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Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 08 avril 2024
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Confinement de la Gombe : la double peine des travailleurs invisibles

2020-04-20
20.04.2020
Société
2020-04-20
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Perte de revenus, absence d'aide de l'État, pressions familiales : plongée dans le quotidien de ces travailleurs invisibles de Kinshasa. Avec ses plus de dix millions d'habitants, Kinshasa est une des plus grandes mégalopoles d'Afrique. Alors, même si le gouvernement a songé un temps confiner toute la population, il y a très vite renoncé en élaborant une stratégie d'isolement total de la commune de la Gombe, l'une des 24 que compte la capitale depuis le 4 avril.

Quartier résidentiel, centre du pouvoir et des affaires, la Gombe a enregistré de premiers cas « importés » d'Europe à partir du 10 mars. Une décision qui ne fait pas du tout les affaires de bon nombre de travailleurs congolais habitués à naviguer entre les différents quartiers de la ville. Flambée des prix, pouvoir d'achat en berne, pillage, secteur informel acculé : une chose est sûre, la mesure semble être une gageure pour des populations qui vivent au jour le jour.

La double peine des travailleurs invisibles

« Employeur de plus de 77 % des Congolais et pourvoyeur de revenus à plus de 90 % des ménages de la RDC, le secteur informel de l'économie congolaise constitue l'épine dorsale de la survie. Or, le fonctionnement de ce secteur est fondamentalement social et dicté par la mobilité humaine [urbaine et rurale]. Les mesures barrières, recommandées pour lutter contre la pandémie, condamnent presque au suicide ce secteur. Et avec lui les ménages qui en dépendent. La ville de Kinshasa est la preuve vivante d'une ville qui vit au jour le jour », analyse Darry Kieleka, diplômé en économie à l'université de Kinshasa. La pandémie du Covid-19 qui ébranle le monde entier n'induit pas seulement des impacts sanitaires, mais également économiques et sociaux. D'après des experts, la RDC en général et sa capitale Kinshasa en particulier devraient s'attendre au pire.

« C'est un moment dur pour nous, car nous commençons déjà à utiliser le capital de notre investissement, nous ne vendons plus, nous sommes coincés à la maison sans rien faire, mais nous devons manger et payer le loyer », racontent Mamie Kamesa et Steven Kilabi, un jeune couple de vendeurs ambulants. « Nous sommes en train de nous demander si la fin de l'épidémie est déclarée dans les mois à venir, nous avons espoir, quel serait notre sort ? » s'interrogent ses fins connaisseurs des artères de la capitale bouillonnante de Kinshasa, où seul un Kinois sur deux a accès à l'électricité et à l'eau potable lorsque qu'il n'y a pas de coupure.

Montée du chômage, banditisme et dislocation des familles

Avec l'arrêt des activités informelles, la faillite de plusieurs PME, le renvoi en congé technique et définitif de plusieurs employés, le taux de chômage à Kinshasa déjà en hausse est en train de prendre des proportions inquiétantes avec comme corollaire la recrudescence du banditisme urbain, des violences conjugales et des divorces éphémères.

Félicien Munanga, habitant le quartier Beya-Pumbu dans la commune périphérique de Kisenso, dénonce les scènes récurrentes de braquages à main armée ces derniers temps : « Nous n'avons plus connu des cas de braquages dans notre milieu depuis plusieurs années, depuis la déclaration de l'état d'urgence par le président de la République et les mesures de lutte contre le coronavirus, nous sommes devenus la proie des bandits à mains armées qui ont déjà opéré à trois reprises et ayant emporté plusieurs biens de grande valeur », s'agace-t-il.

« Nous avons averti les policiers commis au poste du quartier sans réaction et nous nous sentons déjà en danger, car nous savons quelle famille sera visitée la prochaine fois, et tout ça, c'est à cause du chômage causé par la fermeture des commerces », conclut, amer, Félicien Munanga.

En dehors de ce fléau, le Covid-19 met en lumière d'autres situations préoccupantes à Kinshasa, notamment des violences conjugales, entraînant ce que l'on appelle ici des divorces momentanés. Jules Ngosi, 41 ans, s'est vu contraint de faire retourner sa femme auprès de sa famille pour quelque temps, afin de faire face à ces moments de dures épreuves.

