Éboulement à Bukavu: Bilubi, Ndigaya et Ngwabidje ou l’art de se plaindre après l’inaction

Au moins 3 morts, c’est en tout cas le bilan de l’éboulement qui a eu lieu sur avenue route d’Uvira, route nationale N° 5 dans la ville de Bukavu le mardi 27 août 2019.

Il s’agit des personnes mortes alors qu’elles tentaient de terrasser un terrain pour la construction d’une église sur un site pourtant déclaré impropre à la construction.

Cet incident a suscité colère et consternation dans l’opinion publique au point que certains activistes ont tout de suite exigé la démission de plusieurs responsables politiques accusés de n’avoir pas agi pour éviter le pire.

Les autorités incriminées à leur tour se sont succédé sur le lieu de l’événement, chacune avec un discours. Condamnation, regret, annonce des mesures pour punir les responsables,…

Le premier à s’exprimer c’est le maire. Dans une interview avec nos confrères de la RTNK à Bukavu, Bilubi Ulengabo s’était justifié en ces termes :

« Moi-même qui vous parle, j’ai été convoqué au parquet mes collaborateurs (le commandant de l’assainissement), continue à être convoqué au parquet à cause de ce site…C’est un site impropre à la construction. Ce que nous demandons, ce que le pouvoir judiciaire puisse continuer les enquêtes » a t-il dit. 

Pour le maire, la faute revient à ceux qui l’ont accusé devant les instances judiciaires et qui n’ont pas exécuté son ordre.

Même réaction du ministre des infrastructures et affaires foncières de la province du Sud-Kivu. Emmanuel Ndigaya «La Fantaisie» au micro de nos confrères de radio Maendeleo. Il explique qu’il est passé par là dès qu’il a reçu l’alerte mais n’a pas compris comment ces citoyens ont poursuivi la construction alors qu’il avait ordonné l’arrêt des travaux.

En visite sur le lieu du drame, le numéro un de la province du Sud-Kivu, Théo Ngwabidje Kasi a également rappelé que son ministre est passé sur le lieu mais regrette que des gens aient continué les constructions jusqu’à mettre la vie des autres en danger. Un peu comme le maire et son ministre, il tente de regretter que des citoyens n’aient pas accepté d’exécuter une décision verbale.

«Déjà le dimanche, je devais arriver ici mais pour des raisons d’agenda, je me suis déplacé à l’étranger mais mon ministre est passé par ici. Et mon ministre a ordonné l’arrêt des travaux mais personne n’a écouté parce que ceux qui étaient sur place ont estimé qu’ils sont couverts par certaines autorités. Nous l’avons dit et nous le répétons aujourd’hui, l’impunité est révolue au Sud-Kivu. Malheureusement il y a eu mort d’hommes et tout ce qui reste à faire c’est de punir ces responsables conformément à la loi de notre pays » dit avec fermeté l’autorité provinciale.

Des interrogations 

Comme on le voit, les autorités publiques ont chacune expliqué qu’elles ont pris des mesures que des citoyens à la quête des parcelles n’ont pas exécutées.

Ces justifications, loin de convaincre les plus sceptiques suscitent des questionnements les plus légitimes.

Comment le maire, le ministre ou encore le Gouverneur ont-ils décidé d’arrêter les travaux sur un site impropre à la construction sans que des mesures d’encadrement ne soient prises ?

A quoi sert la Police Nationale Congolaise à la disposition de l’autorité si elle ne peut pas prendre la responsabilité dans pareille situation ?

Le maire, le ministre ou encore le Gouverneur ont-ils déployé des policiers pour faire respecter cette mesure ou se sont-ils limités à dire qu’il faut que les travaux soient arrêtés ?

Pourtant l’Office des Routes avait alerté sur le danger que présentaient les travaux sur ce site par rapport à la route nationale N° 5 au niveau de l’avenue Ruzizi depuis le 18 Août 2019. Pourquoi les autorités qui ont lues ce service technique n’ont pas tout de suite agi en prenant des mesures conservatoires ou s’adresser directement à la justice pour faire arrêter ces travaux ?

C’est bien beau d’annoncer des mesures contre des responsables impliqués (peut-être les petits poissons) mais c’est aussi mieux de se mettre en cause et d’éviter pareille catastrophe. Les condoléances aux familles, oui, mais la vie de leurs membres est encore plus précieuse que toute aide ! « Gouverner c’est prévoir » dit-on, mais c’est aussi prévenir !