Politique
La passation de pouvoir entre le Président sortant et son successeur a eu lieu le 24 janvier dernier. Près de 6 mois après, le constat est là : on semble tourner en rond ! La RDC n'a toujours pas de gouvernement central. La nomination, le 20 mai, du successeur de Bruno Tshibala à la Primature avait fait croire aux Congolais que tout irait désormais un peu plus vite. Rien. L'espoir est en passe de virer au désespoir.
Dans une interview à RFI et France 24, le 29 juin dernier, le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, en personne a annoncé le Gouvernement pour imminent. "Il y aura bientôt un gouvernement. À quel moment exactement ? Je ne sais pas parce que ces discussions, c'est vraiment poste pour poste, individu sur individu… Ça avance à petits pas. Mais l'essentiel est d'aller vers l'objectif. Et je suis sûr que nous atteindrons cet objectif", avait répondu FATSHI à Christophe Boisbouvier. Celui-ci demandait au chef de l'Etat congolais quand le Gouvernement serait formé.
En dépit de l'annonce du chef de l'Etat, le pays attend. Et avec, la terre entière. Les Sénégalais sont allés aux urnes le 24 février de l'année en cours. Réélu, le président Macky Sall a formé son gouvernement moins de deux mois après, soit le 8 avril. D'aucuns pourraient épiloguer que comparaison n'est pas raison. Sans doute. Mais tout de même le cas sénégalais devrait nous donner matière à réflexion.
C'est un secret de polichinelle. Les Congolais le savent. Les partenaires dans l'alliance n'arrivent toujours pas à s'accorder sur le partage des postes ministériels. On semble de plus en plus loin des idéaux proclamés par Joseph Kabila et Félix Tshisekedi. Le premier, dans son message ultime à la Nation en tant que Chef de l'Etat, le 24 janvier dernier, s'était prononcé pour un rassemblement des forces progressistes en vue d'un Congo fort et prospère. "J'en appelle donc à une grande coalition de toutes les forces progressistes. Coalition face à toutes les forces prédatrices qui se sont liguées et qui tenteront toujours de se liguer pour s'accaparer de nos ressources naturelles sans contrepartie pour nos enfants et petits-enfants. Coalition pour défendre, y compris au prix du sacrifice suprême, l'indépendance, la souveraineté et l'intégrité territoriale de notre pays. Le droit légitime de notre peuple à notre détermination ainsi que nos valeurs et notre dignité", avait souligné le Raïs.
Pour Joseph Kabila, cette coalition devra viser la prospérité partagée et la cohésion nationale chaque jour renforcée. "Notre diversité étant un atout majeur. Coalition enfin, pour parfaire le chantier en cours et pour en ouvrir d'autres. Plus ambitieux encore, dans le domaine des infrastructures, du développement agricole, de transformation locale de nos ressources naturelles, de renforcement de notre leadership sur le continent, autant que sur le marché mondial des minerais stratégiques. Bref, une coalition pour un Congo fort et prospère, havre de paix, facteur de stabilité régionale et locomotive du développement de l'Afrique".
Pas plus tard que début juillet, lors de son séjour à Bunia, le Président Félix Tshisekedi a embouché la même trompette au moment de justifier ce rapprochement CACH-FCC. Idéologiquement, lorsque vous voyez le PPRD de Joseph Kabila, c'est un parti socialiste comme l'UDPS. Nous avons une même idéologie…
Mais comment les gens qui se disent idéologiquement de même bord n'arrivent-ils pas à accorder leurs vues pour la formation du Gouvernement ? Le désaccord entre ces deux camps génère hélas d'autres points de frictions. Les négociateurs du CACH et FCC n'ont toujours pas bouclé le partage des ministères. La question des ministères de souveraineté n'ayant pas encore totalement été évacuée et l'écueil lié au profil des ministrables continuent à opposer le camp présidentiel au FCC. Autre sujet de fâcherie, les nouveaux mandataires de la Gécamines et de la SNCC, nommés par le Président Félix Tshisekedi ne sont toujours pas installés du fait de la résistance de la ministre du Portefeuille. On reproche à ces ordonnances de n'avoir pas fait l'objet de discussion avec les partenaires du FCC. La séquence Bahati (exclu du FCC pour avoir refusé de renoncer à sa candidature au poste de président du Sénat alors que l'autorité morale a porté son choix sur Alexis Thambwe Mwamba) et l'exploitation qui en est faite par les uns et les autres, n'est pas pour faciliter le compromis.
REVOIR A LA BAISSE LE QUOTA INITIALEMENT ATTRIBUE AU FCC
En effet, depuis que l'AFDC-A, sous la direction de Modeste Bahati, a annoncé son autonomie tout en disant toujours appartenir à la Majorité, des voix s'élèvent au sein du CACH pour en appeler à un réajustement dans la redistribution des cartes. En clair, une révision à la baisse du quota initialement attribué au FCC. Une perspective qui ne serait pas pour plaire à la Kabilie qui laisserait penser que la fronde du leader de l'AFDC-A serait soutenue en sous-main par certains sociétaires du CACH. On doit revoir le partage des responsabilités du fait que la deuxième force de la méga plateforme initiée par l'ancien Président Joseph Kabila a repris l'essentiel de ses troupes. Fort de celles-ci, il entend constituer la troisième force au sein de la majorité (FCC-CACH-AFDC).
ETONNANTE ABSENCE DE CACH DU TICKET DU SENAT
Même si le FCC est ultra-majoritaire dans la Haute assemblée, il n'en demeure pas moins que l'esprit coalition devrait pousser les autres partenaires à trouver un strapontin pour CACH au sein du Bureau du Sénat. Selon des analystes équilibrés, le jeu consistant à faire peur à l'autre ou à lui montrer ses biceps est suicidaire pour les deux composantes de la coalition au pouvoir. Ceux des extrémistes, estiment les analystes, qui conseillent au chef de l'Etat d'user de sa position constitutionnelle pour faire table rase de l'accord avec la famille politique de son prédécesseur sont dans une stratégie à courte vue.
Cette stratégie, certes opportuniste, laissent entendre les mêmes analystes, peut aider FATSHI à faire le vide et à caser les siens. Mais elle comporte tous les risques de scier l'arbre sur lequel sont assises la stabilité, la paix, bref tous ces équilibres qui ont rendu l'alternance possible. Et après une élection pacifique. Car l'équation Joseph Kabila renvoie à une infrastructure et une superstructure ancrées dans l'écosystème congolais.
Symétriquement, ceux des proches du président honoraire qui n'ont pas encore fait le deuil de la passation du pouvoir au sommet de l'Etat devraient comprendre que le salut du pays passe par la bonne intelligence entre Joseph Kabila et Félix Tshisekedi. Donc entre FCC et CACH. Sinon pour les mêmes raisons, une escalade entre les deux blocs précipiterait le pays dans un chaos dont personne en tout cas pas le Congo ne sortirait vainqueur.
Avant qu'il ne soit trop tard, les deux camps devraient mettre beaucoup d'eau dans leur vin ou boisson indigène bien de chez nous, c'est selon, afin que seul l'intérêt suprême de la RDC triomphe.
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