celui des enseignants, élèves et parents de cette école. "Nous avons tous besoin d'une belle et grande école, construite en matériaux durables, afin de continuer à mieux encadrer notre jeunesse". Mais qui est ce bon samaritain qui nous aidera à matérialiser ce rêve?, s'interroge-t-il.
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