Politique
Le double langage de l’ONU
Le plus éloquent dans le camp des officiels congolais aura été François Mwamba Tshishimbi, le coordonnateur du mécanisme de suivi de l’Accord-Cadre, qui n’a pas mâché ses mots en dénonçant le comportement contradictoire de la communauté internationale : « l’on nous demande de procéder le plus vite possible à la réforme des forces armées, de la sécurité et de la police et en même temps l’on nous demande de négocier avec le M23 pourtant considéré comme une force négative à l’instar des FDLR, le ADF/Nalu et les autres groupes armés irréguliers opérant dans les territoires de l’Est de la République ». L’ancien secrétaire général du MLC réagissait ainsi aux propos tenus il y a deux jours Alexis Lamek, représentant permanent adjoint de la France au Conseil de sécurité qui croit dur comme fer « qu’il y a indéniablement une dynamique de paix en RDC et dans la région, nous n’avons pas le droit de rater cette opportunité ». Et François Mwamba de toucher du doigt le nœud de ce qui apparaît de plus en plus comme un complot international : « les 14 jours impartis pour les discussions de Kampala ont été consacrés à du théâtre, à du cosmétique d’autant plus que les deux partis ne sont pas prêtes à aboutir à un accord ». L’ancien ministre du Budget est allé encore loin en dénonçant le jeu du juge et partie dans le chef du facilitateur Yoweri Museveni par ses multiples tentatives « d’imposer un document qui viole la souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ». Il faisait allusion aux tentatives du président ougandais de réduire le nombre des officiers du M23 qui, selon le gouvernement de Kinshasa, ne peuvent être ni amnistiés ni être intégrés dans les FARDC dans le cadre de l’accord de paix que l’on attend à Kampala.
Les Etats-Unis d’Amérique viennent d’annoncer avec fracas avoir pris des sanctions sévères à l’endroit du Rwanda accusé de soutenir le M23 qui recrute régulièrement des enfants en RDC pour servir dans ses rangs. Mme Linda Thomas-Greenfield, la sous-secrétaire d’Etat adjointe chargée de l’Afrique n’a toujours pas énoncé le contenu de ces sanctions prises contre le régime de Kigali. Les observateurs estiment que les multiples pressions exercées sur la RDC pour reprendre le chemin de Kampala n’ont comme finalité que de permettre la levée de toutes les sanctions prises contre le pays des Mille collines et fermer les yeux sur les infiltrations des institutions congolaises par des agents rwandais qui constituent le gros des effectifs du M23.
A quoi sert la Brigade Spéciale d’Intervention ?
Le double langage caractérisé par l’ambiguïté du Conseil de sécurité de l’ONU sur la situation tragique qui sévit dans les territoires de l’Est de la RDC cache indubitablement un complot du démembrement de cet Etat très convoité à cause de ses richesses minérales et naturelles qui le placent au niveau d’un scandale géologique. Car, à quoi rime la Résolution 2098 du même Conseil de sécurité créant la Brigade spéciale d’intervention chargée d’éradiquer toutes les forces négatives dont le M23 et qui est déjà opérationnelle sur le terrain ? En même temps, le Conseil de sécurité préconise une solution politique entre la victime la RDC, et son bourreau le M23 ! Qui est accusé, preuves palpables à l’appui, de viols massifs, pillages, tueries, exécutions sommaires, enrôlements des enfants soldats, bref de crimes de guerre et contre l’humanité. N’est-ce pas une grave violation non seulement des instruments juridiques internationaux mais aussi et surtout de cette même résolution ? Une contradiction mortifère qui semble encourager la partition du pays au profit des deux Etats voisins de l’Est qui sont notoirement reconnus comme les créateurs de toutes ces fausses rébellions depuis 1996.
Curieusement, les chefs d’Etat de la région des Grands Lacs se sont permis d’exiger la reprise des négociations de Kampala tout en sachant que les concertations nationales se déroulaient à Kinshasa pour refaire la cohésion de tous les fils et filles du Congo dont notamment ceux du M23 qui se plaignent d’être rejetés par les autres Congolais. Ce, au moment où la fameuse brigade spéciale d’intervention est déjà opérationnelle sur le terrain et compte des pertes en hommes morts sur le champ de bataille.
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