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Infos congo - Actualités Congo - 08 Mars 2024
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Santé

Vaccins Covid-19 : « Il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué »

2020-05-25
25.05.2020
2020-05-25
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L'ancienne directrice générale adjointe de l'OMS Marie-Paule Kieny met en garde contre les résultats annoncés tambour battant par les concepteurs de vaccins… et les politiques.

La course pour un vaccin contre le Covid-19 s'accélère. Si les espoirs sont nombreux, les écueils le sont tout autant. Et, comme pour les traitements, il faut apprendre à se méfier des effets d'annonce intempestifs sur le succès fracassant de telle ou telle formule vaccinale encore expérimentale. Entretien avec Marie-Paule Kieny, ancienne directrice générale adjointe de l'OMS, chargée du déploiement des vaccins pandémiques au moment de l'épidémie de grippe H1N1 et membre du Comité analyse recherche et expertise (CARE), formé de 12 scientifiques qui conseillent le gouvernement sur les traitements, les tests et les vaccins.

Le Point : Quatre mois à peine après le début de la pandémie, on a l'impression que le vaccin contre le Sars-CoV-2 est déjà sur des rails ?

Marie-Paule Kieny : Lorsque l'on écoute certains des laboratoires lancés dans la course, on pourrait avoir cette impression, en effet. Mais ce n'est pas si simple. Le cas du laboratoire américain Moderna est à ce titre emblématique. Son communiqué, largement relayé lundi 18 mai, annonçait des résultats intermédiaires positifs en phase I, celle qui correspond à la première étape des tests sur l'homme, avec l'apparition d'une réponse immunitaire chez les participants. Mais cette annonce tient de la publicité, pas de la publication de données scientifiques en bonne et due forme. D'ailleurs, si les cours de la Bourse ont immédiatement bondi lundi concernant les actions de Moderna, il y a eu par la suite un retour de bâton avec la publication d'articles et d'avis d'experts qui, dans le détail, montrent que le vaccin de Moderna n'a en réalité pas du tout fait ses preuves. D'ailleurs, il faut noter que le NIH, l'institut américain de la santé, qui soutient financièrement cet essai, n'a pas dit un mot sur ces résultats préliminaires.

Est-on certain de pouvoir vacciner un jour contre le coronavirus ?

Non, il n'y a aucune certitude de pouvoir développer à terme un vaccin efficace contre le Sars-CoV-2, malgré les annonces très affirmatives de différents gouvernements à travers le monde. Mais il existe des indices rassurants. Avant l'émergence du Sars-CoV-2, on avait déjà commencé à développer des vaccins contre deux autres coronavirus pandémiques, le Sars-CoV-1, qui est responsable de la pandémie de 2003, et le Mers-CoV, qui sévit au Moyen-Orient depuis 2012. Ces vaccins n'ont pas abouti faute de financement ou d'une circulation suffisante des virus pour mesurer leur niveau de protection réelle. Néanmoins, les concepts ont été posés et servent aujourd'hui de base à certaines équipes pour développer leur vaccin contre le Sars-CoV-2. D'autres scientifiques se sont lancés sur des pistes issues de la vaccination contre le virus Ebola, qui repose par exemple sur l'utilisation d'adénovirus de chimpanzé ou de virus atténué pour déclencher une réaction immunitaire. Mais il ne faut évidemment pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué ! Nous sommes au premier stade de la recherche, celui qui réclame d'explorer de très nombreuses pistes – plus de 120 à l'heure actuelle – jusqu'à leur l'échec potentiel… ou jusqu'à leur succès, espérons-le, pour certaines d'entre elles.

«Il ne faudra pas confondre, une nouvelle fois, communication et science, surtout quand on voit l'empressement de certains politiques…»

L'objectif d'un vaccin disponible d'ici à la fin de l'année est-il atteignable ?

En dehors des périodes d'urgence sanitaire comme aujourd'hui, il faut normalement compter 5 à 6 ans pour réaliser toute la série d'essais cliniques nécessaires. Pour le vaccin Ebola, dernier exemple d'un vaccin mis au point dans l'urgence, le temps des essais cliniques a été considérablement réduit : il aura fallu à peine plus d'un an et demi pour que le vaccin franchisse toutes les étapes et commence à être administré en 2015. Cette accélération a été rendue possible en menant en parallèle les études cliniques de phases I et II. La première vérifiant l'innocuité et la seconde permettant d'évaluer les doses vaccinales nécessaires. La phase III a également immédiatement débouché sur des autorisations d'utilisation dite « compassionnelle » pour les personnes directement exposées au virus Ebola dans les zones d'épidémie. L'enregistrement officiel du vaccin n'a eu lieu qu'en décembre 2019 ; à cette date, plus de 500 000 personnes avaient pu être vaccinées en urgence. C'est aussi ce que l'on envisage de faire pour le Covid-19, dans des délais encore plus rapides. Mais pour être sûr que le vaccin testé est efficace, il va falloir le tester à un moment où le virus circule activement. Ce sera le cas si le virus provoque une deuxième vague en Europe à l'automne. On pourrait alors avoir des résultats de phase III vers la fin de l'année. Mais il ne faudra pas confondre, une nouvelle fois, communication et science, surtout quand on voit l'empressement de certains politiques…

Qu'entendez-vous par là ?

On a déjà pu voir le NIH, par exemple, faire état de résultats plus que partiels, avant même toutes publications de données solides, sur un traitement : le remdesivir. Depuis cette annonce, nous les attendons toujours ! On pourrait donc craindre que les autorités américaines soient tentées par une communication agressive du même type pour un vaccin dès cet automne… Et cela, même s'il ne s'agit que de résultats intermédiaires de phase III avec une protection médiocre de 20 à 30 %. Il faut absolument rester raisonnable ! De toutes les manières, au début, il ne sera pas nécessaire de vacciner la terre entière, il faudra procéder par étape.

Alors à qui faudra-t-il réserver les premiers vaccins ?

C'est une question essentielle, car si nous avons le vaccin dans quelques mois, il faut dès à présent définir la stratégie d'utilisation. Les autorités de santé de tous les pays doivent rapidement se mettre d'accord sur les personnes qui doivent bénéficier des premières campagnes de vaccination et s'assurer d'un accès équitable aux doses vaccinales. Si l'on se réfère à la pandémie de grippe de 2009, il faudrait protéger en priorité 2 % de la population mondiale, soit l'ensemble des personnels de santé et les professionnels en première ligne, pour faire tourner la société et les États. Pour le Sars-CoV-2, les personnes âgées pourraient être la seconde population visée, puisqu'elles sont les plus à risque de formes graves. Seulement, ce sont aussi elles qui répondent le moins efficacement aux vaccins. Pour contourner ce problème, la vaccination pourra être étendue à des populations plus jeunes pour limiter leur capacité à transmettre le virus. Ainsi, par ricochet, les personnes les plus vulnérables seront protégées.

Propos recueillis par Caroline Tourbe
Le Point / MCP, via mediacongo.net
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