Santé
Il s'appelle pour l'instant AZD 1222. Derrière ces chiffres et lettres, se cache un éventuel vaccin contre le coronavirus. « Éventuel », car - disons le clairement - son efficacité n'est pas encore prouvée. Mais les études sont assez avancées pour laisser espérer des résultats positifs. Au point que ce samedi soir, le ministre de la Santé, Olivier Véran a annoncé qu'une « alliance » composée de la France, l'Allemagne, les Pays-Bas et l'Italie avait signé un accord de principe avec le laboratoire qui le développe, l'Anglais AstraZeneca.
AstraZeneca avait fait savoir vendredi qu'il attendait pour septembre des résultats sur l'efficacité du vaccin contre le Covid-19 sur lequel il travaille avec l'université d'Oxford. Des tests sont effectués en Grande-Bretagne, ainsi qu'au Brésil, devenu l'épicentre de la pandémie. Au total, une dizaine de travaux sur différents vaccins ont atteint le stade des essais cliniques dans le monde.
« L'espoir aujourd'hui réside dans le vaccin. Cela sera d'autant plus vrai si le virus revient de manière saisonnière, comme la grippe », nous indiquait cette semaine la professeure de virologie Christine Rouzioux.
Protéine S
Mais qui est ce candidat-là, bien placé dans la course mondiale au vaccin ? AZD 1222 est élaboré par un institut de l'université d'Oxford, en Angleterre. « Ils ont déjà développé des vaccins contre par exemple le Sras ou le Mers », indique Olivier Nataf, le PDG France d'AstraZeneca. Les chercheurs l'ont formulé à partir d'une version affaiblie d'un autre virus, affectant, lui, le chimpanzé !
« D'abord, le virus a été inactivé. Ensuite, son code génétique a été modifié pour produire une protéine qui s'appelle Spike ou S et qui est typique du nouveau coronavirus. Son rôle, une fois injecté, est de déclencher une réponse immunitaire », décortique Olivier Nataf.
« La protéine Spike est la clé qui permet au SARS-CoV-2 de pénétrer dans nos cellules. Elle est aussi l'une des cibles de notre système immunitaire face à l'infection, et celle de vaccins actuellement en développement », lit-on sur le site de l'Inserm qui pilote un projet pour mieux comprendre cette protéine.
« On pourrait savoir dès septembre si le vaccin est efficace ou pas »
Après des premiers essais sur l'homme fin avril, une nouvelle phase commence, avec cette fois près de 30 000 patients. Ils viendront principalement d'Angleterre, Etats-Unis ou Brésil, des pays où le virus circule encore largement. Aujourd'hui, l'Amérique du Sud est même devenue l'épicentre de l'épidémie. « On pourrait savoir dès septembre si le vaccin est efficace ou pas », précise l'industriel.
Un calendrier bien plus rapide que les premières prévisions mondiales, qui portaient les échéances à un an, voire dix-huit mois. « Ça pourrait aller plus vite. L'enjeu est extrêmement important », note Olivier Nataf, tout en précisant qu'il ne fait aucune prédiction sur les résultats à venir. Si le projet est validé scientifiquement, les premières livraisons pourraient avoir lieu avant la fin de l'année.
Malgré le contrat passé entre l'Alliance européenne et le laboratoire, Olivier Véran refuse, lui, de mettre tous ses œufs dans le même panier : « Il nous faudra poursuivre les négociations avec nos partenaires, indique le ministre, pour réduire le risque de dépendance à un seul projet, en sécurisant l'accès à d'autres candidats vaccins, et suivre attentivement les progrès scientifiques des travaux. »
Cet engagement donne le droit aux Etats membres d'acheter un certain nombre de doses à un prix donné une fois le vaccin disponible, en contrepartie du risque pris en matière d'investissements.
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