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Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 08 avril 2024
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Sommet de Sotchi: Le grand retour de la Russie en Afrique ?

2019-10-25
25.10.2019
2019-10-25
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Vu de Paris, le sommet de Sotchi des 23 et 24 octobre 2019 est un « non-évènement », il en va tout autrement pour les 47 pays pré­sents qui en attendent des opportunités diplomatiques et économiques majeures. Un retour de la Russie sur la scène africaine qui inquiète parfois. Quels sont ses objectifs et son ampleur réelle ?

Décryptage.

Répondu « présent » à l’invitation de Vladimir Poutine et assistent au sommet russo-africain et au forum économique de Sotchi des 23 et 24 octobre. Un rassemblement inédit par son ampleur. Pourtant, du côté de Paris, c’est silence radio sur l’événement. Emma­nuel Macron est en déplacement à Mayotte toute la semaine, occupant l’espace médiatique français avec l’immigration et la sécurité. Tout juste a-t-il dépê­ché au Cameroun Jean Yves Le Drian, un ministre des Affaires étrangères plus connu pour son américanophilie que sa russo­philie. Est-ce pour bloquer sur place le président Paul Biya, qui se retrouve ainsi privé de voyage à Sotchi, comme l’affirment cer­tains médias locaux?

L’histoire dira si les absents à cette rencontre, qui veut marquer le grand retour de la Russie en Afrique, ont toujours tort. Alors que l’URSS avait été un acteur important –et souvent apprécié des Africains– de la décolonisation et des « guerres de libération » en Afrique, la présence de Moscou dans la région a en effet connu une longue éclipse après la chute de l’Union soviétique. Si c’est désormais de l’histoire ancienne, la Russie est-elle pour autant devenue le croquemitaine que certains dépeignent ? Pourquoi d’ailleurs ce regain d’intérêt de Moscou pour le continent?

Russie en Afrique, opportunisme ou stratégie?

Pour l’ancien ambassadeur Jean de Gliniasty, actuellement consultant, enseignant et direc­teur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), qui a été en poste à Dakar (1999-2003) puis au Brésil, avant de devenir am­bassadeur de France en Russie (2009-2013), le regain d’intérêt de la Russie pour l’Afrique peut s’expliquer par trois facteurs: « En premier lieu, la géostratégie, car malgré ce qui a été écrit de-ci, de-là, la Russie reste une grande puissance qui a besoin d’occuper l’espace.

À l’instar des États-Unis et de la France, voire de l’Angleterre, son offre est globale: sécurité, économie et soft Power, contrairement à la Chine et à la Turquie, attirées par les immenses richesses de l’Afrique, mais qui ne sont pas en mesure de s’investir dans la sécurisation du continent, particulièrement en ce qui concerne la lutte contre la montée du terrorisme », commente Jean de Gliniasty. De surcroît, poursuit l’ex-ambassadeur, qui fut également directeur de la zone Afrique et océan Indien au Quai d’Orsay, « avec son idéologie souverainiste et conservatrice, la Russie rencontre un écho particulièrement favorable auprès des dirigeants et des peuples africains, à un moment où ceux-ci rejettent de plus en plus toute forme de néocolonialisme.

Pour Moscou, c’est un signal fort qu’il est temps de revenir en Afrique. Enfin, au vu des faramineux taux de croissance qu’atteignent certains États africains comme le Rwanda, il est évident que les nouvelles occasions de faire du business sur le continent n’ont pas laissé les oligarques russes indifférents ». Animant une conférence à Paris, lundi 21 octobre, organisé en partenariat entre l’Observatoire franco-russe et l’Institut français de géopolitique sur le thème « L’Afrique: nouveau vecteur de la politique étrangère de la Russie? », il s’est montré dubitatif, dans ses conclusions, sur la question de savoir s’il y avait une véri­table stratégie africaine de la Russie en Afrique, en dehors de la volonté d’affirmer sa pré­sence et d’en tirer des bénéfices économiques.

