Deux de sept artistes musiciens de la mythique chanson « Indépendance Cha-Cha », le guitariste Mwango Armand, dit Brazzos et le batteur Petit Pierre sont abandonnés à leur triste sort.
Brazzos est co-auteur de l’« Indépendance ChaCha », où il a joué à la guitare basse et la contrebasse. Il est parmi les signataires du livre d’Or à la Table ronde au moment de l’indépendance de la République démocratique du Congo dont le 59ème anniversaire a été célébré le dimanche 30 juin dernier. Aucun geste généreux n’est posé jusqu’ici à leur endroit.
Et pourtant, « Indépendance TchaTcha » est devenue, depuis la fin des années 60, l’hymne sacré de plusieurs fêtes d’indépendance d’Afrique et des Caraïbes. La chanson est fréquemment ou quotidiennement jouée dans plusieurs médias du monde, sans servir à ses co-auteurs encore vivants et aux ayant-droits de cinq autres artistes décédés. C’est le cas, notamment, de Kallé Jeff, Vicky Longomba, Nico Kassanda, Dechaux Muamba et Roger Izeidi Mokoy.
Au cours d’une descente effectuée en sa résidence située à Bandalungwa, l’épouse de Brazzos déplore le fait que personne parmi les autorités congolaises n’est venu rendre visite à son mari, malade : « Votre papa, le guitariste Brazzos est là, allongé sur le canapé sans aucun traitement ou prise en charge par qui que ce soit. En dehors de sa famille biologique, son collègue Petit Pierre et son jeune frère Tshaka Kongo de l’Asbl Artistes en danger, il n’y a que les journalistes congolais et étrangers qui nous rendent visite avant, pendant et après le 30 juin. Nous n’avions pas encore vu une personnalité politique ou une célébrité musicale ou un autre leader d’opinions dans nos murs ».
ÉVITER LE PIRE
Et pourtant, ajoute-t-elle, « Mon mari est parmi les musiciens qui ont arrangé et joué la célèbre chanson de notre indépendance. Même les responsables de la Socoda ne nous paient pas. Nous ne savons pas le pourquoi. Nous sommes abandonnés. Une fois Tshaka Kongo nous avait dit que le gouvernement n’était prêt à prendre en charge que les frais liés à l’hospitalisation et non son traitement. Nous avions rejeté cette proposi tion. Car, elle ne correspondait pas à la taille de votre artiste qui est mon mari ».
Signalons que Brazzos était partiellement victime d’une crise d’AVC (Accident cardiovasculaire) lors de ses 80 ans. Trois ans plus tard, lors de ses 83 ans, il était victime d’une crise de perte de mémoire. « Je demande au président de la RDC, Félix-Antoine Tshisekedi et son gouvernement de prendre totalement en charge mon frère et collègue Brazzos avant qu’il ne meurt. Qu’ils n’attendent pas qu’il nous quitte pour qu’ils mobilisent des sommes colossales et organisent des obsèques grandioses. Si je serai encore en vie, personnellement, je m’opposerai à cette gloire à titre posthume », a dit petit pierre.
Alors que plusieurs artistes musiciens congolais étaient décorés par l’ex-président de la RDC, Joseph Kabila, en 2015, Brazzos et Petit Pierre étaient oubliés par le ministre de la Culture et des Arts de cette époque et président du comité organisateur, Baudouin Banza Mukalay Nsungu.
Depuis le Zaïre, jusqu’à ce jour, Brazzos et moi, n’avions jamais été décorés par notre pays. Même lors du Cinquantenaire de notre indépendance, le 30 juin 2010. Nous ne comprenons pas ce manque de reconnaissance. Qu’avons-nous fait de mal à notre RDC ? Et pourtant, notre œuvre collective ‘Indépendance Cha-Cha’ est l’un des symboles ou des références de notre pays à l’international. Le monde ne peut pas parler de la rumba ou de la RDC sans cette chanson », a déploré le batteur Petit Pierre. Au regard de ce qui précède, les autorités congolaises ont tout intérêt à venir en aide à ces deux artistes pour éviter que le pire ne leur arrive. Ce serait là aussi une façon de susciter l’émulation dans le rang des artistes qui font la fierté de la musique congolaise.
Le Potentiel / MCP , via mediacongo.net