Harish Jagtani affirme, par l'intermédiaire de ses avocats, qu’il « n’est pas un proche ni un intermédiaire pour l’ancien président de la République, Joseph Kabila, qu’il ne connaît pas personnellement ». Une série de photos obtenue depuis par RFI montre l’homme d’affaire indien et sa famille avec l’ancienne Première dame de RDC, Olive Lembe di Sita, au cours de fêtes et de dîners de famille.
Harish Jagtani nie également « être l’auteur de portage financier pour quelle que haute personnalité que ce soit » quand dans l’enquête de RFI publiée le 7 mai, proches et rivaux évoquaient des noms d’officiels congolais qui avaient investi dans ses tours.
Sa société Modern Construction est « active depuis 2007 et a à son actif pour plus de 20 projets réalisés et 5 en cours ». La Tour Kiyo Ya Sita « n’appartient pas, comme il est suggéré, à l’ancienne famille présidentielle ».
Pour ce qui est du marché de rénovation de la salle plénière du Sénat, Harish Jagtani souligne qu’il « a été fait strictement application de la réglementation sur les marchés publics ». L’homme d’affaires indien assure que ces travaux n’ont pas été surfacturés et qu’ils restent « impayés à ce jour ».
Pour ce qui est des allégations relatives au transport d'armes et de munitions par Services Air devenu Serve Air Cargo, l’un des premiers transporteurs du pays, Harish Jagtani reconnaît qu'il est arrivé que la compagnie ait été « abusée par des personnes ayant fait embarquer du matériel tel qu'armes ou munitions. Ces abus, lorsqu'ils ont été découverts ont fait l'objet de dénonciations ».
L’intégralité du droit de réponse de Harish Jagtani adressé le 21 mai 2020 à RFI après notre enquête du 7 mai 2020, signée Sonia Rolley, publiée sur notre site sous le titre « RDC: Harish Jagtani, l'homme d'affaires indien « ami » des Kabila ? » :
« Mme Rolley a publié un article à propos de M. Harish Jagtani, le 7 mai 2020, sur le site de RFI. L'article est illustré d'une photo de M. le président Joseph Kabila et de son épouse et d'autres officiels de la République. Cet article appelle le présent droit de réponse de M. Jagtani, car il contient de nombreuses affirmations erronées de nature à nuire à sa réputation.
Actif en Afrique et particulièrement en RDC depuis plus de deux décennies, M. Jagtani a développé des activités économiques et commerciales essentiellement autour de trois pôles que sont le secteur hospitalier (HJ Hospitals), le transport aérien (Serve Air Cargo) et la construction immobilière (Modern Construction).
M. Jagtani affirme qu'il n'est pas un proche, ni un intermédiaire de l'ancien président de la République, M. Joseph Kabila qu'il ne le connaît pas personnellement. Il nie être l'auteur de portage financier pour quelque haute personnalité que ce soit.
L'article fait état des travaux effectués dans les locaux du Sénat, commandés par le Président de cette institution, M. Alexis Thambwe Mwamba, dans le cadre d'un marché de 4 millions US $. Il est suggéré, de manière dénigrante pour toutes les parties prenantes, qu'ils auraient été effectués sans respecter les règles légales et dispositions réglementaires en vigueur. La commande et l'exécution très rapide de ces travaux (en trois shifts par jour) s'inscrivent dans la perspective, connue du public, de la tenue du Congrès appelé voici quelques semaines à être convoqué. Dans ce cadre, M. Jagtani souligne qu'il a été fait strictement application de la réglementation sur les marchés publics. Les travaux, préfinancés par sa société, ont été effectués pour un montant facturé de 3,47 millions US $ (hors taxes), impayés à ce jour.
Modern Construction est active depuis 2007 et a à son actif plus de 20 projets réalisés et 5 projets en cours. La construction par la société Modern Construction de la tour Kiyo ya Sita (anciennement Icon Tower) est évoquée également en termes fallacieux. Le projet était ambitieux et prestigieux. La construction de la tour répond en effet aux standards de style et de qualité de projets analogues dans de grandes capitales. Elle n'appartient pas, comme il est suggéré, à la famille de l'ancien président. M. Kinduelo est en effet partie prenante au projet de construction et même apporteur du terrain dans le cadre d'un partenariat avec M. Jagtani. La construction a débuté dans le cadre de ce partenariat, les deux parties en assurant le financement par voie d'apports en fonds propres et par la voie de financements bancaires. Une décision ultérieure de changement d'affectation du bâtiment (à l'origine affectation à des bureaux et, ensuite, affectation mixte, bureaux et appartements privés) a été prise en vue de rendre l'immeuble plus attractif sur le marché et de nature à conférer une plus grande valeur à l'ensemble. Ce changement exigeait la levée de fonds supplémentaires. Les parties sont ensuite entrées en litige, judiciaire et arbitral, sur le montant des investissements supplémentaires. Ce litige a duré plusieurs années et s'est conclu par une séparation qui n'a pas donné lieu à litige à ce jour.
L'article suggère encore que la compagnie aérienne Serve Air Cargo serait à l'origine de livraisons d'armes en violation des règles d'embargo. M. Jagtani est en effet propriétaire de cette compagnie de fret aérien dont l'activité est essentielle à l'économie du pays, compte tenu notamment du mauvais état des infrastructures routières. Cette société est un opérateur fiable et respecté par les sociétés locales mais aussi par les institutions internationales et les ambassades étrangères pour le compte desquelles elle effectue des transports réguliers.
Le tonnage annuel de fret aérien de la compagnie s'élève en moyenne à 35.000 tonnes, ce qui en fait un des premiers transporteurs du pays. Il est arrivé dans certains cas, heureusement rares, que la compagnie ait été abusée par des personnes ayant fait embarquer du matériel tel qu’armes ou munitions. Ces abus, lorsqu’ils ont été découverts, ont fait l’objet de dénonciations par Serve Air Cargo aux autorités compétentes, selon les règles en vigueur.
M. Jagtani regrette en conclusion que des informations sorties de leur contexte et présentées dans un style manquant de neutralité et de précautions aient pu être ainsi diffusées par RFI, canal d’informations de référence, et reprises ensuite par d’autres médias. Le présent droit de réponse vise à corriger cette présentation tendancieuse des activités de M. Jagtani et de son groupe. »