Interdiction de nuisance sonore après 23 heures à Kinshasa : Super Lemba persiste !

D'ores et déjà, des observateurs conseillent la mise en place des brigades communales alternatives pour veiller à la stricte observance de cette décision de l'Exécutif provincial.

La décision de Didier Tenge Litho, ministre provincial de l'Environnement de Kinshasa, prise au début du mois de juillet dernier en rapport avec les heures d'ouverture et de fermeture des débits de boisson dans la capitale, fait fortune diverse. C'est ce que constate, dans la nuit de samedi 17 août, un groupe de journalistes de Forum des As, de retour d'une soirée dansante organisée à l'occasion du mariage d'un de leurs collègues, place Matonge.

Il est environ 1h45 lorsque le groupe décide de changer de cadre - toujours à Matonge, dans l'espoir de trouver une terrasse qui joue de la bonne musique et y rester jusqu'aux petites heures du matin. Aussitôt, les cinq chevaliers de la plume prennent la direction de la très célèbre avenue du Stade, en passant par l'avenue Bagata (l'artère devant le Parquet). Sur leur passage, le constat et le décor dans les débits de boissons sont les mêmes. Pas de musique. Tout est calme. Ce, en dépit de la présence de quelques clients couche-tard qui tiennent encore des sièges.

Aussitôt après l'amertume de Matonge, le groupe met le cap sur Kapela, l'un des coins très mouvementés de la ville et symbole du quartier Yolo-sud de la commune de Kalamu. Ici aussi, tout dort. Pas de musique. 2h00. La quinconce du départ, réduite en trio, se résout finalement à se rendre au tristement célèbre " Couloir Kimbuta ", dans la commune de N'Djili. Sur le site, l'ambiance n'a rien à envier à celles des terrasses de Matonge et de Kapela. Tous les débits de boisson sont aphones !

AMBIANCE NON STOP A SUPER LEMBA

L'atmosphère maussade des débits constatée après 23heures, dans des débits de boisson de Matonge et de Kapela à Kalamau, contraste nettement avec celle des terrasses du quartier Super Lemba. Ici, tout vit. Deux célèbres terrasses bien connues des habitués du site, pompent de la musique à tue-tête. Tout à l'honneur de nombreuses professionnelles du sexe opérant en ce lieu et leurs potentiels partenaires. Dans une cacophonie sonore éblouissante, les habitants des maisons environnantes n'ont qu'à bien se tenir. Car, le vacarme tient lieu de leur quotidien. Ce, jusqu'aux heures du matin.

D'ores et déjà, les habitants du quartier Super Lemba ne savent plus à quel saint se vouer. Malgré toutes les dénonciations, les multiples appels des Kinois de cette juridiction, en direction de leurs autorités communales, sont demeurés lettre morte. Tout se passe comme si les propriétaires de ces terrasses bénéficient d'une certaine protection de ceux qui sont sensés appliquer la loi. De temps en temps, des éléments de Forces de l'ordre y passent par vagues intermittentes. Non pas pour rappeler les Disc-Jockey à l'ordre. Plutôt, pour traquer des filles de joie!

Que donc retenir de tout ce qui précède ? Une seule chose. Si les tenanciers des terrasses de Matonge, Kapela et du Couloir Kimbuta se sont inclinés devant la décision du ministre provincial de l'Environnement, ceux de Super Lemba font encore de la résistance. Un entêtement qui va donc jusqu'à défier l'autorité municipale. Y compris la hiérarchie de la Police territoriale. Inexplicable!

VIVEMENT DES BRIGADES MOBILES DE SURVEILLANCE

Rappelons que la décision de Didier Tenge Litho évoquée ci-dessus, a été prise dans le cadre des stratégies de l'Opération Kin-propre, lancée dans la première quinzaine du mois de juillet dernier par le Gouverneur de la Ville, Gentiny Ngobila Mbaka. Il s'agissait donc, de la première mesure forte prise par les nouveaux dirigeants de la vaste capitale congolaise. Ainsi, pour combattre la pollution sonore à travers la ville, Didier Tenge Litho, ancien bourgmestre de Kintambo, nommé ministre provincial de l'Environnement, a interdit l'ouverture des débits de boissons pendant la semaine avant 18h00. Excepté le dimanche où les tenanciers des terrasses peuvent commencer leurs services à partir de 11h00 pour tout emballer dès que sonne minuit.

Aussitôt mise à contribution, la Police avait promis de veiller à la stricte observance de cette mesure. " Kinshasa : Didier Tenge Litho, ministre provincial de l'Environnement de Kinshasa, vient de réglementer les heures d'ouverture des terrasses et bars sur toute l'étendue de la capitale. En semaine, les débits de boissons ouvriront leurs portes de 18h00 à 23 h00. Le samedi, à partir de 18h00 jusqu'à 23 heures. Excepté le dimanche. Question de rester lucide pendant la journée et au service. La Police y veillera", avait repris dans son compte tweeter, le Commissariat général de la Police nationale congolaise (PNC), de la ville province de Kinshasa.

Pour sa part, Didier Tenge Litho avait rappelé que sa décision est une suite logique de l'Edit 005 du 9 octobre 2012. " En matière de tapages diurnes et nocturnes, l'Edit 005 du 9 octobre 2012 prévoit des amendes transactionnelles. Pour des personnes prises en flagrant délit, des amendes vont jusqu'à 300. 000 FC. Pour les récidivistes, la sanction peut atteindre le montant d'un million de francs.

Afin que nul n'en prétexte ignorer, le numéro 1 de l'Environnement de la ville de Kinshasa a déclaré s''appuyer sur l'Ordonnance-loi du 31 mai 1975 réglementant les heures de fermeture et d'ouverture des débits de boisson. Cette décision du Président de la république d'alors, non encore abrogée à ce jour, stipule que les heures d'ouverture sont fixées de 18h00 à 23h00 de lundi à vendredi, de 18h00 à minuit le samedi et de 11h à minuit le dimanche et les jours fériés légaux.

Toutefois, l'opinion se rappelle que ce n'est pas la première fois que les dirigeants Congolais décident de venir à bout de nuisances sonores diurnes et nocturnes à Kinshasa. Mais jamais, cette même décision n'a été de stricte application. Juste un feu de paille au début. Puis, plus rien. Pour cette fois-ci, des observateurs conseillent l'instauration des brigades de surveillance au niveau de chaque commune, pour justement veiller au respect de cette mesure. Une brigade que l'on souhaiterait rotative, pour ne pas dire alternative, afin d'éviter que les mêmes éléments ne deviennent, moyennant pourboire, des complices des tenanciers de terrasses infracteurs.