Economie
Initialement arrêté à l’équivalent de 7 milliards USD, le projet de budget 2020 a été relevé à 10 milliards USD pour répondre aux immenses défis inscrits dans la vision du président de la République, Félix Tshisekedi. Pour le ministère des Finances, le challenge est de taille.
Atteindre un tel plafond de recettes impose la mise en œuvre des réformes aussi bien structurelles qu’opérationnelles pour rationaliser le circuit de mobilisation des recettes. Quid ? Mobiliser 10 milliards USD en 2020 met sous forte pression autant le ministère des Finances que la population dont le pouvoir d’achat prendra un grand coup du fait du relèvement de la pression fiscale (à peine 9% du PIB à ce jour).
Initialement arrêté à l’équivalent de sept (7) milliards USD, le gouvernement mise sur une hypothèse d’un projet de budget de l’Etat de 10 milliards USD pour l’exercice 2020. C’est ce qui ressort des délibérations du Conseil des ministres du 11 octobre 2019.
« Le Conseil a examiné la note méthodologique du ministère du Budget sur la projection des recettes et des dépenses de l’exercice 2020. A ce sujet, le Conseil a levé l’hypothèse d’un budget de 10 milliards de dollars américains qui a l’ambition de réaliser les objectifs de la vision du chef de l’Etat et du programme du gouvernement ». Au gouvernement, on est conscient de la hauteur du défi. Aussi, parallèlement à cette option, le Conseil a-t-il arrêté « des mesures d’accompagnement efficients pour la mobilisation maximale des recettes ».
Vu sous cet angle, toute l’efficacité du projet de budget 2020, qui sera bientôt soumis à l’approbation du Parlement, tient en la capacité du ministère des Finances à mobiliser. En 2020, les trois traditionnelles régies financières de la RDC, à savoir la Direction Générale des impôts (DGI), la Direction générale des douanes et accises (DGDA) et la Direction générale des recettes administratives, judiciaires, domaniales et de participations (DGRAD), seront très sollicitées. Avec elles, c’est tout le cabinet du ministre des Finances, Sele Yalaghuli, qui sera sous pression pour aider l’Etat à réunir les moyens de sa politique.
Le ministre des Finances sera-t-il à la hauteur ? C’est tout ce qu’on lui souhaite. Fin connaisseur des couloirs des structures du ministère, en commençant par le cabinet où il a assumé les fonctions de directeur de cabinet, avant un transit au plus haut niveau à la Primature, avant d’exercer avec brio les fonctions de directeur général de la DGI, Sele Yalaghuli a une bonne connaissance des milieux des Finances. Il a, à ce titre, des atouts pour réussir. Mais, il aura besoin d’un bon accompagnement du gouvernement pour faire passer toutes les réformes allant dans le sens de rationaliser la machine de mobilisation des recettes. Des réformes structurelles et opérationnelles de grande envergure seront nécessaires pour y arriver.
Mobiliser 10 milliards USD des recettes publiques pour financer des dépenses de la même hauteur en 2020 ne sera pas une tâche facile pour le ministère des Finances.
QU’ATTENDRE DU FMI ET DE LA BANQUE MONDIALE ?
En 2020, on s’attend à ce que le Fonds monétaire international et la Banque ouvrent les vannes pour apporter d’éventuels appuis budgétaires au gouvernement congolais. En séjour dernièrement à Kinshasa, les experts aussi bien du FMI que de la Banque mondiale ont affiché un brin d’optimisme. Tous espèrent que la RDC trouvera gain de cause auprès de leurs Conseils d’administration respectifs pour des appuis conséquents au budget de l’Etat.
Au FMI, on se montre hésitant, hanté par l’expérience malheureuse du PEG 2 (Second Programme économique du gouvernement), suspendu brutalement en novembre 2012. Malgré cet incident de parcours, le FMI est prêt à renouer avec la RDC. Il n’est pas cependant pas évident que la RDC signe avant décembre de cette année un accord formel avec le FMI. Ce qui pourrait lui ouvrir la voie aux appuis budgétaires du FMI. Selon les dernières délibérations des discussions de Kinshasa, le FMI est plutôt disposé à consentir un programme transitoire de neuf mois, s’étendant entre janvier et septembre 2020.
Ce programme aura la particularité d’être assorti d’appuis budgétaires d’environ 250 millions USD. Une exception qui augure de bonnes perspectives dans la conclusion d’un accord formel entre octobre et décembre 2020.
Quant à la Banque mondiale, il y a une promesse de plus d’un milliard USD. Pour y avoir droit, la RDC devra mettre en œuvre d’une série de réformes – 14 au total – dont la plus importante se ramène à l’audit de certaines entreprises stratégiques du portefeuille, essentiellement la
Gécamines. C’est dire combien il sera difficile de mobiliser des fonds extérieurs pour élargir les ressources budgétaires en 2020. La seule planche de salut – en tout cas la plus importante – sera encore une fois la capacité de l’Etat à mobiliser les recettes internes.
En 2020, le ministère des Finances sera au centre de tous les enjeux. Les régies financières seront sollicitées à fond pour donner à l’Etat les moyens de sa politique.
NE PAS ASPHYXIER LA POPULATION
En 2020, le gouvernement aura besoin de beaucoup de recettes. Avec une faible pression fiscale, soit 9 %, bien en deçà de la moyenne africaine, le gouvernement envisage, entre autres, la possibilité de revoir à la hausse cette pression fiscale pour mobiliser plus de recettes en interne.
Dans ces conditions, il y a un dilemme. Soit l’Etat élargit l’assiette fiscale en accroissant la pression fiscale, soit l’Etat se contente d’une même assiette fiscale par la création d’autres impôts, droits ou taxes. C’est l’équation fiscale qu’il faudra résoudre en 2020 pour espérer réaliser les prévisions budgétaires de 10 milliards USD.
Quelles que soient les méthodes qui seront mises en œuvre pour maximiser les recettes internes, il faudra veiller à la protection du pouvoir d’achat de la population.
Déjà maigre dans son état actuel, accroitre la pression fiscale suppose plus de sacrifices à consentir par le contribuable final, c’est-à-dire la population. Ce qui, à terme finira, par ronger son modique pouvoir d’achat.
C’est dire que le gouvernement, avec le ministère des Finances au front, devra passer par des arbitrages rationnels, c’est-à-dire maximiser les recettes internes tout en veillant à la préservation du pouvoir d’achat de la population. Autant de pression que le ministère des Finances devra gérer en 2020.
Le président de la République a échangé avec le président de la Banque mondiale sur la possibilité de la relance des programmes avec cette institution financière et sur son appui aux différents projets intéressant la République démocratique du Congo. En attendant la relance de ces programmes, le chef de l’Etat a accueilli avec satisfaction la décision de la Banque mondiale d’octroyer un appui budgétaire d’un milliard cinq cent millions de dollars américains (1.500.000.000 $) répartis sur trois ans.
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