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Il est minuit. Après trois ans d'intenses tractations, le Royaume-Uni ne fait officiellement plus partie de l'Union européenne. Des discussions doivent encore avoir lieu entre Londres, Bruxelles et les autres pays européens pour définir les contours précis de ce départ. En effet, le Royaume-Uni entre à compter du 1er février dans une phase de transition durant laquelle ses relations resteront inchangées avec les 27 jusqu'au 31 décembre 2020, date de la fin de ladite période.
La fin s’est terminée un peu en queue de poisson. Sans feux d’artifice ni grands gestes ou déclarations. Big Ben n’a pas sonné et même le Premier ministre Boris Johnson est resté invisible, derrière les murs du 10 Downing Street, où se tenait tout de même une réception arrosée de mousseux anglais, forcément. Son adresse à la nation, pour une journée historique qui devrait changer radicalement le destin du pays, s’est résumée à un enregistrement vidéo, même pas diffusé sur la BBC mais uniquement sur les réseaux sociaux.
Pas de tapis rouge devant Downing Street, pas de pupitre ni de discours solennel. La célèbre porte en vernis noir est restée résolument close. Sur les murs de briques noires, les couleurs du drapeau de l’Union Jack ont été projetées, puis, une heure avant l’instant historique, un compte-à-rebours s’est affiché. L’heure du départ a fait un peu pschitt. Comme si, quelque part, en haut lieu, on voulait éviter le triomphalisme. Parce que ce bond dans le vide, cet arrachement, ne satisfait finalement que moins de la moitié du pays.
« Ce soir, nous avons quitté l'Union européenne » (Boris Johnson)
Le premier ministre britannique a tweeté à minuit pile, heure officielle de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, indiquant : « Ce soir, nous avons quitté l'UE, un tournant extraordinaire dans la vie de ce pays. Réunissons-nous maintenant pour tirer le meilleur parti de toutes les opportunités que le Brexit nous offrira, et libérons le potentiel de tout le Royaume-Uni ».
« Le plus important est de dire que ce n'est pas une fin, c'est un commencement. Le moment où l'aube pointe et le rideau se lève sur un nouvel acte de notre grand drame national », a déclaré solennellement le premier ministre Boris Johnson.
« Pour beaucoup de monde, il s’agit d’un moment d’espoir, un moment qui, pensaient-ils, n’arriverait jamais. Et il y en a aussi beaucoup qui ressentent un sentiment d’anxiété et de perte », a d’ailleurs reconnu Boris Johnson dans son message de fin. « Et puis il y a bien sûr un troisième groupe, peut-être le plus important, qui commençait à se dire que ce casse-tête politique n’en finirait jamais », a-t-il ajouté. « Je comprends tous ces sentiments et notre tâche, en tant que gouvernement, ma tâche est de rassembler ce pays et de l’emmener vers l’avenir. »
Cette mission sera pour demain, pour les jours, les semaines, les mois et probablement les années à venir. Ce vendredi soir, c’est Nigel Farage et ses troupes qui ont animé la fête, prenant d’assaut Parliament Square devant le parlement de Westminster, devant une foule bigarrée et souvent imbibée.
Là, il a répété « on a gagné », sans vraiment dire quoi, pendant que la foule reprenait en chœur les « hymnes » britanniques, ou peut-être plutôt anglais, comme « Rule Britannia », « Jerusalem » et, bien entendu « God Save the Queen ». Dans un coin de la place, un groupe de femmes, décorées d’Union Jack, chantaient à tue-tête : « We will survive » (nous survivrons).
D’autres avaient organisé ailleurs des fêtes un peu tristes, pour noyer leur chagrin de savoir que ce samedi matin, ils se réveilleraient en sachant qu’ils ne sont plus européens. La majorité n’a rien fait, essayé de vivre un vendredi soir comme un autre et de ne pas trop s’interroger sur la suite. Le Brexit et ses conséquences ne font que commencer. Demain est un autre jour, brexité.
