Economie
Dans son analyse, l'ancien Directeur général de la société congolaise des postes et des télécommunications (SCPT), Jean-Pierre Muongo, analyse la situation actuelle de quelques entreprises publiques de la RDC et propose quelques pistes de solutions pour une une grande productivité.
De manière générale, estime Jean-Pierre Muongo, la plupart des sociétés des services publics de la RDC sont en faillite, ne fournissent plus les services publics et d’intérêt général définis dans leur objet et ne rapportent pas des dividendes au portefeuille de l’État.
Parmi les obstacles à leur fonctionnement, l'ancien Directeur général de la Société congolaise des postes et des télécommunications (SCPT) relève notamment que ces sociétés ne sont pas capitalisées depuis la transformation qu’elles ont subies en 2008 et qu’elles traînent toutes des conventions collectives qui octroient au personnel des droit de sortie (départ à la retraite et/ou départs pour raisons particulières) dits « décompte final » tellement exorbitants qu’elles sont obligées de garder le monde bloquant ainsi l’arrivée des nouveaux et la réalisation d’équilibres financiers et comptables.
« On oublie les cotisations à la caisse de sécurité et prévoyance sociale qui elle-même semble s’accommoder de ce type de politique. Dans certaines entreprises, lors du décès d’agent, la convention collective prévoit le remplacement par un enfant ou un parent qui peut être un frère, une sœur ou un petit enfant ! Au vu des dimensions de la RDC, on convient qu’une poignée d’individus prend le pays en otage dans ces entreprises dont ils réclament des revenus et d’avantages pour assurer « la paix sociale », explique Jean-Pierre Muongo.
Ce dernier note également comme obstacle au bon fonctionnement des entreprises publiques le fait qu’elles s’inscrivent peu dans la nouvelle configuration organique de l’administration du territoire qu’est la décentralisation.
Passage en revue de quelques entreprises
En passant en revue quelques entreprises publiques en question, estime Jean-Pierre Muongo, cela permet de comprendre, de se faire une opinion et de voir si la désignation d’acteurs devrait précéder les reformes à y appliquer. « Les réformes de 2008 se sont limitées à repartir les entreprises publiques en sociétés commerciales et en établissements publics sans vraiment résoudre les problèmes de capitalisation et disponibilisation des services au public et d’intérêt général », explique l'expert.
Pour ce qui est de la Gécamines, par exemple, société dédiée à l'extraction, la production, la transformation et la commercialisation des minerais de différents sites lui appartenant, Jean-Pierre Muongo indique que cette entreprise gère actuellement une partie de ses concessions et a cédé d’autres à des partenaires privés. « C'est une entreprise faible actuellement, mais elle dispose de bonnes perspectives pour l’avenir au vue de ses orientations. Elle devrait continuer la politique de renforcement et de partenariat choisi »,note l'analyste.
Quant à la Regideso, explique Jean-Pierre Muongo, elle a reçu l’aide à la gestion de société internationale et attend la loi sur l’eau qui assurerait une couverture importante de desserte sur la République. «Encore très centralisée, elle devrait s’éclater en provinciale ou en inter-provinciales de l’eau», propose l'expert.
De son côté, analyse Jean-Pierre Muongo, la société nationale d'électricité (SNEL) est libéralisée,mais les investisseurs ne se bousculent pas. Ainsi, fait-il savoir, une vingtaine dont moins de 10 apportent des études sérieuses. « Le manque de fortune congolaise devrait pousser au regroupement des provinces pour assurer la desserte, les études et les investissements futurs. Les zones d’avenir miniers et les infrastructures de » transports devraient être les clients à lorgner ».
Pour ce qui est de la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC), Jean-Pierre Muongo indique que suite à plusieurs réformes, la société reprend les infrastructures traditionnelles, mais a perdu de sa capacité à la faveur du transport routier des minerais et peine à se relever. Pour l'expert, au vu des projections minières du Sud-Est congolais (Cobalt,Cuivre, Lithium, Nickel),de la rénovation des chemins de fer des pays voisins, une tracée intégratrice à concevoir entre Bunia et Ilebo d’une part, la rénovation de Kasumbalesa-Ilebo et Ilebo Muanda, la SNCC devra se préparer à jouer le rôle moteur dans son domaine.
