Monde
Le Royaume-Uni a dépassé samedi les 20 000 morts de patients atteints par le coronavirus, un cap « profondément tragique », a souligné la ministre de l'Intérieur Priti Patel, alors qu'on annonçait le retour du premier ministre Boris Johnson à son poste lundi.
Selon le dernier bilan du ministère de la Santé, 20 319 personnes ayant contracté la maladie COVID-19 ont perdu la vie dans les hôpitaux britanniques, soit 813 de plus que dans le précédent bilan fourni vendredi.
Ce bilan tient cependant en compte uniquement les décès en milieu hospitalier, et non les décès dans les maisons de retraite, ce qui sous-estime de façon importante le nombre réel de décès. Selon des représentants du secteur, plusieurs milliers de personnes âgées y sont mortes.
L'Office national des statistiques a corroboré ces suppositions, indiquant que le nombre de décès imputables au coronavirus le 10 avril en Angleterre et au Pays de Galles était supérieur de 41 % au bilan annoncé le jour même par le gouvernement.
C'est un jour très triste pour la nation, a réagi Steven Powis, l'un des responsables des services de santé britannique.
Le nombre de décès pourrait encore augmenter de façon importante dans le pays. Il ne devrait commencer à diminuer rapidement que dans un délai de deux semaines, selon les experts.
En pleine période de confinement samedi, les gens faisaient la queue à Hove, en Angleterre, pour aller s'acheter une crème glacée.
Le retour de Boris Johnson
Le premier ministre Boris Johnson, en convalescence de la COVID-19 depuis sa sortie de l'hôpital le 12 avril, reprendra le travail lundi, a annoncé samedi une porte-parole de Downing Street.
Âgé de 55 ans, Boris Johnson, testé positif au coronavirus le 26 mars, a dû être hospitalisé dix jours plus tard à l'hôpital St-Thomas de Londres avant d'être transféré le lendemain, lundi 6 avril, en soins intensifs dont il n'est ressorti qu'après trois jours.
Confiné depuis le 23 mars, une mesure prolongée au moins jusqu'au 7 mai, le Royaume-Uni attend désormais des directives claires avec le retour du premier ministre. En effet, à l'heure où certains pays européens commencent à amorcer un assouplissement des mesures de confinement, la pression s'intensifie pour que le gouvernement conservateur révèle sa stratégie à ce sujet.
Le ministre de la Santé, Matt Hancock, a cependant indiqué vendredi qu’il était trop tôt pour relâcher les mesures en place, car le Royaume-Uni est confronté au pic de la pandémie.
Le plan du gouvernement attendu
Afin d'éviter une deuxième vague de contagion, le gouvernement prévoit par ailleurs déployer un plan pour retracer les contacts des personnes malades ou présentant des symptômes, par l’entremise d’une application du système public de santé, quand le nombre de cas de contamination aura diminué.
Martelant quotidiennement qu'il prend ses décisions sur la base des conseils de scientifiques, l'exécutif a vu jaillir une polémique autour de la présence de Dominic Cummings, un conseiller controversé souvent dépeint comme le mauvais génie de Boris Johnson, à plusieurs réunions du comité scientifique chargé de conseiller le gouvernement.
Si Downing Street souligne que les conseillers politiques n'ont « aucun rôle » actif au sein de ce comité, l'opposition travailliste juge que cette affaire vient mettre à mal la confiance des Britanniques dans l'indépendance de cet organisme.
Le gouvernement prévoit, quand le nombre des cas de contamination aura nettement reculé, de déployer un plan pour retracer les contacts des personnes malades ou présentant des symptômes, via une application du système public de santé, afin d'éviter une deuxième vague.
La piste du plasma thérapeutique
Sur le plan de la recherche, les autorités sanitaires ont donné leur feu vert à des essais pour étudier la piste du plasma sanguin (la partie liquide du sang qui concentre les anticorps après une maladie) de patients guéris pour soigner les malades de la COVID-19, a annoncé samedi le ministère de la Santé.
Quelque 5000 patients grièvement atteints pourraient ainsi être traités au Royaume-Uni, selon le gouvernement.
Si on vous demande de participer, s'il vous plaît faites-le. C'est sans douleur, a déclaré le ministre de la Santé Matt Hancock, lui-même guéri de la maladie, dans un message sur Twitter, accompagné d'une photo le montrant en pleine prise de sang.
Des essais et études sur le plasma ont déjà commencé en Chine, aux États-Unis et en France.
Face à une diminution de moitié du nombre des admissions aux urgences dans les hôpitaux en avril, le service public de santé britannique, le NHS, a appelé les patients souffrant d'autres pathologies que la COVID-19 à ne pas hésiter à se rendre dans ces services quand leur état le requiert.
Les autorités sanitaires craignent en effet une surmortalité qui découlerait de la réticence des patients à se rendre à l'hôpital de peur de contracter cette maladie ou d'encombrer les services hospitaliers.
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