« Pour l’instant, les interventions russes en Afrique ont surtout été opportunistes. Elles ont permis de combler les trous, voire les défaillances, des puissances occidentales. Même en République centrafricaine (RCA), Moscou a fait monter les enchères de son intervention pour soutenir le régime en place. Finalement, c’est grâce à l’intervention de la France au Conseil de sécurité des Nations-unies que la décision de lever l’embargo a été prise pour lui permettre de vendre des armes à Bangui », souligne le diplomate français.

Offensive diplomatique tous azimuts

Dans ces conditions, la Russie peut-elle faire concurrence aux puissances occidentales, dont la France ? Actuellement, son poids reste marginal en Afrique. Ainsi, Arnaud Kalika, chercheur associé à l’Institut français des relations internationales (IFRI) et directeur de la sûreté de Meri­diam, qui intervenait également le 21 octobre à la Maison de la Chimie, juge « inexact » de parler d’une présence russe massive sur le continent. Auteur d’une note de l’IFRI, publiée en avril 2019 intitulée « Le grand retour de la Russie en Afrique? », il répond que, bien qu’indéniable, ce retour « se fonde moins sur un grand dessein stratégique de domination que sur une quête d’influence opportuniste et pragmatique, essentiellement dictée par des impératifs économiques ».

Selon des documents révélés par le Guardian en juin dernier, la Russie viserait plus particulièrement 13 pays africains, dans lesquels elle espère étendre son influence. Depuis 2017, des accords de coopération militaire ont été signés avec une vingtaine de pays d’Afrique subsaharienne contre seulement sept de 2010 à 2017. Et sur les 20 nouveaux accords, 10 ont été conclus avec des pays avec lesquels Moscou n’avait encore jamais signé d’ac­cord de coopération militaire auparavant.

Pour Arnaud Dubien, directeur de l’Observatoire fran­co-russe, auteur du document d’orientation stratégique « La politique africaine de la Rus­sie: mythes et réalités », cette influence est largement exagérée y compris en RCA. « Si tout porte à croire que l’engagement de la Russie en Afrique est durable, son empreinte stratégique ne devrait plus augmenter de façon significative à l’avenir […]. La tonalité générale des articles publiés dans la presse occiden­tale sur le “grand retour” de la Russie en Afrique peut donner l’impression d’une marche triom­phale. Il n’en est rien », estime-t-il dans une note du 10 octobre. Enfin, dernier intervenant à la conférence du 21 octobre, Ke­vin Limonier a publié pour le compte de l’Institut de recherches stratégiques de l’école militaire (IRSEM), une note de recherche sur le thème de la « Diffusion de l’information russe en Afrique. »

Dans cet « essai de cartographie générale », il tente une analyse du soft Power russe en Afrique, beaucoup moins étudié jusqu’à présent, insiste-t-il, que l’appa­reil médiatique occidental (RFI, France 24, BBC, Voice of America, etc.). « Au moment où la Russie semble vouloir reprendre pied sur ce continent, il est apparu nécessaire d’entreprendre un premier travail exploratoire du rôle que peut jouer ce pays dans l’espace informationnel africain, et notamment dans les pays francophones », écrit-il dans ce document publié en août dernier.

Présentant les résultats d’une étude quanti­tative menée sur la diffusion et la propagation en 2018 des contenus informationnels pro­duits par les agences russes RT (Russia Today) et Sputnik News, il dresse une première carto­graphie générale des logiques de circulation de ces contenus, de leurs relais, et des straté­gies discursives utilisées par les divers acteurs en présence. Malgré son utilité empirique pour comprendre l’avancée russe dans le champ informa­tionnel africain francophone, « il en ressort que ni Google, ni Whatsapp, ni aucun des grand média occidentaux n’ont pour l’instant été détrônés par le soft Power russe. Mais, là encore, cela pourrait changer », comme l’a fait remarquer Jean de Gliniasty pendant la conférence.

