Afrique
Des réseaux sociaux enflammés, une opinion publique remontée : le pays s'emporte contre le coût de travaux pharaoniques destinés à bâtir un Parlement plus grand.
La nouvelle a provoqué un esclandre national. Pour lancer la construction d'une nouvelle Chambre des députés, le gouvernement ghanéen a dû emprunter 200 millions de dollars, alors que pour nombre de citoyens, ce pays d'Afrique de l'Ouest est confronté à des problèmes plus urgents.
"C'est complètement inutile. Les hôpitaux manquent de tout. Il y a beaucoup d'écoles délabrées à travers le pays", s'insurge la réalisatrice américano-ghanéenne Leila Djansi, à l'origine d'une vaste campagne sur les réseaux sociaux, baptisée #DropThatChamber (Laissez tomber ce Parlement) et partagée par des milliers d'internautes sur Facebook et Twitter.
S'appuyant sur la gestion désastreuse de la sucrerie Komenda (KSF), relancée à grands frais en 2016 et mise en vente à perte trois ans plus tard, Leila Djansi appelle à se joindre à la manifestation du 13 juillet contre le nouveau projet grandiose des autorités. "Trop c'est trop. Ils ne se soucient pas des mauvaises routes. Ils ne se soucient pas de nous", explique-t-elle.
Le nouveau Parlement, qui pourra accueillir jusqu'à 450 députés, comportera une chapelle, une mosquée, un restaurant et un musée, un projet bien plus ambitieux que la Chambre actuelle qui compte 275 sièges, pour 275 députés. La constitution ghanéenne prévoit en effet une augmentation tous les 10 ans du nombre de circonscriptions et donc de députés, pour s'adapter aux évolutions démographiques.
"Cela fait longtemps qu'il est attendu"
Interrogé par l'AFP, le ministre des Affaires parlementaires, Osei Kyei Mensah-Bonsu, a défendu son projet de complexe ultramoderne, estimant que "cela fait longtemps qu'il est attendu" et que "la Chambre actuelle est trop petite". "Nous sommes sensibles aux besoins des Ghanéens, mais cela facilitera également le travail des parlementaires (...). Nous ne l'imposerons pas si une majorité de Ghanéens s'y oppose", a-t-il assuré.
Il est vrai qu'au Ghana, la société civile est très active. Elle s'est déjà mobilisée contre des scandales financiers, qui ont notamment coûté sa réélection à l'ex-président John Mahama. Le pays est plutôt réputé pour être un exemple de démocratie en Afrique subsaharienne. A un an de l'élection présidentielle, l'affaire du chantier du Parlement constitue un nouveau test.
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