Monde
Le président se rend cette semaine en Arizona et dans l’Ohio, pressé de relancer l’économie et de remonter dans les sondages. Il est à la peine dans plusieurs Etats cruciaux pour sa réélection.
«Sortez-moi de là!» C’est en substance le message lancé par Donald Trump mercredi dernier. Bloqué depuis plusieurs semaines à la Maison-Blanche à cause de la pandémie, le président est pressé de renouer avec les apparitions publiques autres que les points presse sur le Covid-19. Il devra encore patienter avant de pouvoir faire le showman lors des rallyes de campagne. Mais cette semaine, Donald Trump est bien en mode déconfinement. Il repart sur le terrain. En Arizona, d’abord, dès mardi. Puis dans l’Ohio.
Déjà plus de 68 000 morts
A Phoenix, en Arizona, le président visitera un site de production de masques pour le personnel soignant, de l’entreprise Honeywell, à la base surtout active dans le domaine de l’aérospatial. Dans l’Ohio, son programme est encore un peu flou. Mais ces deux Etats ne sont pas choisis au hasard. De récents sondages indiquent que le président est à la peine dans ce genre d’Etats cruciaux pour sa réélection le 3 novembre. USA Today rappelle qu’aucun républicain n’a jamais remporté la présidentielle sans l’Ohio. Donald Trump a d’ailleurs lui-même déclaré récemment: «Vous ne pouvez pas gagner à moins de gagner l’Etat de l’Ohio.» Pour lui, battre le pavé dans ces Etats, à six mois de l’élection présidentielle, est donc une question de vie ou de mort politique.
Le déconfinement présidentiel a débuté dimanche soir, lors d’un town hall organisé par Fox News, au Lincoln Memorial, sur le National Mall de Washington DC. Avec un thème très clair: «America together: returning to work» (l’Amérique ensemble: retourner au travail). Sans public, d’abord seul face à deux journalistes, et placé sous l’imposante statue d’Abraham Lincoln, Donald Trump a redit sa volonté de rouvrir rapidement le pays à l’économie, avec les mesures de précaution nécessaires. Sa priorité absolue, alors que le taux de chômage atteint des proportions dramatiques.
Le coronavirus complique singulièrement sa campagne. Non seulement parce qu’il est très critiqué pour sa gestion de la pandémie – qui a déjà fait plus de 68 000 morts aux Etats-Unis –, mais aussi parce qu’il tablait sur de bons résultats économiques pour se faire réélire. Dimanche, il a d’ailleurs une nouvelle fois exprimé sa frustration de ne pas pouvoir monter sur scène et haranguer les foules. «Tout le monde veut des meetings de campagne. Mais nous ne pouvons pas organiser un meeting dans un stade vide», a-t-il déploré.
Entre deux attaques contre la Chine, Donald Trump, apparu plutôt calme et détendu, s’est également défendu d’avoir minimisé les avertissements des services de renseignement. Il a prêché par excès d’optimisme sa stratégie pour convaincre de déconfiner progressivement: il a prédit un vaccin «avant la fin 2020». Les scientifiques qui l’entourent lui ont pourtant dit que le temps risquait d’être bien plus long. Il a aussi affirmé que 2021 risquait d’être «incroyable» sur le plan économique. Et s’est comparé à Abraham Lincoln, en affirmant avoir été «plus mal traité que lui», par ses adversaires politiques et par les médias.
Une polémique qui ne s’éteint pas
Confiner ou déconfiner, les tensions restent vives aux Etats-Unis et les décisions se prennent dans une certaine cacophonie. Lundi, le New York Times, en se basant sur un document qu’il s’est procuré, a révélé que l’administration Trump milite en faveur d’une relance de l’économie alors même qu’un scénario table sur une nette augmentation du nombre de décès quotidiens, pour atteindre le nombre de 3000 d’ici au 1er juin. Soit près du double de la situation actuelle. Le nombre de nouvelles contaminations par jour devrait, lui, monter jusqu’à 200 000. Dimanche, Donald Trump évoquait que la barre des 100 000 morts pourrait être franchie, sans aller plus loin. Selon plusieurs modèles épidémiologiques, cela pourrait être le cas ce mois déjà.
Depuis son sous-sol transformé en QG pour candidat solitaire, le démocrate Joe Biden observe le tout avec attention, bien décidé à transformer la campagne présidentielle en référendum sur le coronavirus. Mais il doit lui-même faire face à une grande difficulté, qui a un nom: Tara Reade. Cette ex-employée du temps où il était sénateur l’accuse de l’avoir harcelée sexuellement en 1993, dans l’enceinte du Congrès. Vendredi, Joe Biden est sorti de son silence, pour publiquement nier les accusations. Mais l’affaire est loin d’être réglée. Elle devient très politique. Les républicains accusent désormais les démocrates de ne défendre Joe Biden que par simple opportunisme et réflexe de protection partisan. En 2018, la plupart des démocrates s’étaient rangés sans hésiter du côté de la femme qui accusait Brett Kavanaugh, le candidat conservateur de Trump à la Cour suprême, d’agression sexuelle.
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