Quid de l'après Brexit ?
Le Royaume-Uni est sorti officiellement de l'Union européenne ce vendredi 31 janvier 2020 à 23h (minuit à Paris). Juridiquement, le Brexit a bien eu lieu, plus de trois ans après le référendum de quitter l’Union européenne. Les échanges quotidiens entre le Royaume-Uni et l’UE vont continuer comme avant jusqu’au 31 décembre 2020. Pendant cette période de transition, Londres et Bruxelles vont négocier leur relation future. Quelques changements pratiques vont toutefois intervenir d’ici là.
L'UE perd pour la première fois un Etat membre (si l'on exclut le cas assez particulier du Groenland), qui plus est la deuxième économie du bloc. Avec le départ de 66 millions d'habitants, l'UE voit sa population passer à quelque 440 millions. Son territoire diminue de 5,5%. Et Si jamais le Royaume-Uni décidait un jour de revenir, il devrait se soumettre à la procédure d’adhésion habituelle.
Une période de transition d'au moins un an commence : les règles européennes continueront de s'appliquer, ce qui fait qu'il n'y aura pas de changement pratique demain pour les citoyens et les entreprises. Toutefois, a Bruxelles et Strasbourg, le retrait de l’Union Jack devant le Parlement européen symbolise un changement bien réel : le Royaume-Uni sort de l’UE et devient un "pays tiers". Plus aucun des 73 eurodéputés britanniques élus en mai ne siège. A leur place, s’installent 27 représentants de 14 Etats membres – les sièges restants étant gardés en réserve en cas d’élargissement – dans une assemblée qui passe de 751 à 705 membres.
Le Premier ministre britannique ne sera plus invité aux sommets européens, pas plus que les membres du gouvernement n’assisteront aux réunions ministérielles. Les Britanniques travaillant déjà dans les institutions européennes peuvent y finir leur carrière, mais il n’y a plus d’embauche de fonctionnaires britanniques et les concours ne leur sont plus ouverts, dès avant la fin de la période de transition. Nombre de ces fonctionnaires européens britanniques ont toutefois acquis une double nationalité.
Le Royaume-Uni reste soumis à la Cour de justice de l’UE, compétente pour toutes les procédures introduites avant la fin de la période de transition. Mais les mandats des trois juges britanniques de la Cour et du Tribunal prennent fin immédiatement, tandis que l’avocate générale de ce pays continuera à siéger en attendant son successeur.
Pour le budget, le Royaume-Uni, deuxième contributeur net derrière l’Allemagne, continue à verser sa part jusqu’à la fin de la transition.
En vertu de l’accord de retrait, les expatriés installés de part et d’autre de la Manche avant la fin de la période de transition conservent leurs droits de résider et de travailler dans leur pays d’accueil. Les citoyens européens résidant au Royaume-Uni doivent s’enregistrer pour bénéficier de ces droits. Pour les Britanniques vivant dans l’UE, les procédures diffèrent d’un pays à l’autre. La liberté de circulation s’applique jusqu’à fin décembre 2020. Les détails des droits réciproques seront négociés après le Brexit.
Londres et Bruxelles vont désormais négocier un nouvel accord pour définir les contours de leur "relation future". Les négociations devraient commencer dès demain, notamment pour obtenir un accord commercial de libre-échange entre le Royaume-Uni et l'Union européenne. Londres se dit prêt à lancer ces négociations commerciales mais les membres de l’UE discutent toujours pour déterminer leurs objectifs pour ces négociations.
Outre le commerce, le Royaume-Uni et les 27 ne manquent pas de sujets sur lesquels ils devront s’accorder : la sécurité, la coopération judiciaire, l’éducation, l’énergie…
Parallèlement, Londres compte lancer des négociations avec d’autres pays, Etats-Unis en tête, pour arriver à des accords de libre-échange.
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