Economie
Le Secrétaire général de la Gécamines, Ngele Masudi, a démontré preuves à l'appui, étape par étape, devant des représentants d'ONG du secteur minier et des hommes des médias triés sur le volet, le caractère légal et régulier de la démarche de la Gécamines dans l'évolution du sulfureux dossier relatif au prêt de 200 millions d'euros contracté auprès de Fleurette Mumi Holdings. C'était au cours d'une séance d'échange d'informations organisée mardi 24 décembre 2019 à la représentation de la Gécamines à Kinshasa.
Sceptiques, des délégués des ONG du secteur minier voulaient en avoir le cœur net. Ils sont allés à la source, à la représentation kinoise de la Générale des Carrières et des Mines, et ont été édifiés par les pièces à conviction brandies par son Secrétaire général, Ngele Masudi, dans cette affaire de prêt de 200 millions d'euros de Fleurette.
S'agissant de l'affirmation faisant état d'une affaire de "faux contrat entre Fleurette et Gécamines", ces acteurs de la société civile ont pu accéder à des documents et se sont rendu compte qu'il était vrai. Quant aux 128 millions d'euros qui seraient "non encaissés par Gécamines", d'après une certaine opinion, le secrétaire général a brandi l'extrait de compte avec le Swift qui existe.
Ce n'est pas tout. Concernant la destination prise par cet argent emprunté à Fleurette, les représentants des ONG du secteur minier ont pu voir le document du ministère des Finances attestant la mobilisation de plus de 90% des 128 millions d'euros, soit plus de 135 millions de dollars américains.
Une certaine opinion parle d'un accommodement entre Ventora, Gécamines et le juge du Tribunal de commerce de Lubumbashi. A sujet, "il a été mis en exergue le refus catégorique de payer défendu par les dirigeants de Gécamines, leur opposition au jugement rendu par une procédure en appel, l'obtention du non-paiement des dommages et intérêts de 50 millions de dollars et la mise en place des mécanismes nécessaires pour éviter toute saisie des comptes de Gécamines en vue d'un recouvrement éventuel par Ventora".
Après toutes les explications et preuves qui leur ont été fournies, les délégués ont conclu à un sérieux problème de communication à la Gécamines. Ils conseillent aux dirigeants de cette entreprise de désormais publier régulièrement ses états financiers certifiés et de se soumettre aux exigences de l'ITIE pour communiquer sur tout ce que la société paye à l'Etat et à des tiers.
Ces ONG du secteur minier dénoncent l'habitude qu'a l'Etat congolais, actionnaire unique de Gécamines, de délester la Gécamines de ses revenus, la privant des ressources devant l'aider à développer ses projets sans se soucier de les rembourser.
"Quand Gécamines emprunte de l'argent ou fait des transactions importantes, l'Etat-propriétaire fait souvent recours à ces fonds. Cela nous inquiète. Il est vrai que le Gouvernement a beaucoup de besoins pour faire face à ses urgences. Mais faudrait - il pour autant tuer la Gécamines ? Autant il faut prendre l'argent, autant il faut chercher comment rembourser pour que l'entreprise développe le projet pour lequel cet argent est destiné ", a déclaré Georges Bokundu de l'Organisation internationale pour le suivi des Ressources naturelles en Afrique Australe (SARW).
Cette coutume de prélever de l'argent sans le rembourser a mis beaucoup d'entreprises du portefeuille en difficulté. A ce jour, certaines d'entre elles, à l'instar de la Minière de Bakwanga (MIBA), peinent à se relever.
Ces acteurs de la société civile du secteur minier conseillent aux nouvelles autorités du pays de ne pas s'illustrer par ce même type de comportement afin de doter la Gécamines de moyens de sa politique.
En un mot comme en cent, la Gécamines reconnaît avoir contracté la créance de l'ordre de 200 millions d'euros. Mais qu'elle n'a encaissé que 128 millions d'euros. De ce montant, 90% ont été pris par l'actionnaire unique, l'Etat congolais, au titre d'avances fiscales qui ont été mobilisées.
Cependant, le cas de force majeure ne permet pas à la Gécamines de payer sa dette. Les sanctions américaines demeurent un obstacle majeur pour tout paiement de cet argent.
"Pas un seul dollar, euro ou franc congolais de Gécamines ne peut être payé à Ventora (anciennement Fleurette Mumi Holdings), au titre de remboursement de sa dette de 128 millions d'euros contractée en 2017, tant que cette société et ses propriétaires seront sous les sanctions américaines", explique l'avocat conseil de la Gécamines, Me Roger Massamba.
A la Gécamines, on ne comprend pas pourquoi les dirigeants de cette société sont retenus à Kinshasa depuis une dizaine de jours. Les concernés en sont encore à chercher les raisons de ce qu'ils assimilent à un acharnement pour une affaire où toutes les pièces sont clean.
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