Economie
Le rythme de dépréciation du franc congolais s’est accéléré au cours de cette semaine. Ce vendredi 10 juillet 2020, il se négocie à 2 000 CDF pour 1 USD au marché de change parallèle. Une situation entretenue par le ralentissement de l’économie nationale.
L’impact de la crise sanitaire sur l’économie de la Rd Congo commence à accélérer la dégradation de la situation économique et financière.
Pour lutter contre la propagation de la Covid-19, le Gouvernement avait arrêté une série de mesures de riposte dont l’application a confiné une grande partie de l’économie du pays. La conséquence ne pouvait être autre que le ralentissement d’activités économiques dans un contexte de fragilité et d’absence de résilience.
Cela s’explique notamment par le fait que la balance commerciale de la RDC a affiché, au quatrième mois de l’année, un solde négatif de -20,5 % par rapport à la même période en 2019. D’après les chiffres de la Banque centrale du Congo (BCC), ce solde découle d’un volume de transaction estimé à 440 millions USD contre 554 millions USD l’année précédente.
En effet, soutiennent les experts, une économie dépendante des exportations des ressources naturelles sans valeur ajoutée et des importations de 90 % de ses biens de consommation interne ne peut avoir une monnaie forte et stable.
Autrement dit, sans une économie industrialisée et diversifiée enregistrant une croissance inclusive et durable, la monnaie nationale sera en proie de la dépréciation constante de sa valeur. Ce qui alimente la dollarisation de l’économie avec ses conséquences cannibales sur le franc congolais.
Il s’agit là de la cause réelle de l’instabilité et de la vulnérabilité de la monnaie nationale en Rd Congo pour laquelle il faudra des solutions dans une approche globale et globalisante.
La rétention de devises par les opérateurs économiques à l’effet d’anticipation, la rareté de dollars américains sur le marché de change, la spéculation sur le marché de change… ne sont que causes immédiates, mieux les conséquences d’un mal profond.
La reprise des activités économiques avec le déconfinement et les efforts de stabilisation déployés par la Banque centrale du Congo auront du mal à faire retrouver à la monnaie nationale sa valeur perdue depuis janvier 2020.
« Pour éviter une volatilité excessive du franc congolais et promouvoir sa stabilité dans la durée, convient-il de mettre en œuvre des politiques budgétaire et monétaire coordonnées, de renforcer la discipline budgétaire, de mettre définitivement fin au financement monétaire direct des déficits de trésorerie de l’Etat et d’accélérer les réformes visant le développement des marchés des titres, en particulier, l’approfondissement du marché de la dette publique », préconisait l’économiste Jean-Louis Kayembe dans une publication scientifique sur l’évolution du franc congolais de 1998 à 2020.
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