Quant à la Régie des voies aériennes, chargée de la gestion des aéroports et des infrastructures d’assistance à la navigation, Jean-Pierre Muongo indique cette entreprise peine à sortir des contrats de prêt pour la construction des tours de contrôle de Ndjili et Lubumbashi ainsi que du salon présidentiel. En outre, indique-t-il, l'entreprise perçoit les frais de GO PASS sans transparence pour les mêmes pesanteurs. « Il faudrait se concentrer sur les investissement de 4 aérodromes modernes dans la République et établir une gestion publique-privée des 50 aérodromes secondaires et créer une consultance pour les 50 aérodromes des concessions », propose l'expert.
Par ailleurs, Jean-Pierre Muongo propose d'enlever à l'Office congolaise de contrôle (OCC) la normalisation et de créer l’Institut Congolais de la Normalisation « pour se conformer à ce qui se passe dans tous les pays et éviter que l’OCC demeure juge et partie ».
Quelques entreprises à liquider
Parmi les sociétés à liquider, selon Jean-Pierre Muongo, figure la SONAHYDRO, la SCTP, le CFU, la FIKIN, l'ONAPAC et la RENAPI
Si beaucoup d'entreprises peuvent être restructurées pour une grande productivité, Jean-Pierre Muongo propose néanmoins la liquidation de certaines d'elles qui, visiblement, n'arrivent plus à remplir leurs missions ou dont l'existence ne correspond plus au contexte actuel.
Jean-Pierre Muongo propose ainsi de liquider la SOCIDER. Cette société de production d’acier (Sidérurgie de Maluku), installée pour traiter le fer en provenance de Banalia, a tenté de se tourner vers le traitement des mitrailles et la production de fer à béton sans succès, analyse Jean-Pierre Muongo. « Ne répondant plus aux objectifs de départ, c'est une société à liquider. Il faudrait entrevoir la création d’une société d’aciérie qui pourrait traiter les éponges de fer vers la Tshopo »,propose-t-il.
Parmi les autres sociétés à liquider, selon Jean-Pierre Muongo, figure la SONAHYDRO (ex-COHYDRO), chargée de la production et de la distribution de produits pétroliers. « La société prend les dividendes revenant à l’État des sociétés pétrolières et ne disposant que de capacité limité de distribution. C'est une société à liquider pour insuffisance d’apport au public et à l’État », fait-il savoir ; la SODIMCO, dédiée au développement industriel et des mines de cuivre ; la société congolaise des transports et des ports (SCTP -Ex/ONATRA), dédiée à la gestion du transport ferroviaire Matadi-Kinshasa et à la gestion du transport sur le fleuve Congo. Elle est, estime JP Muongo, gangrenée par la convention collective, le personnel pléthorique et la vétusté des outils. « C'est une société à liquider et l’État devrait créer une nouvelle société interprovinciale Congo Central-Kinshasa pour le transport et établir une collaboration avec la SNCC pour la jonction Ilebo-Muanda ; la Régie des voies maritimes qui est « sous-capitalisée ».
Pour JP Muongo, il s'agit d'une société à liquider et il faudrait créer une société provinciale de dragage et entretien de la voie Muanda Matadi. La province peut confier la gestion à une entité privée et garder quelques actions ; la CMDC, chargée de la gestion de la flotte maritime congolaise, mais, selon l'analyste, « ne vit que grâces à ses droits sur les conventions maritimes.
« C'est une société à liquider, la RDC n’ayant plus de bateaux de haute mer. Elle ne peut justifier d’apport à l’assiette des revenus de l’État, ni de création d’emplois conséquents », fait savoir JP Muongo ; la Société congolaise des postes et des télécommunications (SCPT), qui, selon l'expert, ne répond plus au service public, suite à l'absence de poste, de service universel des télécommunications et d’interconnexion des réseaux. « Il faudrait confirmer la création de la société de Poste et la création de la société des télécommunication. Les lois de séparation existantent », explique-t-il.
Les autres sociétés à liquider, selon ce dernier, sont CFU (Chemin de fer de l’Uélé) qui est « agonisante » et qui pourrait être remplacée par la création d’une filiale de la SNCC pour le nouveau tracé Bunia-Ilebo en extension sur Buta-Aketi-Bumba ; l'ONAPAC (Office des Produits
Agricoles, Encadrement, commercialisation du café et des produits agricoles exportables qui a un « faible financement fortement déstructuré » ; l'OPEC, la Foire internationale de Kinshasa (FIKIN) et la RENAPI,société chargée de l'approvisionnement en matériels scolaires et d’imprimerie.
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