Monde
La panique qui a gagné les Etats-Unis place Donald Trump dans une situation inconfortable.
Cela a été une journée noire, jusqu’au bout. Wall Street a ouvert, lundi 9 mars, en chute libre de 7 %. Et, au bout de quelques minutes, les transactions ont été interrompues pendant un quart d’heure pour limiter les dégâts, pour la première fois depuis 1997. La séance s’est achevée sur un recul de 7,8 % de l’indice Dow Jones (le Nasdaq reculait de 7,3 %), alors que les Etats-Unis sont violemment touchés par l’épidémie de coronavirus.
Le déclencheur est, bien sûr, le krach pétrolier qui a vu le cours du brut de West Texas Intermediate s’écrouler de 25 %, à 31 dollars le baril, du jamais-vu depuis la première guerre du Golfe, en 1991. L’effondrement a été provoqué par un double choc : la baisse de la demande chinoise et mondiale due à l’épidémie de coronavirus et à un hiver doux, et l’augmentation de l’offre en raison du refus de l’Arabie saoudite de s’entendre avec la Russie, vendredi 6 mars, pour contrôler la production de brut.
Mais s’y ajoutent le blocus de la Lombardie en Italie, confirmant que l’épidémie aura une incidence massive sur l’économie européenne, et la multiplication des cas aux Etats-Unis, qui laisse entendre que ceux-ci pourraient suivre le même destin que le reste du monde. Le tout, sur fond de polémique sur la manière dont l’administration Trump gère l’épidémie.
Le président des Etats-Unis s’est agacé sur Twitter, lundi matin. « [En 2019], 37 000 Américains sont morts de la grippe. Rien n’est fermé et l’économie continue de tourner. Actuellement, il y a 546 cas confirmés de coronavirus, avec 22 morts. Réfléchissez à cela ! », s’est emporté Donald Trump, attribuant la chute des marchés au désaccord russo-saoudien sur le pétrole et aux fausses informations : « C’est bon pour le consommateur, les prix de l’essence vont baisser. »
En réalité, c’est la panique, et le président, qui a passé le week-end des 7 et 8 mars dans son golf de Mar-a-Lago, en Floride, a eu une réunion, lundi, à la Maison Blanche, pour examiner la réponse économique à la crise. Les annonces précises ne seront faites que mardi 10 mars après-midi, mais Donald Trump a laissé entendre devant la presse qu’il baisserait les impôts, aiderait les PME et prendrait des mesures de soutien sectorielles, notamment pour le tourisme, l’hôtellerie et l’aviation. Le président américain a également invité les patrons de grandes institutions financières américaines à une réunion à la Maison Blanche mercredi 11 mars pour discuter des réponses à donner l’épidémie. Et les autorités sanitaires américaines ont exhorté, lundi, les personnes les plus à risque – âgées de plus de 60 ans et souffrant de maladies chroniques – à faire des stocks de nourriture et de médicaments.
Une aversion au risque généralisée
Ce lundi est le jour où la crise est devenue complète, menaçant de faire plonger l’économie américaine en récession, en pleine année électorale. Les taux d’intérêt sans risque à dix ans se sont effondrés, pour atteindre un plus bas de 0,38 %, avant de remonter autour de 0,59 %. Les investisseurs sont pris de panique et cherchent la sécurité en achetant des actifs sans risques, des bons du Trésor américain, quitte à renoncer à une bonne rémunération.
Dans ce contexte d’aversion au risque généralisée, la Réserve fédérale (Fed, banque centrale américaine) a décidé d’assurer la liquidité du système et d’augmenter le montant des fonds à court terme qu’elle offre aux banques pour se financer du jour au lendemain (le « Repo ») : les montants proposés ont été augmentés lundi, passant de 100 milliards à 150 milliards de dollars (de 87 milliards d’euros à 131 milliards d’euros).
Mardi 3 mars, la Fed avait baissé par surprise d’un demi-point ses taux directeurs, qui oscillent désormais entre 1 % et 1,25 %, sans réussir à enrayer la crise monétaire. Les opérateurs s’inquiètent pour les entreprises très endettées, financées par les « junk bonds », ces obligations risquées à haut rendement, dont on ne sait si elles passeront le cap de la crise.
Politiquement, l’affaire tourne à la foire d’empoigne. Donald Trump avait décidé, dès le 2 février, de fermer les portes des Etats-Unis aux étrangers venus de Chine, mais il est accusé d’avoir agi trop tard, alors que le virus était déjà sur le sol américain. Le président n’a cessé d’avoir des propos lénifiants.
Des « mesures d’atténuation »
Selon la presse, la Maison Blanche se serait opposée à des recommandations invitant les personnes âgées, particulièrement sensibles au virus, à ne pas voyager en avion. Mais ce lundi, Nancy Messonnier, responsable des centres chargés du contrôle et de la prévention des maladies (CDC), a officiellement invité les seniors à éviter les voyages inutiles et à stocker des provisions pour pouvoir rester chez eux. La veille, Anthony Fauci, directeur de l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses, n’avait pas exclu que les Etats-Unis doivent recourir à des blocus locaux pudiquement rebaptisés « mesures d’atténuation ». « Je ne pense pas que ce serait aussi draconien que “personne n’entre, personne ne sort” », a précisé M. Fauci, dimanche 8 mars, sur Fox News.
Dans l’Etat de New York, les visiteurs en provenance d’Italie, de Corée du Sud et du Japon sont invités à s’auto-imposer une quarantaine de quatorze jours. Les cours sont suspendus, pour deux jours au moins, à l’université Columbia, après qu’un enseignant a été exposé au virus.
Le gouverneur, Andrew Cuomo, a accusé les CDC d’avoir tardé à donner leur feu vert pour que des laboratoires privés puissent faire des tests de prévention. Ceux-ci étaient effectivement en grave pénurie, mais ce reproche a suscité l’ire de Donald Trump. « Il n’y a pas de message ambigu, juste une instrumentalisation à des fins politiques de gens comme toi et ton frère Fred. » L’allusion vise le frère de M. Cuomo, journaliste sur CNN, chaîne violemment anti-Trump, affublé du prénom d’un des mafieux du Parrain, de Coppola, analyse le New York Times.
Prêts à taux zéro à New York
En réalité, M. Cuomo multiplie les conférences de presse pédagogiques, invite ses administrés à ne pas céder à l’hystérie et rappelle que le coronavirus est essentiellement dangereux pour les personnes âgées ou celles qui ont des antécédents médicaux. La ville de New York va octroyer des prêts à taux zéro pour les entreprises de moins de 100 salariés connaissant un recul d’un quart de leur chiffre d’affaires.
A Washington dimanche, la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, et le leader des démocrates au Sénat, Chuck Schumer, ont demandé à l’administration Trump d’accorder des congés maladie – quasi inexistants aux Etats-Unis – aux salariés confinés, de décider de la gratuité des tests de dépistage et d’étendre la couverture santé lorsqu’elle s’avère insuffisante. Les administrations – poste, contrôleurs aériens, services fiscaux – se préparent à fonctionner en dépit de la contamination. Le Congrès a voté une rallonge de 8,3 milliards de dollars pour contrer l’épidémie, dont l’usage n’a pas encore été détaillé.
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A la Bourse de New York, le 9 mars. SPENCER PLATT / AFP