Kabila devant le Congrès ce jeudi : l’Opposition politique d’accord pour un Gouvernement de large ouverture

«Au moment où le pays est en danger, rien ne s’oppose à ce que, comme aux USA où Obama compose avec des Républicains, que nous offrions notre expertise à la Nation», confie un opposant Gouvernement d’union nationale, d’ouverture ou de large ouverture? C’est surtout ce que l’opinion attend du discours du président Joseph Kabila Kabange ce jeudi 10 octobre devant les deux chambres du Parlement réunies en Congrès. Mais, à en croire des sources généralement bien informées, l’hypothèse d’un cabinet d’union nationale ne serait plus du tout à l’ordre du jour. Autrement dit, la Primature ne reviendra pas à un opposant comme cela se fait souvent lors des rencontres politiques impliquant la participation de l’Opposition. Tout indique que c’est plutôt un Gouvernement de large ouverture qui sera à l’honneur en RDC.

Léon Kengo ou Augustin Matata Ponyo à la Primature? Selon des sources dignes de foi, l’actuel locataire de la Primature pourrait tout aussi bien succède à lui-même en échange d’un Gouvernement de large ouverture en lieu et place du cabinet d’ouverture.  Mais, en contrepartie, le Raïs serait disposé à accorder quelques postes ministériels à l’Opposition politique, du moins à ceux qui seraient partants pour cette option au nom de la cohésion nationale qui symbolise la tenue des travaux des Concertations.

L’OPPOSITION D’ACCORD

En dehors du MLC, qui s’est déjà prononcé sur cette question du Gouvernement, notamment en déclinant à l’avance l’offre, d’autres partis politiques seraient-ils d’accord avec un Gouvernement de large ouverture? A en croire le recoupement de dernières informations, l’Opposition serait bel et bien d’accord avec l’option sanctionnant la fin des Concertations tenues dernièrement à Kinshasa. Un opposant de premier plan joint hier soir au téléphone a confirmé cet accord à «Forum des As». Comme pour s’en expliquer, il confie : «Au moment où le pays est en danger, rien ne s’oppose à ce que, comme aux Usa où Obama compose avec des Républicains, que nous offrions notre expertise à la Nation». Quant à savoir si c’est également l’avis d’autres opposants, il a simplement indiqué : «Il y en a plusieurs qui n’attendent que l’occasion de servir leur Nation». Voilà qui en dit long sur les attentes des uns et des autres ce jeudi. Surtout lorsqu’on sait que Denis Sassou Nguesso a reçu, dimanche dernier à Brazzaville, les deux membres du présidium, Léon Kengo et Aubin Minaku, qui lui ont remis l’invitation pour le discours de Joseph Kabila devant le Congrès. C’est dire que le Président entend tirer les leçons des travaux des Concertations nationales où une large ouverture a été recommandée s’agissant du nouveau Gouvernement. C’est donc ce jeudi que le Raïs devra se prononcer sur les recommandations du dernier forum politique national.

«JE VOUS AI ENTENDU ET JE VOUS AI COMPRIS»

D’ailleurs, samedi dernier, dans son discours de clôture, Joseph Kabila avait résumé la demande d’un Gouvernement de large ouverture par une phrase courte, mais combien  significative en politique. «Je vous ai entendu et je vous ai compris», avait simplement lâché le Raïs aux délégués. Les applaudissements qui ont suivi cette grande emphase en disaient suffisamment long sur la réaction des uns et des autres. Mais, c’est surtout à l’acte que les différents acteurs politiques attendent de juger leur Président qui se trouve désormais seul devant sa conscience. Il revient donc au Raïs de tirer toutes les conséquences ce jeudi.

«Je connais vos attentes et je ne vous décevrai pas». Cette phrase du maréchal Mobutu, lâchée en 1996 lors de son retour au pays après son hospitalisation à Nice en France, n’avait pas du tout produit des effets escomptés. Car, à l’époque, le pays était en guerre avec la rébellion de l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo). Mais, lorsqu’en lieu et place de Tshisekedi, Mobutu reconduit Kengo, les attentes étaient déçues. A l’époque comme aujourd’hui, le maréchal Mobutu était seul devant sa conscience. Il lui revenait, à lui et non à personne d’autre,  de tirer toutes les leçons.

PLACER L’EGLISE AU MILIEU DU VILLAGE

C’est à cette même équation que Joseph Kabila doit faire face. Dès lors, de deux choses l’une: ou il traduit réellement en acte le «Je vous ai et je vous ai compris», ou il rate alors le coche et prend une direction tout à fait opposée aux attentes des délégués aux Concertations. Car, comme autrefois Mobutu, le Raïs a l’occasion de composer avec une partie de l’Opposition politique en RDC au nom de la cohésion nationale issue du dernier forum national. Quitte à voir, par la suite, de quel appât se servir pour amadouer les opposants qui ont décliné son offre politique. Mais, de la gestion de ceux qui ont déjà rejoint la cause nationale dépendra la suite des évènements politiques.

Car, le président de la République doit à tout prix réussir à imposer aux autres. C’est sa position au-dessus de la mêlée pour place l’église au milieu du village.  Car, n’eut été l’agression de la RDC, il était clair que l’Opposition aurait simplement rejeté les Concertations nationales surtout dans leur formule institutionnelle pour exiger, d’une seule voix, la tenue d’un dialogue du genre CNS ou Sun City bis. Ce qui aurait pu contribuer à enterrer l’ordre institutionnel actuel. Même si une partie des opposants continue à exiger un vrai dialogue, n’empêche que les Concertations nationales ont accueilli d’autres opposants tout aussi valables.

SASSOU : LA CAUTION DE JOSEPH KABILA

La caution internationale tant réclamée par l’Opposition avant la tenue du dialogue ou Concertations nationales sera au rendez-vous ce jeudi lors du discours de Joseph Kabila devant le Congrès. Car, le président Denis Sassou du Congo d’en face a reçu son invitation dimanche de mains de Léon Kengo et Aubin Minaku. Il a, séance tenante, promis de faire le déplacement de la ville de Kinshasa pour suivre l’adresse de son homologue rd congolais. C’est dire que ceux qui misaient sur lui pour faciliter les Concertations nationales seront bien servis par cette présence comme un témoin international de la suite que le Raïs accordera aux recommandations soumises à sa sanction. Il reviendra aux uns et aux autres d’en tirer toutes les conséquences et d’être fixés une bonne fois pour toutes sur la question.