« Ne plus se limiter à la vente de kalachnikovs »

Auteur d’une étude, la dernière en date publiée en octobre, sur le thème de « La nouvelle stra­tégie russe en Afrique subsa­harienne » pour le compte de la fondation pour la recherche stratégique, la consultante Poline Tchoubar relève d’emblée que le rapprochement de certains pays africains avec Moscou est une aubaine pour eux, même s’il s’inscrit à contre-courant d’un discret printemps africain: « L’étude de la présence russe en République centrafricaine, à Madagascar, en Angola et au Soudan montre que la stratégie de la Russie en Afrique a changé: depuis 2017, l’accent est mis avant tout sur l’approfondissement de la coopération sécuritaire, via la signature d’accords de défense et le déploiement de sociétés militaires privées, et sur l’influence médiatique.

Cette formule s’avère particulièrement attractive pour un certain nombre de régimes africains souhaitant se maintenir au pouvoir », écrit la spécialiste des questions économiques et sécuritaires de la zone Russie/ CEI. Pour la jeune chercheuse, la nouvelle stratégie de la Rus­sie en Afrique est également un exemple intéressant de la manière dont les oligarques proches du pouvoir à Moscou participent à la politique étran­gère. Et, notamment, le fait que Vladimir Poutine ait, semble-t-il, « délégué » une partie de la coopération avec les pays d’Afrique subsaharienne à un acteur privé, Evgueni Prigozhin, ainsi que le relevait l’article du Guardian déjà cité. Cela « pourrait être un signe que le continent africain n’est pas pour autant devenu la première priorité de la politique étrangère russe », estime-t-elle.

Face aux coups de boutoir de la Chine, notamment, il semblerait en tous cas qu’en matière de poli­tique africaine, « Moscou veut passer à la vitesse supérieure et ne plus se contenter de son image de vendeur de Kalachnikovs », comme l’ont écrit plusieurs media français allant même jusqu’à parler de « Russafrique ». En plus de présider son pre­mier grand sommet africain avec les chefs d’État africains présents, Vladimir Poutine a souhaité qu’un grand forum économique soit organisé en parallèle, permettant d’inviter des acteurs de la société civile et des milieux des affaires. Sans doute le meilleur moyen de capitaliser sur des échanges commerciaux en pleine crois­sance avec le continent, tout en développant les synergies souhaitées pour les grandes entreprises russes. D’ailleurs, celles de l’énergie nucléaire civile comme du rail y seront très fortement représentées:

« La Russie a de nombreux atouts sur le plan économique qu’elle peut faire valoir en Afrique, à commencer par le nucléaire civil. Il est incontestable qu’à l’avenir, dans ce secteur, elle sera un concurrent avec lequel il va falloir compter », conclut pour sa part l’ancien ambassa­deur Jean de Gliniasty, cité par Sputnik.

Contre les intimidations des gouvernements africains

Certains pays occidentaux tentent d’intimider et de faire chanter des gouvernements africains afin de retrouver leurs influences perdues dans les anciennes colo­nies, selon le Président russe. Des pays occidentaux intimident et font chanter des gouverne­ments africains pour reconstituer leurs positions dominantes et leurs influences perdues dans les anciennes colonies, a annon­cé Vladimir Poutine dans une interview accordée à l’agence Tass en prévision du sommet et du forum économique Russie- Afrique des 23 et24 octobre à Sotchi. Il estime que de cette façon, « ils tentent, sous un emballage nouveau, de drainer des super­profits et d’exploiter le continent sans le moindre égard pour les gens qui le peuplent, pour les risques écologiques et autres ».

Le Président russe est certain que pour y parvenir, les pays occidentaux veulent bloquer le rapprochement entre la Russie et l’Afrique. « Apparemment, pour que personne ne les empêche d’appliquer une telle politique », a-t-il avancé.

Il a signalé que Moscou était prêt à faire face à la concurrence pour coopérer avec l’Afrique, à condition que cette concurrence soit civilisée. « Il va de soi que nous tenons compte des réalités, nous tirons des conclusions et nous sommes prêts à la concurrence pour la coopération avec l'Afrique, mais pas à un nouveau partage des richesses du continent », a indiqué le Président russe. Il a signalé qu’outre les pays européens, la coopération avec l’Afrique était recherchée par les États-Unis et la Chine, mais aussi par la Turquie, l’Inde, le Japon, la Corée du Sud, les pays du Golfe, Israël et le Brésil.


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