Monde
Le président avait été contraint à la démission et à l’exil le 10 novembre. Un « dialogue » est organisé samedi entre ses partisans et le gouvernement provisoire mais la présidente par intérim a indiqué qu’elle refuserait de promulguer un projet de loi visant à l’amnistier.
Le Parlement bolivien a approuvé, samedi 23 novembre, un projet de loi organisant de nouvelles élections présidentielle et législatives sans la participation de l’ancien président Evo Morales, deux scrutins censés mettre un terme à l’instabilité qui secoue le pays sud-américain depuis un mois.
La Chambre des députés a donné son feu vert dans la soirée, quelques heures après le Sénat. Le texte doit encore être promulgué par la présidente par intérim de Bolivie Jeanine Añez pour avoir force de loi.
Un texte qui empêche le retour de Morales
L’ancien président Evo Morales s’était proclamé vainqueur, mais l’opposition avait dénoncé une fraude. Après plusieurs semaines de manifestations, lâché par l’armée, le chef de l’Etat en place depuis 2006 a annoncé sa démission le 10 novembre. Depuis, ses partisans manifestent quasi quotidiennement à La Paz et d’autres villes.
Le texte approuvé par le Parlement prévoit l’annulation du scrutin du 20 octobre et interdit à toute personne ayant exercé deux mandats électifs de suite de se présenter à un troisième, ce qui ferme la porte à une candidature d’Evo Morales qui a déjà exercé trois mandats présidentiels. Le propre parti d’Evo Morales, MAS (Mouvement vers le socialisme), qui dispose de la majorité au Parlement, a voté en faveur du projet de loi au Sénat, mettant ainsi en évidence ses divisions concernant l’ancien président.
Un « dialogue » ouvert pour débloquer le pays
En parallèle, le gouvernement provisoire de Jeanine Añez devait ouvrir samedi soir un « dialogue » avec les manifestants pro Morales afin de tenter de pacifier la Bolivie où 32 personnes ont trouvé la mort dans des violences survenues depuis la présidentielle contestée, et de mettre fin aux « blocages ».
En effet, depuis un peu plus d’une semaine, des partisans d’Evo Morales bloquent les routes qui relient La Paz au centre de la Bolivie. La capitale administrative souffre de graves pénuries alimentaires, et le blocage d’une raffinerie à El Alto, près de La Paz, coupe l’approvisionnement en essence des 800 000 habitants.
La présidente par intérim bolivienne, Jeanine Añez, lors d’une conférence de presse à La Paz, le 23 novembre. JORGE BERNAL / AFP
Pas d’amnistie pour ceux qui ont « commis des crimes »
Evo Morales est parti en exil au Mexique. Lui et ses partisans estiment qu’il a été victime d’un « coup d’Etat » et qualifient le gouvernement provisoire de « dictature ». Ce dernier accuse l’ancien président d’attiser le conflit depuis le Mexique. Le ministre de l’intérieur a annoncé vendredi avoir déposé plainte contre lui pour « sédition et terrorisme », affirmant qu’il a appelé ses partisans à « encercler » les villes pour accentuer les blocages. Le parquet a ouvert une enquête.
En réponse, les sénateurs du MAS ont présenté samedi un projet de loi visant à exonérer Evo Morales de poursuites judiciaires, mais Jeanine Añez a aussitôt averti qu’elle refuserait de promulguer un texte qui accorde une « amnistie » à ceux qui ont « commis des crimes, se sont moqué de la loi et ont commis des abus ».
Evo Morales a rejeté les accusations de « sédition » et « terrorisme », évoquant de « fausses preuves ». Deux de ses enfants, Evaliz Morales Alvarado et Alvaro Morales Peredo, sont arrivés dans l’après-midi à Buenos Aires, après que les autorités les ont autorisés à quitter la Bolivie.
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