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Infos congo - Actualités Congo - 08 Mars 2024
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Protestations à Hong Kong : quelles sont les options de la Chine pour sortir de la crise ?

2019-08-05
05.08.2019 , Hong Kong, Chine
2019-08-05
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http://www.mediacongo.net/dpics/filesmanager/actualite/2019_actu/08-aout/05-11/chine_hong_kong_manif_travailleurs_19_000.jpg Hong Kong, Chine-

Les manifestations sont de plus en plus importantes à Hong Kong, tandis que la Chine a promis "de ne pas rester les bras croisés". afp.com/Philip FONG

Alors que les manifestations sont de plus en plus denses et violentes à Hong Kong, les autorités chinoises n'ont que peu de cartes en main pour contenir la contestation.

Métros paralysés, autoroutes bloquées, vols annulés... À Hong Kong, les manifestations du week-end ont laissé place à une grève générale. Fonctionnaires, travailleurs sociaux, pilotes ou encore chauffeurs de bus ont décidé de se mettre en arrêt de travail ce lundi 5 août 2019, plongeant la ville dans un semi-chaos auquel elle n'est pas habituée.

Le but ? Démontrer aux autorités chinoises que, deux mois après le début du mouvement, les contestations n'ont pas faibli. "Elles sont même d'une ampleur inédite", explique à L'Express Jean-Philippe Béja, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de la Chine. "C'est la première fois qu'une aussi grosse part de la population hongkongaise - entre 30 et 40 % - manifeste, pendant une si longue durée, sans que le gouvernement ne fasse de concessions, ou très peu", décrypte le spécialiste.

Depuis plus de deux mois, les rues de Hong Kong se remplissent, chaque week-end, de manifestants remontés contre l'exécutif hongkongais. "La revendication est claire : plus de démocratie", résume Jean-Philippe Béja. Car si la contestation s'est lancée avec la demande du retrait d'un projet de loi concernant l'extradition des Hongkongais vers la Chine, les revendications des manifestants sont désormais de plus en plus importantes. "On voit des demandes qui rappellent celles de 2014, lors de la Révolution des parapluies", analyse pour L'Express Jean-Pierre Cabestan, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de la Chine. "C'est-à-dire un suffrage universel direct, avec liberté de candidature, mais aussi une démocratisation complète du Parlement, qui n'est qu'à moitié démocratique aujourd'hui", précise-t-il. Les Hongkongais demandent également au gouvernement l'ouverture d'une enquête indépendante sur les violences policières commises à partir du 12 juin sur l'île-État, et certains d'entre eux réclament même la démission de Carrie Lam, la cheffe de l'exécutif pro Pékin.

Mais pour l'instant, "aucune de ces demandes n'a réellement abouti", tranche Jean-Philippe Béja. "Le projet de loi contre l'extradition n'a pas été retiré, mais simplement mis en pause, et la frustration des Hongkongais est de plus en plus forte." Pour le spécialiste, si rien n'est fait, "la crise n'est pas près de s'achever".

Une répression par l'armée qui semble "peu probable"

Et pour cause : face à l'ampleur des contestations, Pékin a vite haussé le ton. Après les heurts qui ont opposé les manifestants pro-démocratie et la police anti-émeutes à Hong Kong, dimanche, le gouvernement chinois a assuré qu'il "ne resterait pas les bras croisés" face aux "forces abjectes" qui sapent l'unité nationale. Carrie Lam, de son côté, a également dénoncé "des perturbations intensives", visant "à renverser Hong Kong". "Le gouvernement sera ferme pour maintenir la loi et l'ordre et rétablir la confiance", a-t-elle assuré.

Mais pour Jean-Philippe Béja, Pékin "n'a pas une multitude d'options" pour gérer la crise. L'option d'envoyer l'armée et de passer par la répression semble "peu probable" pour le spécialiste. "Il y aurait un coût assez exorbitant, sachant que le pouvoir en Chine n'est pas menacé. Et les conséquences internationales seraient extrêmement fortes". La première d'entre elles pourrait faire déchanter le gouvernement chinois. "En cas de répression par l'armée, les États-Unis et l'Europe mettraient très certainement en place des sanctions, qui pourraient fortement isoler la Chine d'un point de vue économique", souligne Jean-Pierre Cabestan, du CNRS.

"D'autre part, Hong Kong est un marché économique extrêmement important pour la Chine, avec 1300 multinationales ayant leur siège dans la ville. Pékin a donc tout intérêt à sauvegarder une image de place financière sûre et stable, capable de concurrencer des villes comme Singapour", estime le spécialiste qui, de son côté, "ne croit pas" non plus à l'option militaire. "Il y a eu beaucoup de menaces et de bruit de bottes, mais il est peu probable que cela se fasse. Vous imaginez les chars et l'armée débarquer à Hong Kong ? L'engouement est tel que ce serait un carnage", développe le chercheur. "Ce serait, à mon sens, une énorme erreur politique. Et Xi Jinping n'est pas assez bête pour la commettre".

Des concessions inévitables

L'autre solution consisterait à "laisser courir le mouvement, tout en dénonçant fortement les éléments violents, en les faisant arrêter, en les condamnant lourdement", décrypte Jean-Philippe Béja. "C'est celle que la Chine semble avoir choisie. Mais le problème, c'est que cela ne fonctionne pas, et que les manifestants ne semblent pas vouloir calmer le jeu". Une théorie validée par Jean-Pierre Cabestan : "C'est là que l'on se trouve dans l'impasse. Pékin ne peut pas accepter les volontés des manifestants, et Xi Jinping n'est pas du genre à négocier sous la pression".

Mais dans ce contexte, comment sortir de la crise ? "Il n'y a pas tellement de propositions à faire : la Chine doit accepter de faire des concessions", résume Jean-Pierre Cabestan. Selon lui, Pékin proposera peut-être, via le gouvernement de Hong Kong, de donner un certain nombre d'avantages économiques et sociaux aux Hongkongais les plus pauvres, afin de calmer la frustration des manifestants. "Une autre solution facile serait également la démission de Carrie Lam, la cheffe de l'exécutif", explique-t-il. "Ce processus a déjà été utilisé par le passé, notamment lorsque le premier chef de l'exécutif hongkongais, Tung Chee-Hwa, a été démis de ses fonctions deux ans après la crise de 2003", rappelle le spécialiste, qui parie que Carrie Lam "ne finira pas l'année". "Le but serait alors de trouver quelqu'un de plus souple, de plus rond."

Enfin, Pékin pourrait choisir une dernière option. "Si la Chine était un peu plus réformiste, on pourrait imaginer une démocratisation du Parlement, puisqu'il n'est pas très puissant à Hong Kong. Mais je ne sais pas si on ira jusque-là, cela me paraît peu probable", estime Jean-Pierre Cabestan.

Quoi qu'il en soit, plus de 200 contestataires ont été arrêtés ces dernières semaines à Hong Kong, dont des dizaines ont été inculpés pour participation à une émeute. Une infraction passible de dix ans de prison. La Chine doit désormais réussir le double pari de calmer la crise par certaines concessions politiques, sans pour autant réduire l'influence du parti communiste à Hong Kong. "Et, pour cela, je n'ai pas la solution magique", ironise Jean-Pierre Cabestan. "La crise actuelle est sans précédent. Pékin devra faire preuve d'une grande intelligence politique pour en sortir", conclut le spécialiste.

Céline Delbecque
L'Express / MCP, via mediacongo.net
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