Politique
En passant trois jours en République démocratique du Congo, le patron de l’ONU, Antonio Guterres, a remis le plus grand pays d’Afrique sub-saharienne, victime de la violence armée et d’une grave épidémie d’Ebola, parmi les priorités des Nations unies aux côtés du Mali.
« Les Nations unies n’abandonneront pas le peuple congolais », a martelé lundi à Kinshasa le patron de l’ONU à l’issue d’une rencontre avec le nouveau président congolais Félix Tshisekedi.
« J’ai pu constater qu’il y a un vent d’espoir qui souffle en RDC, qu’il y a une opportunité à saisir », a déclaré M. Guterres, en écho à l’optimisme officiel des diplomates en poste à Kinshasa depuis l’élection de décembre qui a débouché sur la première transition pacifique du pouvoir dans l’histoire du Congo.
M. Guterres a lancé un appel « à la communauté internationale » à saisir cette opportunité et à « appuyer le peuple congolais et les autorités (…)dans le renforcement des institutions, le développement durable et inclusif, la sécurité, la réponse aux problèmes humanitaires ».
Après 20 ans de présence de l’ONU en RDC, ces déclarations marquent la volonté d’inverser l’attentisme de l’ONU observé en RDC depuis les élections de décembre 2018, au profit du Mali, de la Centrafique ou du Soudan du Sud.
En avril, l’ONU avait renouvelé son mandat en RDC jusqu’au 31 décembre, le temps de laisser les nouvelles autorités s’installer et de réfléchir au « désengagement progressif » des Casques bleus, selon la France.
Le budget de la mission tournant autour du milliard de dollars, avait été diminué, tout comme les effectifs civils, et des bureaux de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) ont été fermés dans les villes de Matadi et Lubumbashi.
La force restait l’une des plus importantes au monde avec 16.000 hommes.
Côté congolais, la précédente équipe de l’ex-président Josaph Kabila souhaitait le départ de la Monusco dès 2020.
Combattre les milices et Ebola
M. Guterres quitte lundi Kinshasa, convaincu que la RDC a toujours besoin de l’ONU pour la lutte contre l’épidémie Ebola et le maintien de la paix dans l’est du pays, où 130 groupes armés ont tué 1.900 personnes en deux ans, d’après le Groupe d’étude sur le Congo (GEC).
Ebola frappe notamment Beni dans le Nord-Kivu, où des centaines de civils ont été massacrés depuis 2014 par la redoutable milice d’origine ougandaise des Forces démocratiques alliés (ADF).
Repliés en forêt, les ADF tuent dans les campagnes et parfois dans les villes, malgré la présence des Casques bleus et de l’armée congolaise dans la région.
A Beni, les officiers congolais, les autorités locales et les habitants s’interrogent sur l’inaction des Casques bleus.
M. Guterres a promis d’améliorer la coordination des Casques bleus « avec les Forces armées de la République démocratique du Congo pour faire face de manière plus efficace à la menace du terrorisme ».
Une douzaine de soldats brésiliens, experts du combat dans la jungle amazonienne, doivent former les contingents sud-africain, tanzanien et malawite de la Force de réaction rapide (FIB) de l’ONU à combattre les ADF sur leur propre terrain, indique une source militaire.
A Beni, la sécurité est cruciale pour contrer l’épidémie d’Ebola qui « reste une menace sérieuse de santé publique pour le pays et la région », a souligné M. Guterres.
L’épidémie, qui a touché l’Ouganda voisine, a été décrétée en juillet par l’OMS « urgence sanitaire de portée internationale ».
Sur le front humanitaire, le patron de l’ONU a déploré que seuls 15% des promesses d’aide à la RDC aient été honorées cette année, notamment pour faire face à l’épidémie d’Ebola.
Dans son plaidoyer pour la RDC, M. Guterres n’a fait aucune annonce précise, à part l’organisation d’une conférence avec le gouvernement congolais sur Ebola et la santé en novembre, probablement à Goma.
La partie va désormais se jouer à New York, où le Conseil de sécurité doit renouveler d’ici au 1er janvier 2020 le mandat de l’ONU en RDC.
« Je suis sûr que dans le cadre de la révision stratégique de la Monusco, le Conseil de sécurité décidera de quelques ajustements qui puissent améliorer la Monusco et sa coopération avec le gouvernement congolais », selon Antonio Guterres.
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