Beni: 1 483 personnes détenues à la prison de Kangbayi d’une capacité de 250 personnes

L'association africaine de défense des droits de l'homme (ASADHO) Nord-Kivu, déplore le surpeuplement de la prison centrale de Beni-Kangbayi en cette période de Covid19. L'ASADHO alerte les autorités ayant en charge les prisons sur les conditions de détention et la situation déplorable dans lesquelles sont placés les détenus.

Dans son communiqué de presse publié le jeudi 9 juillet 2020, cette association constate « amèrement» que, loin d'être des lieux de rééducation et de correction, les prisons en RDC sont devenues des lieux où les droits humains des détenus sont massivement violés.

 Au delà du surpeuplement vécu dans des lieux de détention et ses conséquences sur le plan sanitaire en cette période de Covid19, constate l’Asadho, les détenus n'ont pas à manger et ne bénéficient pas de soins de santé appropriés. Aucune subvention de l'État n'est permanente aux fins d'assister les prisonniers, sur tous les plans au point que des décès y sont signalés par l'ASADHO.

Dans son monitoring mené le 8 juillet dernier à la prison de Kangbayi, l'ASADHO révèle un tableau sombre et des conditions plus qu’inquiétantes dans lesquelles ses locataires sont placés. La prison de Kangbayi, qui a été construite pour une capacité d'accueil de 250 détenus, en heberge actuellement plus de 1 483 dont 80 femmes.

Ce surpeuplement des détenus est dû à la non organisation des audiences par la cour militaire opérationnelle du Nord-Kivu et à l'irrégularité de la tenue des audiences au tribunal militaire de Beni-Lubero et au tribunal de grande instance ainsi qu'au tribunal de paix de Beni.

L'ASADHO note que, depuis janvier 2020, les détenus de la prison de Kangbayi n'ont pas reçu une subvention de la part de l'État congolais sauf des interventions ponctuelles du CICR, de la Monusco, des membres des familles des autres volontaires comme l'ASADHO grâce auxquelles les détenus ont trouvé à manger aux mois de mai et de juin 2020.

Depuis la suspension des cultes suite à la pandémie de Covid19, les églises, qui apportaient régulièrement leur assistance en vivres, ne le font plus. Ce qui est bizarre,indique l'ASADHO, ce que les militaires et les policiers commis à la garde de cette prison continuent à monnayer les visites, nonobstant l'interdiction formelle des autorités pénitentiaires.

L'ASADHO révèle que si rien n'est fait dans l'urgence, cette situation alarmante que vivent les détenus à la prison de Kangbayi peut amener à des risques de malnutrition pouvant causer mort d'hommes, des soulèvements des détenus mécontents de cette situation ainsi que des casses et des évasions pouvant aboutir à des morts d'hommes.