« Je suis allé en congé technique à la fin du mois de février, n'ayant pas d'engagement en bonne et due forme avec mon employeur, je travaillais comme journalier », commence-t-il, « quelques semaines après, la situation en foyer s'est détériorée et ma femme a déclenché une guerre sans merci. D'un autre côté, il fallait faire face à la pression du propriétaire de la maison qu'on louait, et ce, malgré l'appel des autorités à plus d'indulgence. Je n'ai pas pu et j'ai dû retourner ma femme et nos deux filles à sa famille et j'irai les chercher quand la situation s'améliorera », relate Jules avec amertume.

Appel à la diversification de l'économie

L'économie congolaise dépend si fortement du secteur minier qu'elle reste sensible à n'importe quel choc externe. Les appels se multiplient pour aller vers une diversification économique après la pandémie. Jeanine Mabunda, la présidente de l'Assemblée nationale, avait brossé le tableau : « L'économie de la RDC dépend essentiellement du secteur minier. Celui-ci représente près de 90 % de nos exportations, dont 40 % en direction de la Chine, notre premier partenaire commercial.

Ce pays est actuellement frappé par la pandémie du coronavirus et donc en ralentissement économique avec un probable effet de domino sur notre économie : la baisse des recettes extérieures entraînant une baisse des recettes publiques fiscales », a-t-elle déclaré. Cette baisse pourra ouvrir la voie à un déficit accentué des finances publiques avec comme corollaire une pression sur le marché des biens et services ainsi que sur le marché des changes.

Au regard de cette menace économique, Mme Mabunda a estimé qu'il était temps de construire une économie diversifiée qui répond aux besoins sociaux élémentaires des Congolais d'abord et permettrait un développement durable du pays. « La situation financière difficile dans laquelle nous sommes appelle donc à une meilleure allocation des ressources, à une plus grande mobilisation des ressources internes, au maintien de la discipline budgétaire pour mettre fin au cycle des déficits favorisé par une lutte implacable contre la corruption dont je parlerai spécifiquement plus loin. »

Le gouvernement congolais a revu ses prévisions de croissance à la baisse : 1,1 % contre 4,4 %. Le Fonds mondial international table sur un taux de croissance négatif de - 2,2 %. À cause des effets du Covid-19 mais aussi de la baisse des cours des matières premières notamment du cuivre et du cobalt.

Alors que le pays totalise 322 cas de personnes infectées, 25 décès et 27 guérisons, le déconfinement de la commune de la Gombe se dessine progressivement et le port du masque dans les lieux est en principe obligatoire dès ce lundi 20 avril. À partir de mardi, le déconfinement « va s'effectuer de manière progressive, d'abord par la réouverture des supermarchés et épiceries pour permettre aux habitants de cette commune de s'approvisionner, ainsi que des guichets de banque. L'accès à Gombe sera toujours réglementé et les badges d'accès exigés », détaillent les services du Premier ministre.

Et pourtant, les autorités sanitaires congolaises craignent « le pire » dès début mai à Kinshasa. Pour eux, « la pandémie du Covid-19 entre dans une phase exponentielle dans la ville province de Kinshasa […], le pic de cette croissance sera atteint entre la première et la deuxième semaine du mois de mai 2020 », estime le comité en charge de la riposte.

« Pendant cette période, il faut s'attendre à un afflux important des malades dans les structures sanitaires qui, vraisemblablement, seront débordées. Si les efforts de préparation en cours ne sont pas finalisés à temps, il faudra craindre le pire », alerte-t-on. En attendant, le chef de l'État doit s'adresser une fois à la nation, probablement au sujet de la prolongation de l'état d'urgence, qui doit prendre fin ce mardi 22 avril.


Le Point Afrique / MCP, via mediacongo.net
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Mampuya @T6L7OKA   Message  - Publié le 20.04.2020 à 21:52
Rien de neuf. Sont des choses que nous avons denoncees depuis le debut.

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