Afrique
La nouvelle était attendue de longues dates, deux ans déjà, elle vient de retentir en échos depuis Washington où se tient le conseil d’administration du FMI. Le Congo a signé son programme avec l’institution financière internationale ce mercredi 11 juillet. Le décaissement de la première tranche de crédit ayant même été positionné.
L'accord arraché avec le FMI est une bouée pour un Congo -Brazzaville asphyxié par la chute du prix du pétrole, mais des « risques considérables » menacent toujours ce pays d'Afrique centrale.
En 2014, le Congo riche en pétrole a subi de plein fouet la dégringolade du cours du brut, une chute non anticipée et très brutale liée au même moment au ralentissement chinois. Le contexte politique n'est en outre pas favorable à Brazzaville : aux États-Unis, premier actionnaire du FMI, une quinzaine d'élus ont écrit en août au secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, pour qu'il exerce son influence afin « d'empêcher des programmes » avec les pays trop endettés avec Pékin. » Pour les États-Unis, il est hors de question que le FMI vienne à la rescousse des pays endettés avec Pékin », a expliqué l'une des sources consultées citée par l'Agence France-Presse.
Conséquence : « Le Fonds a établi un rapport de force dans une logique de créancier. Il veut être remboursé à la fin du programme et s'assure donc que la dette soit soutenable », selon une source française.
Ce qui a changé au Congo en deux ans
Aujourd'hui pour le FMI, « les autorités congolaises ont redoublé d'efforts en 2018 et en 2019 pour s'attaquer à la crise économique qui les a frappées et aux problèmes de gouvernance qui y sont liés ». Les négociations avaient été ralenties par le fait que les autorités du Congo-Brazzaville avaient caché une partie de la dette publique du pays. Celle-ci s'établissait à près de 120 % du PIB (8,7 milliards de dollars) et non 77 %, selon des révélations à l'époque de Radio France Internationale (RFI).
Après plus de deux ans de discussions menées sous les conseils de Matthieu Pigasse, de la banque Lazard et de Dominique Strauss-Khan, le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé jeudi 11 juillet qu'il allait accorder 448,6 millions de dollars sur trois ans au Congo-Brazzaville pour relancer l'économie de ce pays d'Afrique centrale plombée par la chute des prix du pétrole... À condition que la Chine, plus gros créancier de Brazzaville, restructure la dette.
Un préalable que Pékin a accepté en se ralliant pour la première fois à une solution du FMI. L'endettement vis-à-vis de la Chine est estimé à deux milliards de dollars. Au Congo, les prêts adossés au pétrole remontent aux années 1970, ils consistent pour le pays a emprunter des milliards de dollars à des sociétés privées pour les rembourser en pétrole.
D’après le communiqué publié par l’institution de Bretton Woods qui s’est félicitée en substance des efforts consentis par le Congo pour la soutenabilité de sa dette, le montant approuvé dans le cadre de ce programme est de 448,6 millions de dollars américains.
Évidemment, la Chine n'est pas vraiment à l'aise avec cette procédure. Mais le Congo cherche avant tout à se mettre sous la protection du FMI pour éviter un éventuel défaut de paiement. Or Pékin, qui prête à tout-va ces dernières années, garde en tête l'exemple du Venezuela. Sans oublier la situation du Sri Lanka, par exemple, incapable d'honorer ses créances, qui a dû céder à la Chine le contrôle pour 99 ans d'un port en eaux profondes.
Si le formalisme administratif pouvait donner quelques inquiétudes, somme-toutes légitimes sur ces négociations, il y a de quoi dire que l'issue pour le Congo s'annonçait favorable pour ce rendez-vous du 11 juillet, de nombreux paramètres l'édictant.
Il y a d'abord l'engagement politique du Congo, pris par le président Denis Sassou N'Guesso, à l'endroit du FMI, pour corriger les aspérités notées par l'institution, en matière de gouvernance économique.
Le gouvernement s'était engagé à « publier une étude sur la gouvernance pour guider les futures réformes dans la gouvernance, la transparence, et la gestion des finances publiques ». C'est désormais chose faite.
De même la création de l'organe indépendant de lutte contre la corruption avec tous les pouvoirs d’investigation et un système de déclaration du patrimoine pour les hauts responsables, et de renforcer le contrôle des grands projets d’infrastructure et des entreprises publiques, notamment celles du secteur pétrolier, est bien effective et a commencé à produire ses effets.
Enfin, les autorités rendent pleinement compte au Parlement et à la population sur la gestion des ressources naturelles et des grands travaux au cours des dernières années. Sur ces trois préalables structurels, le Congo s'est montré exemplaire et entend poursuivre sur sa lancée.
Puis, il y a les dettes dites toxiques. Les autorités congolaises ont avancé dans les pourparlers et obtenus de bons résultats avec les créanciers, notamment la Chine, y compris les maisons de commerce Trafigura et Glencore.
D'autre part, le Congo bénéficie du soutien des ''avaliseurs'' tels la France et la Banque mondiale qui sont confiants en ses capacités à surmonter les défis qui se présentent à lui, et sont engagés à l'accompagner, pour les surmonter.
« C'est une bonne nouvelle. Mais c'est juste le début d'un programme. Il ne faut pas se tromper, ce que l'on nous demande, c'est plus de rigueur, de prudence et de transparence », a estimé de son côté l'opposante Claudine Munari.
L'institution a souligné l'amélioration récente de la position budgétaire du pays, le solde du budget étant passé d'un déficit de 7,4 % du PIB en 2017 à un excédent de 6,8 % l'année dernière, une amélioration due à la forte expansion des recettes pétrolières, mais aussi « aux efforts notables dans la maîtrise des dépenses ». En 2017, son PIB divisé par deux a entraîné une explosion de son endettement, détenu pour plus d'un tiers par la Chine.
Après une croissance inférieure à 1 % en 2018, une reprise économique est attendue en 2019 qui devrait mener la croissance au-dessus de 5 %, a affirmé le chef de la mission du FMI au Congo, Alex Segura-Ubiergo, dans un communiqué. Cette croissance devrait être portée par une forte expansion de la production pétrolière et une reprise progressive des secteurs agricole, sylvicole et du transport.
Le secteur bancaire reste toutefois vulnérable, a ajouté le représentant du FMI, notant l'accroissement des créances en souffrance qui ont atteint 23 % des prêts à fin décembre 2018, « en partie à cause de l'augmentation des arriérés qui ont dépassé 15 % du PIB en 2018 ». « Il sera essentiel d'adopter un plan crédible accordant une priorité au remboursement des arriérés sociaux, notamment des retraites », a insisté le FMI.
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