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Infos congo - Actualités Congo - 08 Mars 2024
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Santé

Ebola: Le vaccin ne fait pas encore recette

2020-02-05
05.02.2020
2020-02-05
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Les équipes médicales peinent à la fois à convaincre les populations menacées de l'intérêt d'un traitement et qu'elles ne sont pas des cobayes de l'industrie pharmaceutique.

C’est un jeune homme qui parle. Il vient de se faire injecter une dose de vaccin contre la maladie à virus Ebola. «Beaucoup de personnes sont malades, je ne veux pas être le prochain, dit Alphonse Kahindo. J’ai un peu hésité, à cause de tout ce que l’on raconte. Mais ils nous assurent que c’est efficace.» Il n’y a cependant pas foule devant les équipes du ministère de la Santé, qui ont installé leurs tentes et tables de plastique dans une ruelle de terre du quartier de Mabolio, à Beni.

La police a même dû être déployée pour contenir l’hostilité de quelques résidents. Méfiance généralisée face aux autorités, rumeurs en tout genre, crainte de servir de cobayes pour des produits pas encore vraiment au point, les facteurs qui attisent les réticences sont nombreux.

Cette campagne de vaccination à grande échelle, afin de tenter d’enrayer la propagation du virus a été lancée en république démocratique du Congo en 2018. Plus de 280 000 personnes en ont bénéficié. La vaccination est un élément important de la stratégie de lutte contre l’épidémie, qui sévit depuis un an et demi à l’est de la RDC et a déjà fait 2 250 morts.

Le vaccin, l’Ervebo, produit par le laboratoire américain Merck, a été introduit alors qu’il était encore considéré comme «expérimental». Depuis, il a été approuvé en novembre par la Commission européenne, et le 19 décembre par la Food and Drug Administration des Etats-Unis, devenant le premier vaccin officiellement autorisé contre la fièvre hémorragique Ebola. Il s’injecte en une seule dose et assure une immunité dans les dix jours.

Campagne au Rwanda

«Nous identifions les contacts des personnes atteintes du virus, et les contacts de ces contacts, et nous les vaccinons, dit le docteur Gaston Tshapenda, qui coordonne la lutte contre Ebola à Beni. Il s’agit d’une vaccination entièrement volontaire. Mais nos équipes sur le terrain tentent de convaincre.»

Le débat s’est animé avec l’introduction, au mois de novembre, d’un deuxième vaccin expérimental, produit par une filiale belge de l’américain Johnson & Johnson. Ce vaccin a déjà été administré à environ 8 000 personnes dans la ville de Goma, et une campagne a commencé début décembre au Rwanda, dans des zones frontalières de la RDC.

Il nécessite deux doses, à six semaines d’écart. Une démarche qui semble plus difficile à mettre en œuvre dans le contexte local. Ce deuxième vaccin pourrait néanmoins permettre une meilleure prévention dans des zones en marge des épicentres de l’épidémie, vu que le nombre de doses d’Ervebo disponibles actuellement en RDC ne permet pas d’élargir la vaccination au-delà des personnes ayant potentiellement été en contact avec des malades.

«Sur papier, le système en place fonctionne. Le problème, c’est qu’on a perdu la chaîne de transmission et que l’on est incapable de suivre toutes les personnes qui ont été en contact avec un patient positif à Ebola, dit Filipe Ribeiro, coordinateur d’urgence pour Médecins sans frontières au Nord-Kivu. Dans ce cadre, il faut élargir la stratégie de vaccination et la disponibilité des vaccins.»

11000 morts

D’autres s’y opposent vivement et redoutent que des laboratoires se servent des populations vulnérables pour tester leurs produits. «Nous avons un vaccin qui semble avoir prouvé son efficacité, pourquoi en introduire un deuxième dont on n’est pas sûr ? interroge Stewart Muhindo, du mouvement citoyen La Lucha à Beni. Bien sûr, les gens qui reçoivent ces vaccins ou traitements expérimentaux signent un formulaire de consentement, mais on peut se demander dans quelle mesure ils reçoivent les informations suffisantes pour prendre une décision.»

La course au développement de solutions médicales contre Ebola s’est accélérée depuis la plus grande épidémie de l’histoire qui a dévasté l’Afrique de l’Ouest entre 2014 et 2016, faisant plus de 11 000 morts. Le vaccin de Merck avait été testé en fin d’épidémie, mais les traitements expérimentaux n’avaient presque pas été utilisés. Les essais cliniques, afin de tester l’efficacité de traitements sur des êtres humains, ne peuvent être menés que pendant une épidémie. Mais des questions éthiques se posent.

Durant l’épidémie actuelle au Congo, un essai clinique a été mené sur un peu plus de 700 patients, qui ont reçu quatre traitements de manière aléatoire. «Le taux de mortalité pour les personnes atteintes de la maladie à virus Ebola, sans traitement, est très élevé [plus de 60%, ndlr], constate le docteur Alseny-Modet Camara, médecin qui a supervisé la mise en application de l’étude au Centre de traitement Ebola (CTE) de Beni. Mais deux médicaments, des anticorps monoclonaux, ont prouvé leur efficacité. La mortalité chute à moins de 30% pour les patients à qui ils ont été administrés.»

Intérêts commerciaux

Lors de cet essai, il n’y a pas eu de placebo, pour des raisons éthiques évidentes. Le médecin reconnaît néanmoins, à demi-mot, qu’il était clair pour les équipes soignantes du CTE que deux des quatre traitements étaient plus efficaces que les deux autres, désormais écartés, bien avant de les avoir testés sur l’ensemble des 725 patients ayant participé à l’étude.

Le professeur Jean-Jacques Muyembe, le coordinateur de la lutte contre Ebola en RDC et l’un des codécouvreurs du virus en 1976, a joué un rôle clé dans la mise au point d’un de ces traitements : le Mab 114, issu d’anticorps prélevés dans le sang d’un survivant de l’épidémie d’Ebola à Kikwit, en RDC, en 1995. Pour le scientifique, ces essais sont «une nécessité». «Nous devons utiliser ce que nous avons à notre disposition pour enrayer l’épidémie», dit-il. Il espère que toute avancée profitera à son pays qui a déjà connu dix épidémies d’Ebola.

De nombreuses études ont été réalisées sur la base de l’analyse d’échantillons de sang prélevés sur des malades lors de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest (Guinée, Sierra Leone et Libéria). Mais la majeure partie de ceux-ci a été exportée, les scientifiques de ces pays n’y ont pas accès, et des institutions américaines et européennes ont déposé les brevets. L’industrie pharmaceutique est en piste. Et certains craignent que les avancées possibles de la recherche servent des intérêts commerciaux avant ceux des populations touchées par l’épidémie.


Liberation / MCP, via mediacongo.net
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